Publié le 7 Jul 2013 - 06:28
EL HADJI KANE DIALLO NIANG, ARTISTE-MUSICIEN

«Quand mon père m'a demandé de chanter au téléphone pour Baaba Maal»

 

Fils aîné de Mbassou Niang, le défunt manager de Baaba Maal, El Hadji Kane Diallo Niang a été bercé depuis son enfance par la musique. A vingt-trois ans, il est dans le sillage paternel avec Welma, son groupe.

Comment êtes-vous venu à la musique ?

Je dirais que j'ai eu la chance d'être né et d'avoir grandi dans une famille qui doit tout à la musique. Mon père, Mbassou Niang, était un musicien d'abord avant de manager un artiste de dimension internationale comme Baaba Maal. La musique est à la fois une passion et un métier pour moi. Parce qu'elle rythme ma vie au quotidien.

Qui de Baaba Maal ou de votre père vous a le plus inspiré dans la musique ?

Tous les deux m'ont inspiré. Tout petit déjà, j'avais l'habitude de les suivre sans qu'ils ne s'en rendent compte. Chaque fois que Baaba Maal sortait une nouvelle chanson, je m'obstinais à la mémoriser pour la chanter comme lui. Et j'avais l'envie de gratter la guitare chaque fois que je voyais mon père jouer. C'est avec ces habitudes que je suis devenu un musicien aujourd'hui.

Votre père était-il au courant de cette passion ?

Il l'a su tardivement, juste un an avant son décès. Il aurait voulu savoir très tôt qu'il avait un fils qui chante !

Quelle fut sa réaction quand il apprit que vous chantiez ?

Il a d'abord été surpris. Après, il a été triste par le fait qu'il n'ait pas très tôt su qu'un de ses enfants faisait de la musique. Il avait appris par un oncle et une cousine que je chantais. Un soir, après avoir préparé le thé pour lui, je massais ses pieds. C'est à ce moment précis qu'il m'a demandé de lui chanter quelque chose. Alors, j'ai interprété Mathiou de Thione Ballago Seck. Il était si concentré que j'ai eu peur d'être sermonné. Il m'a demandé d'aller me coucher. La première chose qu'il a faite le lendemain, c'était de prendre sa voiture pour aller dire à Baaba Maal que je chantais. Je me souviens que j'étais présent à une réunion à l'école. Mon père m'a appelé au téléphone pour me demander de chanter pour Baaba Maal. Je lui ai demandé d'attendre que la réunion finisse mais il a insisté. J'étais obligé de m'isoler dans une salle libre pour chanter au téléphone. Quand j'ai terminé, Baaba Maal s'est mis à rire d'étonnement. Parce que personne ne pouvait imaginer que le garçon calme et timide que j'ai toujours été, allait chanter un jour. Quelques jours plus tard, il m'a invité à le rejoindre sur la scène de la Maison de la culture Douta Seck pour faire un a cappella.

Après le décès de votre père, vous avez continué à faire de la musique ?

Bien sûr. C'est un devoir et une obligation pour sa mémoire que je veux honorer chaque jour. Il avait fondé beaucoup d'espoir sur moi dans la musique. Mon père était tellement fier de moi qu'il n'hésitait pas à me comparer à de grands musiciens. Pour un novice de ma trempe, cette marque d'attention était significative...
 
Comment évolue votre carrière aujourd’hui ?

La carrière d'un artiste-musicien se prépare. Je travaille avec mon ami Seydou Nourou Ba au sein du groupe Welma. Nous bossons constamment. On peut s'enfermer durant des heures pour ça. C'est mon père qui a baptisé notre groupe Welma et cela nous suffit pour donner le meilleur de notre talent afin de lui donner raison depuis le paradis où il continue de guider nos pas de jeunes musiciens. Il y a des moments où Seydou part évoluer avec d'autres musiciens pour apprendre, et moi de mon côté, je voyage à l'intérieur du pays pour découvrir de nouvelles sonorités. Après, on se retrouve pour travailler dans l'intérêt du groupe. Nous multiplions les prestations partout à Dakar. C'est bien pour notre moral. Récemment, on a été reçu sur le plateau de l'émission After Work de la 2Stv. Et depuis ce passage médiatique, on m'appelle d'Abidjan, de Yaoundé et d'autres villes africaines pour encourager Welma sur la voie qu'elle suit depuis sa création.

Disposez-vous d'un répertoire pour faire un album ?

Notre répertoire équivaut à trois albums.

Avez-vous le soutien de Baaba Maal ?

Baaba Maal est à la fois notre père et notre mentor. Il a notre destinée musicale entre ses mains. Nous ne faisons rien sans sa bénédiction et cela, j'ai l'habitude de le dire partout. C'est lui qui nous guide et c'est à lui qu'il revient de décider quand on doit enregistrer notre album en studio.

Sa musique vous inspire-t-elle ?

Bien sûr ! J'écoute régulièrement la musique de Baaba Maal. J'ai même repris une de ses chansons où j'ai modifié les accords pour rendre un hommage à ma mère. Mais tous les musiciens m'inspirent.

Des projets ?

En tant que jeune et débutant dans la musique, on ne peut pas se permettre de parler de projet. Par contre, on peut rêver de bien représenter la musique sénégalaise partout dans le monde comme nos pères l'ont fait.

PAR ALMAMI CAMARA
 

Section: