Publié le 4 Feb 2016 - 04:11
CONDAMNE A 20 ANS DE TRAVAUX FORCES

Le marchand ambulant avait poignardé son ami pour une plaisanterie

 

Un marchand ambulant a été condamné, lundi, à 20 ans de travaux forcés pour le meurtre de son ami. Il l’a tué, à la suite d’une mauvaise plaisanterie.

 

Une plaisanterie de mauvais goût a coûté la vie à Ismaël Diallo. Et pourtant, dans l’histoire, c’est lui la double victime. Son meurtrier a été jugé lundi devant la Chambre criminelle du Tribunal d’instance de Dakar. Le 27 octobre 2009, il prenait son petit-déjeuner en compagnie de son ami Khadim Diokhané dans une gargote de Sandaga. Tout à coup, son ami marchand ambulant lui a lancé : ‘’As-tu des nouvelles de ta petite-amie, maintenant qu’elle t’a quitté pour moi ?’’. A ces mots, la moutarde est montée au nez d’Ismaël Diallo. Le marchand ambulant est entré dans une colère noire et a commencé à se quereller avec Khadim Diokhané.

Séparés par la foule, les deux protagonistes sont allés chacun de son côté. Mais il résulte de la procédure que Diokhané est plutôt parti acheter un couteau en acier de 18 cm de long. Le lendemain, il a surpris Ismaël Diallo près du restaurant La Gondole de l’avenue Ponty pour lui planter un coup de couteau à l’omoplate gauche. Les autres marchands, les clients et les passants n’ayant rien vu, ils ont été surpris d’entendre la victime crier : ‘’il m’a poignardé’’. Saignant abondamment, la victime est tombée dans les bras de Lamine Diawara, avant de s’écrouler. Profitant de la cohue, Khadim a voulu prendre ses jambes à son coup. Mais il a été stoppé net par Lamine Diawara qui l’a frappé avec un tabouret.

 ‘’Il a choisi délibérément la prison’’

A la barre, l’accusé a soutenu qu’il n’avait nullement l’intention de tuer son ami. Selon ses déclarations, la victime avait proféré des menaces à son encontre, la veille et le jour du drame. ‘’Quand il m’a menacé, j’ai fui en direction du commissariat pour me plaindre. Le policier m’a chassé, en me balançant : « Otez-vous de là ! Vous êtes pareils. » En effet, l’accusé et la victime sont connus des fichiers de la police. Ils ont été condamnés, dans le passé, à trois ans pour vol avec violence. Concernant les faits d’assassinat, Diokhané a déclaré qu’il n’en avait pas l’intention. ‘’J’ai brandi le couteau pour l’intimider’’, s’est-il défendu. ‘’Mais comment vous avez pu lui planter un tel couteau ? Imaginez, si on vous l’avez fait !’’ lui a demandé le président Magatte Diop avec le gestuel. ‘’Dieu sait que c’était pour l’intimider, car il était plus costaud que moi. En plus, je n’ai pas acheté le couteau, la veille. Je m’en servais depuis longtemps pour enlever les vices des montres que je vendais’’, a rétorqué le bout d’homme au casier judiciaire rempli, depuis sa minorité.

Mais l’un des assesseurs du président, le juge Samba Sèye, est revenu à la charge, en lui faisant savoir que le couteau était bel et bien neuf. Que ce n’est pas avec un tel couteau qu’on ouvre les montres. Malgré ces remarques, Khadim Diokhané est resté dans sa logique, en laissant entendre que la victime est venue vers lui et le couteau l’a atteint. Pour le représentant du parquet, la ‘’nature de l’arme et la partie visée montrent que l’accusé avait l’intention de tuer’’. ‘’Il a choisi délibérément la prison. Donc, il faut l’aider dans ce sens, car ce sera œuvre de salubrité’’, a ajouté le substitut Biram Sène, avant de requérir les travaux forcés à perpétuité. Mais la défense a plaidé une disqualification des faits, en coup mortel.

Après délibéré, Khadim Diokhané a été condamné à 20 ans de travaux forcés. Une peine clémente par rapport à la sanction qu’il allait écoper, s’il était jugé selon la charia (loi islamique). Car, dès l’entame de son procès, l’accusé a reconnu : ‘’Dieu a dit que celui qui tue une personne, doit être tué.’’

FATOU SY

 

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