Publié le 16 Jan 2020 - 16:34
SOINS DE SANTE AU SENEGAL

Médecins à l’épreuve de l’éthique

 

Dans l’optique de favoriser une meilleure prise en charge de la santé des populations, la Coalition pour la santé et l’action sociale a organisé, hier, une conférence sur l’éthique et la relation de soin, animée par le Pr. Abdoul Kane.

 

L’éthique et la relation de soin étaient, hier, au cœur de la conférence organisée par la Cosas (Coalition pour la santé et l’action sociale). Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette notion d’éthique est un des parents pauvres du système sanitaire sénégalais. Or, si l’on en croit le conférencier, Pr. Abdoul Kane, elle devait être au centre de toutes les préoccupations. A l’intention de ses collègues et de tous les personnels soignants, il déclare : ‘’On ne peut pas être un bon soignant, si on ne respecte pas la personne humaine. Et nous avons suggéré qu’on puisse inscrire dans les curricula de formation la dimension éthique, les valeurs d’humanisme. Souvent, nous apprenons la technique : c’est-à-dire comment faire une injection, comment faire une opération, comment analyser tel médicament… Mais, nous oublions qu’il y a quelque chose de fondamental : c’est l’humanité du soignant.’’

Mais qu’est-ce donc l’éthique ? A en croire le professeur, c’est tout ce que le soignant doit mettre en œuvre pour que le patient puisse retrouver sa dignité, sa santé, son autonomie. ‘’Elle est donc un élément important du projet de soin. L’éthique comporte des éléments essentiels comme la justice, l’équité, la bienfaisance, le fait de ne pas nuire au patient…’’.

Pour la coalition dirigée par le Pr. Kane, il s’est ainsi agi, lors de cette conférence, de rappeler ces notions qui doivent guider l’action de tout professionnel de la santé. Celui-ci, développe le professeur, doit être à la disposition du patient, de sa famille, de son entourage. Le respect de la personne humaine est fondamental, a-t-il précisé.

Dans des pays comme le Sénégal, constate M. Kane, non seulement la dimension éthique est souvent reléguée à l’arrière-plan, mais elle est surtout ignorée de bien des pratiquants. Les spécialistes, selon lui, ont essayé d’apporter quelques pistes de solution. Lesquelles ont trait notamment à l’éducation dans la société, dans les écoles, dans la famille, mais également dans les écoles de formation des personnels soignants.

‘’Il faut rappeler, souligne le professeur, que soigner, c’est aussi un art, une bonté. Nous devons apprendre ce qu’est l’éthique à toutes les étapes du cycle de la formation, et même après leur insertion. Il faudrait également créer des espaces d’échange avec les différents acteurs de la société : anthropologues, religieux…’’.

‘’Ce n’est pas normal de continuer à fonctionner avec un Code de la santé…’’

Au cours des échanges, certains intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de mettre le médecin dans des conditions de performance. De l’avis de Dr Ba, en effet, le médecin, seul, ne saurait réussir à relever le niveau de prise en charge. ‘’Sans infrastructures, sans équipements, sans médicaments, on ne peut pas faire grand-chose. Le problème est donc global. Il est important de parler de l’éthique, mais il faut aussi régler les autres aspects auxquels est confronté le système sanitaire’’.

Selon lui, le système gagnerait à être plus codifié. ‘’Il faut, dit-il, que les politiques s’investissent. Il ne s’agit pas seulement de réfléchir, il faut passer à l’acte, en mettant, d’une part, les moyens, d’autre part, en mettant en place l’arsenal juridique qu’il faut. Ce n’est pas normal de continuer à fonctionner avec un Code de la santé qui date de plusieurs décennies’’.

Cependant, à en croire la plupart des participants, c’est très facile de se réfugier derrière le manque de moyens pour justifier certains manquements. Ils interpellent ainsi la conscience de toutes les parties prenantes du système sanitaire.

Mor Amar

 

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