Publié le 26 Mar 2020 - 19:07
SENTIMENT D’INSÉCURITÉ AU SÉNÉGAL

Les raisons du recul

 

Actuellement, on est loin des cas de meurtre et autres agressions qui avaient défrayé la chronique entre décembre 2019 et janvier 2020. Les chiffres l’attestent. La police a déployé une stratégie de maillage et d’occupation du terrain qui est en train de faire reculer le sentiment d’insécurité noté en début d’année.

 

Au mois de février 2020, la police a mis la main sur 4 111 individus dont 63 de nationalité étrangère, pour diverses infractions. Un chiffre en baisse de 43,91 %, comparé à celui du mois de janvier qui était de 7 329 ; et une baisse de 40 % des cas d’atteinte à l’intégrité physique ayant entraîné mort d’homme. Ainsi, 6 cas de meurtre ont été enregistrés contre 11 au mois de janvier. Ce net retrait du nombre de cas d’infraction et de meurtre est dû à la réponse apportée par la Direction de la sécurité publique (DSP) face au sentiment d’insécurité qui avait commencé à gagner du terrain dans le pays. Du fait, surtout, des réseaux sociaux, sources d’amplification des phénomènes criminels et de la délinquance dans un contexte d’urbanisation galopante.

En effet, c’est connu que la plus grande criminalité a, de plus en plus, pour siège les zones périurbaines et rurales, du fait de l’impact du maillage territorial. Selon nos informations, l’option d’un maillage renforcé, qui est la traduction de la volonté politique des hautes autorités étatiques, explique en grande partie la maîtrise de la délinquance et de la criminalité sous toutes leurs formes, notamment en milieu urbain.

D’ailleurs, poursuivent nos interlocuteurs, l’un des objectifs du plan de développement stratégique de la police nationale est de construire un commissariat de police dans chaque chef-lieu de département du pays.

À ce jour, selon elles, la police existe dans 22 départements. À court terme, 4 autres seront couverts, à savoir : Linguère, Nioro, Bignona et Koungheul.

Il y a aussi le maillage qui se poursuit en banlieue dakaroise, avec un enrichissement, dans les prochains mois, d’une dizaine de commissariats et postes de police sur fonds propres de la police nationale, sans compter le commissariat pilote de Mbao prévu dans le cadre d’un projet financé par ses partenaires, au titre du fonds judiciaire d’urgence décidé lors du sommet de La Valette, en 2015.

Ce processus de maillage territorial, selon nos informations, combiné avec la dynamique de renforcement de la police de proximité, contribuera à rassurer la population et, par conséquent, à réduire le sentiment d’insécurité. Même s’il reste évident que la stratégie sécuritaire ne saurait être efficiente sans une occupation régulière de la voie publique et des espaces criminogènes.

Explications des cas de violence

Pour relever ces défis, les autorités de la police nationale ont instruit les services opérationnels de renforcer les opérations de sécurisation et de mutualiser les moyens, y compris avec la gendarmerie. L’occupation fréquente du terrain a permis de juguler progressivement le sentiment d’insécurité monté d’un cran dans le courant du mois de décembre 2019, du fait notamment de la récurrence des crimes domestiques et passionnels.

Selon nos interlocuteurs, la montée de la violence, pour ne pas dire de l’insécurité, au sein de la population sénégalaise, s’explique par plusieurs facteurs d’ordre sociétal, économique et démographique ainsi que par la recrudescence des incivilités et de la crise de comportement. Face à cette situation, la police nationale a renforcé ses entités de police judiciaire, sa stratégie de lutte contre la dépravation des mœurs et les moyens de lutte contre la délinquance juvénile et la maltraitance des enfants, par le biais notamment du renforcement des capacités avec les partenaires techniques.

À cela s’ajoute le programme de renforcement qui concerne plusieurs thématiques dont l’accueil et l’orientation du public. Cette dernière constitue, en réalité, une demande sociale, soutiennent nos interlocuteurs.

L’ensemble des dispositifs mis en place par la police nationale, à travers la DSP, a concrètement donné des résultats appréciables, si l’on se réfère à la période marquée par la montée du sentiment d’insécurité. En effet, selon nos informations, pour le mois de janvier, 90,91 % des cas d’atteintes graves à l’intégrité physique (meurtres ou assassinats) ont été élucidés, contre 100 % pour celui de février.

Selon toujours nos interlocuteurs, les efforts de lutte contre la délinquance criminelle et la criminalité se poursuivent, malgré les défis qui ont pour noms : le maintien de la synergie d’actions, la modernisation des équipements, la mise en cohérence de la carte sécuritaire, la modernisation des systèmes d’information, entre autres.

Toutefois, poursuivent nos sources, les perspectives sont très rassurantes, en termes de promotion de la formation continue, d’harmonisation de l’architecture juridique et institutionnelle, d’amélioration du ratio par habitant et de renforcement des infrastructures sécuritaires, entre autres.

Enfin, la prise en compte du volet police de proximité et l’appropriation de l’impératif sécuritaire par les populations ainsi que l’amélioration des relations de certains organismes et la police nationale, constituent des atouts non négligeables pour une sécurité réelle, durable, mais également pour combattre le sentiment d’insécurité.

CHEIKH THIAM  

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