Publié le 15 Jan 2015 - 15:18
SOUVENIRS DE CAN… MAMADOU MARYAN DIALLO RACONTE ALGERIE 1990

‘’On peut nourrir quelques regrets’’

 

A la retraite depuis 2005, l’ancien défenseur central Mamadou Maryan Diallo décortique la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 1990 qui a vu la première qualification du Sénégal en demi-finale. Après avoir raccroché les crampons en 2005, l’ancien pensionnaire du Port et de la SEIB, qui a porté les couleurs nationales de 1986 à 1994, estime que l’équipe avait rempli son contrat même s’il eût aimé qu’elle disposât de toutes les armes lors de ce tournoi. Avec le recul, ce quadragénaire né à Saint-Louis ne peut s’empêcher de penser que l’obstacle ‘’Fennecs’’ était surmontable.

 

‘’Mon but a permis de mettre l’équipe sur les rails en vue d’une première qualification’’

Mon plus beau souvenir de cette CAN algérienne reste sans nul doute le but que j’ai marqué contre le Cameroun, lors du deuxième match de poule. En fin de première mi-temps, sur une contre-attaque rondement menée par nos attaquants, je viens conclure un centre en retrait de Souleymane Sané d’une demi-volée à ras de terre, pour tromper le portier camerounais.

Et en deuxième période, Moussa Ndao venait briser les espoirs des Lions indomptables, champions d’Afrique en titre, en inscrivant le deuxième but (2-0). Ce match, on l’avait pris par le bon bout parce qu’on avait à cœur de nous racheter, après notre match moyen contre le Kenya (0-0) à l’ouverture du tournoi.  Surtout que le dernier match contre la Zambie (0-0) validait notre ticket pour les demi-finales, derrière les Chipolopolos. En tant qu’arrière central, c’est une grande fierté d’avoir permis à l’équipe de décrocher la première qualification du Sénégal en demi-finale en Coupe d’Afrique.

‘’On visait les demi-finales’’

Nos ambitions avant le début du tournoi étaient d’atteindre les demi-finales.  Même si avec de grosses individualités comme Mamadou Teuw, Roger Mendy, Jules François Bocandé, Oumar Guèye Sène, Pape Fall, on ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y avait la possibilité d’atteindre la finale, et pourquoi pas remporter cette CAN. Surtout que l’équipe comptait dans ses rangs beaucoup de joueurs locaux. Ce qui a grandement facilité notre cohésion sur et en dehors du terrain.  Même si, avec le recul, on peut nourrir quelques regrets de ne pas atteindre la finale parce qu’il y avait des moyens de franchir l’obstacle algérien.

 ‘’Nous étions un peu intimidés par cette ambiance. Par moments, j’avais même les jambes qui  tremblaient’’

La pression populaire était extraordinaire. Les chants et les cris des supporteurs des Fennecs faisaient vibrer le stade lors de cette demi-finale. J’avoue qu’au début, lorsque nous entrions sur le terrain pour affronter l’Algérie, nous étions un peu intimidés par cette ambiance. Par moments, j’avais même les jambes qui  tremblaient.  Mais dès le coup d’envoi, le trac disparaissait et on se concentrait sur le jeu. Malheureusement, on a encaissé le premier but dès l’entame. Adama Cissé réussit à égaliser avant la fin de la première période. Toutefois, avant la reprise, Jules François Bocandé est obligé de sortir sur blessure. Cette sortie  était alors très dommageable pour nous dans la mesure où il était l’un des atouts majeurs de l’équipe. Sa blessure a un peu sapé le moral de l’équipe qui, néanmoins, a réussi à tenir jusqu’au deuxième but algérien à la 62e minute de jeu. Un but qui assurait une place en finale pour l’Algérie, le pays organisateur.

 ‘’Mon seul regret…’’

Cette élimination n’a pas suscité de remous dans la Tanière, car on avait le sentiment d’avoir tout donné et le destin en avait décidé autrement. Loin d’être abattus, nous voulions décrocher cette troisième place face à nos adversaires du premier tour, la Zambie.  Toutefois, malgré tous nos efforts, nous dûmes nous incliner (1-0) en fin de partie. En outre, mon seul regret est que la sélection nationale n’ait pas disposé de toutes ses forces lors de ses matches. Ainsi, les absences de Thierno Youm qui n’avait pas été libéré par le FC Nantes et de Souleymane Sané qui était retourné en Allemagne pour rejouer avec son club et n’est pas rentré à temps pour prendre part à la demi-finale, en plus de la perte de Jules François Bocandé sur blessure, nous ont porté un terrible coup lors de cette campagne.

‘’On n’a pas enregistré de problèmes d’intendance et de primes’’

Pour en revenir à la préparation, elle s’est faite dans de très bonnes conditions à Nice, au sud de la France. Pour nous, les locaux, ce stage de deux mois a été l’occasion de travailler de manière intensive nos automatismes. L’ambiance au sein du groupe était exceptionnelle. Tout le monde était heureux et il régnait une très bonne entente au sein de l’équipe et du staff dirigé par Claude Le Roy. On n’a pas enregistré de problèmes d’intendance et de primes qui, souvent, viennent parasiter les préparatifs des équipes nationales africaines. Apparemment, tout avait été réglé à l’avance par les dirigeants.

‘’On est passés par les barrages’’

Pour se qualifier à cette 17e Coupe d’Afrique, on a éliminé en match de barrage les Aigles de Carthage. Après une victoire probante à Dakar (3-0), on est allés s’imposer au match retour à Tunis (0-1), validant ainsi notre retour en Coupe d’Afrique, après  avoir manqué l’édition précédente, au Maroc, en 1988.

‘’J’étais en apprentissage du haut niveau’’

Je pense avoir fait une bonne CAN. Les entraîneurs Claude Le Roy, Boubacar Sarr ‘’Locotte’’ étaient contents de moi. Ils m’ont demandé de persévérer dans le travail. Pour une première CAN, j’étais en apprentissage du haut niveau. Et ce fut une expérience palpitante, car j’ai eu à partager la défense avec une de mes idoles de jeunesse qui était Roger Mendy. Un des meilleurs défenseurs de l’équipe nationale, que j’allais superviser avec mon entraîneur pour m’imprégner du rôle d’un  arrière central.’’

Mamadou Makhfouse Ngom

 

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