Publié le 8 Aug 2015 - 23:19
DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE

A Touba Toul, la voie est déjà balisée

 

La ferme agricole de Touba Toul emploie  plus de 50 ménages répartis dans 8 villages environnants. Cet espace agricole mis en place grâce au Programme d’appui au programme national d’investissement agricole (PAPSEN) permet à ces agriculteurs d’avoir un chiffre d’affaires compris entre 750 000 et 1,5 million de F Cfa par an et par producteur. Une manière de contribuer à lutter contre la pauvreté dans cette zone.

 

Toubal Toul, une commune située dans la région de Thiès. Ici, se trouve la ferme agricole pilote réalisée dans le cadre du Programme d’appui au programme national d’investissement agricole (PAPSEN). Avant-hier jeudi, vers 16h45, une délégation de l’ambassade d’Israël, avec à sa tête le nouvel ambassadeur Paul Hirschon, arrive pour une visite du site. Le champ se trouve à l’extrémité du village et s’étend sur 5 ha. L’espace est très bien aménagé avec un mur de clôture. Une seule porte qui s’ouvre et se referme derrière la délégation. Dans la ferme, la spéculation en cours est le gombo. Les fermiers sont à leur deuxième campagne agricole, explique le conseiller agricole de l’ambassade d’Israël. D’après Aliou Diouf, la ferme de Touba Toul est une ferme pilote pour un objectif de 12 fermes dans cette même zone. 50 ménages partagent l’espace, en raison de 675 à 1000 m² par ménage.

Cependant, explique toujours notre guide, ce n’est pas seulement les habitants de Touba Toul qui bénéficient du projet. Il est réparti entre 8 villages. En cette période de la journée, les producteurs sont déjà rentrés. Le champ est fermé. A l’intérieur, on y voit quelques unités installées, avec de petits tuyaux qui permettent de transporter l’eau et d’assurer l’irrigation. C’est ce qui permet d’arroser du champ. L’eau tombe par goutte et va directement vers les tiges. C’est le goutte-à-goutte. Grâce à cette technique, le champ est bien arrosé avec une quantité d’eau moindre. A perte de vue, on aperçoit du gombo qui s’apprête à fleurir. D’ici peu, les producteurs de Touba Toul vont procéder à leur deuxième campagne.

La première a été déjà faite il y a quelques mois, renchérit Aliou Diouf. Chaque année, ils réalisent 3 campagnes. Ce qui leur permet d’avoir des revenus supplémentaires et participer à leur manière à l’atteinte des objectifs de 10 000 tonnes de fruits et légumes que l’Etat s’est fixés, d’ici à 2017. Après cette deuxième campagne, les fermiers iront vers la troisième et la dernière de l’année. Pour la prochaine, la spéculation sera le piment et la tomate, informe le technicien de l’ambassade d’Israël. Le compte d’exploitation de la ferme est satisfaisant, ajoute Aliou Diouf.  Pour chaque exploitation, les agriculteurs gagnent entre 200 000 F et 400 000 F par personne. Durant l’année, c’est entre 750 000 F et 1,5 million. Un chiffre d’affaires énorme pour ces producteurs de Touba Toul. Le rendement agricole de la ferme est aussi satisfaisant, car il avoisine, selon lui, les 52 tonnes à l’hectare.

71 fermes dans 3 régions

Comme Touba Toul, d’autres zones du pays vont bénéficier de ce type de projet. Le concept sera vulgarisé dans les régions de Fatick, Diourbel et Thiès, grâce à une coopération trilatérale entre l’Etat du Sénégal, l’ambassade d’Israël et l’agence de coopération italienne. En tout, le PAPSEN vise à réaliser, dans ces 3 régions, 71 fermes agricoles.  Le financement de ces projets, environ 6 milliards de F Cfa, est assuré par l’ambassade d’Italie. L’ambassade d’Israël quant à elle assure le suivi et les experts pour accompagner les producteurs locaux. En somme, elle a financé, en 3 ans, entre 1,5 million et 2 millions de dollars, environ plus de 1 milliard de F Cfa.

Par ailleurs, pour réussir le pari de la mise sur pied des 71 fermes, les trois parties veulent d’abord mettre l’accent sur la formation des agriculteurs. Avant de se rendre à la ferme agricole de Touba Toul, la délégation de l’ambassade d’Israël est passée par le Centre national de recherches agricole (CNRA) de Bambey pour procéder à la remise d’attestations de formation à des producteurs. Ces derniers, au nombre de 23, ont bénéficié d’une formation en irrigation, fertilisation et maintenance du matériel goutte-à-goutte. Cette formation, selon le coordonnateur du PAPSEN Ameth Fall, est la première d’une série qui va se poursuivre jusqu’en décembre prochain.

L’objectif du Programme d’appui au programme national d’investissement agricole est de former 900 paysans. Déjà, une cinquantaine a été formée, rappelle Aliou Diouf. ‘’On va continuer les séries de formation dans différents aspects de l’horticulture, à savoir le management, la fertilisation, l’organisation, les techniques culturales, le marketing, la commercialisation. Le paysan qui se lève chaque matin doit savoir qu’il a une petite entreprise à gérer’’, dit-il.

GAD EL HARRAR

Un technicien venu du Maroc

L’homme a l’air modeste. A première vue, on pense qu’on a en face un petit exploitant agricole. Tellement son accoutrement est simple. Il est vêtu d’un t-shirt, pantalon jean délavé avec des bottes en couleur grise bien lacées. Pourtant, il a fait le tour du monde. Du moins, il a parcouru 70 pays à travers le monde et a fait tous les 5 continents. L’homme, c’est Gad El Harrar. C’est lui qui a été chargé d’assurer la formation des producteurs en irrigation, fertilisation et maintenance du matériel goutte-à-goutte qui s’est déroulé à Bambey. Né au Maroc, M. El Harrar a été cultivateur pendant 20 ans, avant que le destin ne le mène vers d’autres horizons.

Ainsi, il a fréquenté l’université pour bénéficier d’une formation académique. Une formation qui lui a ouvert les portes de la recherche. Lui qui se définit toujours comme un agriculteur au sens strict du terme. Pourtant, l’homme qui a parcouru l’Afrique, le monde, a fait son expérience dans une grande société d’engrais. Grâce à son expertise dans le domaine, il a aujourd’hui réalisé une dizaine de logiciels sur l’irrigation et la fertilisation en matière de plantes et en économie agricole. L’irrigation, c’est son domaine. Et hier, lors de la remise des attestions aux bénéficiaires de la formation, c’est lui-même qui a remporté le prix de l’applaudimètre. Alors qu’il était appelé par le Préfet de Bambey pour remettre 3 attestions, tous les récipiendaires l’ont applaudi pendant plusieurs secondes. Tout heureux, il a fini par montrer sa joie par un large sourire.

Quand il parle du système d’irrigation, on sent que Gad El Harrar est dans son domaine. Selon lui, l’irrigation se fait partout : au Chili, en Indonésie, aux Philippines, dans les régions désertiques. Parmi les méthodes d’irrigation qui sont pratiquées, ses préférences sont surtout le système de goutte-à-goutte, les méthodes d’association. Au Centre national de recherches agricole de Bambey, il a initié les producteurs au système. ‘’On a mis l’accent sur le goutte-à-goutte avec les différentes technologies, les différents modèles et espacements, les besoins nutritifs des plantes, les systèmes d’irrigation par lesquels on dissout les engrais, comment on fait cela d’une façon pratique’’, dit-il.

Aujourd’hui, Gad El Harrar est consultant dans différentes sociétés d’irrigation. Ayant fait le tour du monde pour partager son expérience, il apprécie, à bien des égards, ‘’ce qui se fait au Sénégal’’ en matière d’irrigation.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

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