Publié le 4 Feb 2016 - 02:10
LE PM AU FORUM DU PREMIER EMPLOI

‘‘Etre ferrailleur est un métier’’

 

Le chef du gouvernement sénégalais invite les jeunes à sortir des sentiers battus de la recherche de l’emploi. Pour concrétiser la promotion du travail manuel, il annonce le renforcement des moyens alloués à la formation professionnelle. Le Premier ministre appelle également les jeunes à faire le bon choix professionnel dans les métiers du futur comme le numérique.

 

Mahammad Boun Abdallah Dionne casse le modèle du travail classique dans lequel veulent se mouler les jeunes diplômés. ‘‘Que la jeunesse se prenne en charge par les bons choix en matière de formation. Si on n’a pas de métier, il est difficile de s’insérer. Il y a des métiers. Il n’y a pas de mauvais métier, pas de sot métier. Etre ferrailleur est un métier, être soudeur, mécanicien en est un. Le gouvernement travaillera à rendre le plus formel possible ces économies en gestation’’, a-t-il déclaré hier, en procédant à l’ouverture du Forum du premier emploi. En effet, les ressources humaines locales ne sont pas toujours disponibles dans certains types de métier peu prisés. 

‘‘Les ferrailleurs qui font les fondations du projet de parc industriel à Diamniadio viennent de Guinée, parce que dans notre pays, nous n’en avons pas assez. Il y a dix ans, avec le doublement de la capacité de production des Industries chimiques du Sénégal  (ICS), il a fallu monter ICS 2, à Darou. Le Sénégal a ‘importé’ 400 soudeurs roumains, parce qu’il n’y pas de soudeurs certifiés dans notre pays. Voilà des pans entiers de l’économie sur lesquels il y a de l’avenir. Voilà pourquoi insister sur la formation professionnelle’’, a plaidé le chef du gouvernement qui se félicite d’un frémissement dans l’embauche, comme signe positif et antidote au pessimisme ambiant. 

Et pour pallier ce manque, la formation professionnelle prend du galon, d’après les directives du président de la République. 34 milliards 500 millions de F Cfa de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement AFD sont mobilisés à Thiès pour développer des nouveaux mécanismes en matière de formation professionnelle. ‘‘Si on prend les importants moyens mis en œuvre par le gouvernement, c’est de l’ordre de 80% pour l’Education nationale et 20% pour la formation professionnelle. Le Chef de l’Etat nous a demandé d’inverser les chiffres pour au moins avoir 60-40, en évoluant vers 50-50. Que les moyens partent à l’Education certes, mais que davantage de moyens partent à la formation’’, annonce le Pm.

Aussi promet-il l’implantation d’incubateurs, des dispositifs d’encadrement aux chefs de PME qui débutent. Ceci pour éviter que 80% des petites entreprises meurent, au bout de 5 années d’existence, contre 20% qui survivent. Des mesures d’ordre législatif sont également prises, à travers la révision du Code du travail, pour renforcer l’employabilité des jeunes par les contrats de stage en vue de faciliter leur insertion. ‘‘Un projet de loi en 2015 a été adoptée par l’Assemblée nationale. Elle définit les nouvelles dispositions du stage d’embauche, le stage de qualification, le stage d’imprégnation qui doivent permettre aux entrepreneurs d’insérer davantage de jeunes’’, déclare-t-il.

Le numérique salvateur

Sept thèmes seront débattus durant les deux jours du forum, en plus des rencontres be to be. L’innovation de cette année réside dans sa diversification : prix du meilleur projet de jeunes diplômés, participation de la Police, de la Douane et des Forces Armées, ainsi que l’ouverture à l’étranger, avec la participation des cabinets et structures français comme Pass Emploi Service. Pour le président du Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds), Mbagnick Diop, il est question de ‘‘saisir les nouvelles opportunités liées au secteur en expansion : le numérique, la transition énergétique, le bâtiment, la sécurité, le tourisme, les services et le numérique’’.

Ce dernier offre une option de choix dans la politique d’emploi de la jeunesse. Ainsi, c’est un Premier ministre optimiste qui a révélé que ‘‘des entreprises ont choisi la destination Sénégal pour le numérique’’. ‘’Vous êtes étudiants à l’Ensut à Dakar ou à l’Ugb à Saint-Louis, vous êtes recrutés avant de finir’’, a-t-il déclaré, avant de conclure sur la vaste opportunité qu’offre ce métier du futur. ‘‘Une entreprise sur la Vdn, ouverte il y a dix mois, en est à 300 ingénieurs. Son patron souhaite appliquer la loi de Moore, c'est-à-dire qu’il va doubler sa production et son personnel. Il a besoin de 10 mille jobs à créer dans le Sénégal. Voilà un métier nouveau, le numérique, sur lequel nous avons un avantage concurrentiel. Mais il faudrait des ressources. La décision du métier est donc importante.’’

OUSMANE LAYE DIOP

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