Publié le 8 Jul 2015 - 17:03
UNE CULTURE ENTERREE DANS L’AIBD

Le monde des dieux s’effondre 

 

C’est une histoire vieille de 800 ans qui va bientôt être enterrée dans les terres de l’AIBD. Une histoire faite de croyances ancestrales et mystiques, malgré le fait que la religion musulmane soit dominante. Le génie protecteur du village se trouve entre Kaporak et les 5 concessions de Khessoukhate. Tout autour du sohipadia (l’arbre abritant le génie du village) se trouvent plusieurs baobabs et des tombes modernes et ancestrales. Les deux arbres morts autour du sohipadia ne servent jamais de bois de chauffe.  Personne ne touche à ce bois, sinon il est puni par les djinns. Lorsqu’un péril menace le village, quelques vieux communiquent avec le génie qui leur donne des instructions et des recommandations. Avec l’implantation de l’aéroport, les habitants de Mbadate sont partis avec leur pierre mystique. Mais le génie refuse de se déplacer. Ainsi, pour faire certains bains mystiques, les populations attendent la tombée de la nuit pour retourner au village.

Dans la localité, 10 cimetières vont être engloutis : 2 à Mbadate, 6 à khessoukhate et 2 à Katialicke. Toujours à Mbadate, la profanation de certaines tombes a été un sacrilège qui a failli entraîner une révolte. Des bulldozers avaient déterré des ossements. A la suite, de cet incident, un protocole d’accord avait été signé à Saly. Les autorités de l’AIBD  avaient promis de clôturer les cimetières restants. «Ils se sont attaqués à nos symboles, en faisant tomber l’arbre mythique de Mbadate, puis ils ont déterré nos morts», se désole Ibrahima Diouf. De ce fait, des représailles mystiques sont à craindre. Le comité des sages discute avec le sohipadia. Ils promettent une réaction. «D’ici 7 ans, le Sénégal verra si nous avons une croyance ancestrale ou non », menacent-ils.

LES POINTS DU CONCLAVE

Les dessous d’un accord

«Les grandes guerres se terminent autour d’une table». Le 9 mai dernier, après 13 années de conflits, les populations riveraines de l’aéroport international Blaise Diagne et les autorités ont conclu un accord. Grâce à l’Assemblée nationale et la société civile, facilitateurs dans les négociations, le collectif des habitants de Khessoukhate et les autorités de l’AIBD ont signé un accord portant sur 8 points. Au sortir de la rencontre, le gouverneur de Thiès Amadou Sy pouvait laisser entendre sa satisfaction. «Nous sommes très heureux avec la générosité par laquelle nous sommes parvenus à un accord», se  réjouissait-il. Ces 8 points concernent : les impenses des pertes des récoltes ; les 300 ha d’exploitation agricole ; le recensement des ayants droit des villas ; giratoire de Khessoukhate ; terres restantes des RAP ; mesures d’accompagnement ; servitudes aéroportuaires et le déplacement des concessions de Katialicke se situant dans les emprises de l’AIBD.

Au sortir du conclave, les parties ont convenu que l’impense de la production agricole par hectare passe de 443 000 F CFA à 750 000 F CFA par année, pour une durée de 10 ans. Un nouveau recensement dirigé par le chef de village et le comité des populations riveraines l’AIBD est fait. Les clefs des villas vont être remises aux ayants-droit, qu’ils veuillent habiter dans le site ou non. Ceux qui ont eu des villas illégalement vont être expulsés. 250 000 F CFA vont être remis aux familles restantes pour les frais de dégagement. 50 ha vont être défrichés dans la forêt classée de Thiès pour un coût estimé à 25 millions. Il est pris en charge par l’AIBD pour permettre aux populations de continuer leur agriculture. Les cimetières qui se trouvent dans l’AIBD vont être clôturés. Les terres restantes estimées à plus de 380 ha vont exclusivement être laissées aux populations qui vont faire le partage.  

 

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