Publié le 29 Jan 2016 - 03:00
TRAFIC DE DROGUE

Une mule et un dealer écopent de 12 ans et 10 ans de travaux forcés 

 

La Chambre criminelle du Tribunal d’instance de Dakar a condamné hier à des peines allant d’un mois d’emprisonnement ferme à 12 ans de travaux forcés trois accusés inculpés pour trafic et détention de drogue. Un quatrième a été acquitté.

 

12 ans pour la mule ‘’malade’’ avec ses 60 boulettes de cocaïne avalées

Hier, trois affaires de trafic de drogue étaient inscrites au rôle de la première session 2016 de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande instance de Dakar. La deuxième affaire était à la fois pathétique et surprenante. La témérité ou l’insouciance de l’accusé Arona Baldé a surpris plus d’eux. Ressortissant bissau guinéen vivant en Espagne, il dit souffrir de diabète et a subi deux transplantations rénales. Pire, le manœuvre de 36 ans prend quotidiennement 14 comprimés, en plus de deux injections, car il est insulino-dépendant. Pourtant malgré son état de santé ‘’précaire’’, il a accepté d’être mule et d’avaler 60 boulettes de cocaïne d’un poids de 600 grammes. C’était le 11 août 2010 et il devait convoyer la drogue en Espagne.

Mais arrivé à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, après avoir quitté Bissau, son corps n’a pas supporté ces produits étrangers. Il était très mal en point. Il a fini par intriguer les agents de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS). Soumis à un test urinaire, les policiers ont trouvé des traces de drogue et ont conduit le passager à l’hôpital Principal où il a expulsé les boulettes. Si à l’enquête Harona a soutenu qu’il savait que c’était de la drogue, hier à la barre, il a déclaré qu’il ignorait la nature du produit qu’il transportait dans son ventre.

Il a expliqué qu’il devait retourner en Espagne et qu’il ne lui restait que six jours pour renouveler son titre de séjour, alors qu’il n’avait pas payé son billet. ‘’Un ami m’a mis en rapport avec un Toubab du nom de José qui m’a proposé de m’acheter le billet à la condition que je lui transporte un colis’’, s’est-il justifié. Pour se dédouaner, il a laissé entendre qu’il devait se retourner en Espagne où il gagnait 1800 euros et pouvait au moins bénéficier de soins. C’est pourquoi, dans sa plaidoirie, son avocat a demandé à la Chambre de tenir compte de l’état de santé de son client qui était en détresse. Mais la représentante du parquet a émis des réserves sur la santé de l’accusé, du fait qu’aucune pièce n’a été versée dans le dossier. Pour la répression, elle a requis 10 ans de travaux forcés.

Après délibéré, Arona Baldé a écopé de 12 ans de travaux forcés pour trafic international de drogue. 

10 ans pour un dealer de Colobane

Soit deux ans de plus que le dealer de Colobane, Serigne Thiaw, jugé en premier, en compagnie d’un nommé Saër Seck reconnu finalement coupable de détention et usage de drogue. Ce dernier a été arrêté le 18 juillet 2010, sous le Pont de Colobane, alors qu’il venait d’acheter deux cornets de chanvre indien auprès de Serigne Thiaw qui se dit marchand ambulant à Keur Serigne Bi. ‘’Dès que je lui ai remis les 1000 F CFA, les policiers sont arrivés’’, a déclaré hier à la barre le jeune tôlier, Saër Seck. Mais, son dealer a soutenu qu’il ne lui a jamais vendu de la drogue, car il n’en use pas et ne fume même pas de cigarette. Alors quid des 9 blocs de chanvre indien d’un poids de 1,750 kg chacun et des 612 cornets trouvés dans sa chambre et qu’il imputait à l’instruction à un certain Cheikh Ada Ndiaye ? Serigne Thiaw a répliqué qu’il n’en sait rien, puisque la chambre n’est pas la sienne et qu’il ne connaît pas Cheikh Ada.

Pourtant à l’instruction, il avait indiqué que ce dernier habitait sous le Pont avec un de ses frères. Serigne a également laissé entendre que Saër l’accuse à tort, car lors de son arrestation, il lui avait demandé de l’aider à retrouver le fameux Cheikh Ada Ndiaye. C’est pourquoi son avocat a estimé que les accusations d’un co-accusé ne sont pas suffisantes pour condamner son client contre qui le parquet avait requis 10 ans de travaux forcés. Quant à Me Moustapha Mbaye, il a jugé ‘’excessive’’ la peine d’un an requise contre Saër. Il a été suivi. Son client a finalement écopé d’un an et est définitivement libre, puisqu’il était en liberté provisoire.

FATOU SY