Publié le 19 Jun 2020 - 21:08
PROCES EN CORRUPTION A L’IAAF - PLODOIRIE DE LA DEFENSE

Lamine Diack, victime expiatoire

 

Les audiences, dans l’affaire de la corruption sur fond de dopage d’athlètes russes, ont pris fin hier. Les avocats de la défense ont tenté de déconstruire les accusations de corruption active et passive, blanchiment en bande organisée et abus de confiance qui pèsent sur l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) Lamine Diack. Le procès est mis en délibéré le mercredi 16 septembre 2020 au tribunal de grande instance de Paris.

 

Attaque et contre-attaque. Après la plaidoirie de la partie civile et du procureur, avant-hier, c’était au tour de la défense de répliquer, hier. Les avocats de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) se sont attelés à déconstruire les accusations du parquet qui, à leur yeux, ‘’a voulu installer un univers de corruption’’.

C’est d’abord Me Jean Simon Ndiaye qui s’est lancé sur cette voie. Selon la robe noire, “Lamine Diack n’a jamais remis de l’argent ou demandé de l’argent à qui que ce soit, d’une manière illégale ou illicite”, écrit Challengesports.info. Maitre Ndiaye, rapporte le site, est allé plus loin en accusant le tribunal et l’actuel président de l’IAAF, Sébastian Coe, ‘’de prendre son client pour un bouc émissaire pour purifier ou nettoyer l’IAAF’’. Il a aussi demandé au tribunal de déterminer la part de responsabilité de M. Coe dans cette affaire, puisqu’il était vice-président de l’instance dirigeante de l’athlétisme, au moment des faits.

A propos de l’abus de confiance dont se serait rendu coupable son client sur les contrats de sponsoring, l’avocat de la défense a balayé d’un revers de main cette allégation. Pour lui, aucune preuve n’est établie qu’il y a eu abus sur l’IAAF.

C’est sur la même ligne de défense que s’est inscrit son collègue, Me William Bourdon. Ce dernier s’en prend à la présidente de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Rose Marie Hunault, à qui il demande de corriger ‘’sa dérive judiciaire’’. ‘’J’ai l’intime conviction que l’homme qui est derrière moi n’est pas un obsédé d’argent. Il a été le premier grand dirigeant africain d’une grande fédération sportive’’, a déclaré Me Bourdon.

Toutefois, la défense reconnait une faute de son client. C’est celle d’avoir engagé au sein de l’IAAF son propre fils, Papa Massata Diack. ‘’Monsieur Diack a commis l’indélicatesse d’employer un membre de sa famille à l’IAAF’’, a admis Me Jean Simon Ndiaye.

Pour sauver leur client des griffes du parquet, les avocats de Lamine Diack ont joué la carte de la fragilité de sa santé et de son âge avancé. “Madame la Juge, s’écrit Me Ndiaye, monsieur Lamine Diack a 86 ans et a des problèmes de santé. Malgré ses nombreuses pathologies, sa famille sportive l’a abandonné. Et le tribunal a fait fi de tous ces aspects. C’est un personnage attachant, franc, direct et a une liberté de ton qui force le respect’’.

Maitre Bourdon a abondé dans le même sens. Il a rappelé à la juge que son client est atteint de ‘’pathologies lourdes’’. ‘’Il a un cancer et un diabète de type 2. Si vous le condamnez, il mourra. Cet homme est à la fin de sa vie et il mérite de mourir dans les bras de ses petits-fils’’, a plaidé la robe noire.

‘’Mon client est riche… pas grâce à son père’’

Absent du procès, Papa Massata Diack est défendu par Me Antoine Beauquier. Ce dernier s’est employé à démontrer que son client ne s’est pas enrichi grâce à son père, contrairement aux allégations du parquet. ‘’Mon client est riche, extrêmement riche. Mais pas grâce à son père. Et Monaco ne peut pas accepter”, fustige Me Beauquier. De ce fait, dit-il, le présenter comme un complice de son père, ‘’c’est lui manquer de respect.” “C’est un spécialiste du droit du sport et du marketing’’. Papa Massata, insiste son avocat, est un entrepreneur, à la tête notamment d’une “entreprise florissante en Afrique du Sud”. D’ailleurs, Me Antoine Beauquier a transmis à la présidente de la 32e Chambre du tribunal de grande instance de Paris le message de son client. “Il m’a dit d’annoncer à la juge qu’il ne s’est jamais occupé du dopage. Il s’en est mêlé parce que tout simplement un jour, le dossier du dopage s’est télescopé avec ses compétences de marketing. C’est pour cela qu’il a eu à gérer quelques dossiers sur le dopage”.

Dans sa réquisition, mercredi dernier, le parquet national financier a requis 4 ans d’emprisonnement et une amende maximale de 500 000 euros (327,7 millions de francs CFA) pour corruption active et passive, blanchiment en bande organisée et abus de confiance. Il a été plus sévère envers son fils, Papa Massata Diack, contre qui il a demandé un emprisonnement de 5 ans et une amende de 500 000 euros.

Le procès est mis en délibéré le mercredi 16 septembre 2020 au tribunal de grande instance de Paris.

LOUIS GEORGES DIATTA

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