Publié le 11 Mar 2016 - 22:44
SERIGNE MOUHAMADOU ABDOULAYE CISSE SUR LE DON D’ORGANES

‘’Seul un adulte et sain d’esprit peut faire don de ses organes’’

 

La journée mondiale du rein a été célébrée hier. Une occasion pour L’imam Ratib de la grande Mosquée Masjidoul Ihsaan de Saint-Louis Serigne Mouhamadou Abdoulaye Cissé de donner la position de la religion musulmane sur la transplantation d’organes.

 

L’insuffisance rénale est une maladie dangereuse. Elle cause beaucoup de dégâts et de morts chez les populations. Les patients sont souvent sous dialyse à vie. C’est pourquoi la loi sur la transplantation rénale a été votée le 27 novembre 2015, afin d’abréger les souffrances des insuffisants rénaux. A l’occasion  de la journée, l'Association des patients hémodialysés de la Clinique ABC HEMODIALYSE a organisé une conférence sur le thème "Religions et don d'organes".

 Serigne Mouhamadou Abdoulaye Cissé, le conférencier, a soutenu que l’Islam admet la transplantation d’organes. Selon lui, dans le cadre du respect de l’éthique musulmane et en se basant sur les principes sanitaires, humanitaires et de solidarité qui convergent avec les principes fondamentaux de l’islam, la religion musulmane permet la transplantation des organes. Ce, dans le seul objectif de soulager un malade musulman ou non musulman souffrant d’une insuffisance, soit-elle  rénale ou autre, en lui faisant don d’un rein sain que possède un tiers. Cela, dit-il,  est permis et méritoire.

Pour lui, l’islam ne se limite pas à la charité (la zakat) exprimée par l’argent, il étend cette notion à toute œuvre charitable. Donc faire don d’un organe rentre dans ce cadre et dépenser son corps pour l’Amour de Dieu est une œuvre noble et charitable. ‘’Seul un individu adulte et sain d’esprit peut faire don de ses organes. Un enfant n’a pas le droit de le faire, car il ne peut déterminer où se trouve son intérêt ’’, a précisé l’islamologue.

L’imam Cissé explique que c’est sur deux versets du Saint Coran que les oulémas du monde entier se sont basés pour apporter un effort d’ijtihad, c'est-à-dire une interprétation des textes coraniques pour trouver une orientation islamique au regard de l’état actuel de la communauté musulmane. D’autant que le problème de la transplantation d’organes ou de don d’organes ne trouve pas des textes clairs sur le Coran. Et qu’il n’a jamais existé durant la période du prophète Mohamed (PSL) ni durant celle de ses compagnons. 

‘’Le prélèvement d’un organe d’un corps humain pour le greffer dans une autre région du même corps (peau, os …) est permis, à condition d’avoir la certitude qu’une telle opération comporte plus d’avantages que d’inconvénients. Il est aussi autorisé de prélever un organe du corps d’une personne et de le greffer dans le corps d’une autre personne si la partie prélevée se renouvelle (se régénère naturellement comme la moelle osseuse ou la peau)’’, explique-t-il. Il appelle cela l’allogreffe. Toutefois, il informe qu’avant de procéder à cette étape, ‘’il faut s’assurer que le donneur dispose de toutes ses capacités mentales, et vérifier la conformité de l’opération eu égard à l’éthique musulmane’’. ‘’Il est autorisé d’utiliser une partie d’un organe amputé du corps d’un patient pour cause médicale, pour un autre patient comme la greffe du rein’’, a-t-il avancé.

‘’L’islam interdit la transplantation d’organe sexuel’’

Le prélèvement d’un organe d’un mort pour le greffer dans le corps d’une personne vivante si sa survie dépend de cette opération, ou quand celle-ci est nécessaire pour assurer une fonction essentielle de son organisme, est aussi admis par l’Islam.  Mais, a précisé Serigne Mouhamadou Abdallah Cissé,  pour cette opération, il faut avoir le consentement du défunt, de ses héritiers légitimes après sa mort ou l’accord de l’autorité musulmane, si le défunt est inconnu ou sans héritier.

Mais cette situation n’est pas encore arrivée au Sénégal’’, a-t-il souligné. Avant de révéler que l’Islam interdit la transplantation d’organe sexuel.  Aussi, le fait de transférer un organe vital comme le cœur d’une personne vivante au profit d’une personne n’est pas autorisé par la religion musulmane, aux dires du conférencier. Il en est de même pour le prélèvement d’un organe d’une personne vivante, ‘’si celui-ci peut perturber une fonction essentielle sur sa survie’’, a-t-il soutenu.

Halte à la profanation des tombes

 En outre, l’imam Ratib de la grande Mosquée Masjidoul Ihsaan de Saint-Louis n’a pas manqué de dénoncer la profanation des tombes qui est devenue récurrente dans le pays. ‘’Cette pratique de déterrer des morts est bannie par la religion, quel que soit le besoin. Le commerce et le trafic d’organe d’origine humaine sont bannis par la religion musulmane. Même à caractère publicitaire, l’Islam interdit de telles pratiques.

VIVIANE DIATTA

Section: