Publié le 4 Nov 2015 - 04:31
MIGRATION IRREGULIERE

La Cedeao refuse d’avance la militarisation et l’érection de barricades

 

En perspective de la participation au sommet de La Vallette (Malte) sur la migration, les 11 et 12 novembre, les ministres des Affaires étrangères de la Cedeao et de la Mauritanie se réunissent à Dakar pour soumettre à leurs présidents un document portant la position commune de l’espace.

 

Malgré un taux de crossance moyen de 5% depuis 2005, l’espace Cedeao est un grand pourvoyeur de la migration irrégulière. Pour mettre fin à une saignée des migrants clandestins qui meurent sur les côtes européennes, les ministres des Affaires étrangères de l’espace sont en conclave pour deux jours à Dakar. L’objectif est de dessiner ‘‘une feuille de route qui répertorie l’ensemble des solutions à mettre sur la table de négociations avec les pays et partenaires européens en vue de mieux faire face à la migration irrégulière qui a des conséquences néfastes  pour nos pays et nos populations respectifs’’, fait savoir Khadim Diop ministre de l’Intégration africaine et du Nepad qui représentait son homologue des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye.  

Même si les conclusions ne sont pas encore tombées, les dirigeants ouest africains refusent déjà toute solution unilatérale européenne. ‘‘Nous ne saurions accepter les approches conjoncturelles et réactives qui préconisent la militarisation et l’érection de barricades’’, poursuit le ministre avant d’aborder la nouvelle configuration induite par la migration des réfugiés syriens et irakiens. ‘‘Nous ne voulons pas non plus tolérer les deux poids deux mesures pour un traitement différencié entre les migrants. C’est le cas actuellement entre ceux venus d’Asie et du Moyent-Orient et les Africains qui sont automatiquement considérés comme migrants économiques à refouler’’, défend-il.

L’Afrique de l’ouest est une  zone de transit de migrants africains à destination de l’Europe via le Maghreb. Elle est également destinataire de migrants en provenance d’autres régions africaines. Selon le ministre, les routes les plus dangereuses sont celles de la ville d’Agadez au Niger, où les migrants passent ensuite par la frontière avec la Libye, pour regagner les villes de Zuhara et Zahia, et embraquent pour l’Europe, via la Méditérranée. L’autre itinéraire consiste à emprunter les côtes de la Mauritanie jusqu’au Maroc ; ou de transiter par le désert du Niger et du Mali, pour aller en Algérie, en direction des enclaves espagnoles de Ceuta y Mellila.

Un phénomène de masse qui contribue parallèlement au développement de la criminalité transfrontalière. ‘‘Des entreprises mafieuses et des criminels transnationaux développent leurs business sur ces routes migratoires’’, fait savoir Khadim Diop. Mais pour le commissaire chargé du commerce et des douanes de la Cedeao, Ahmed Hamid,  le problème est tout autre. ‘‘Le plus grand défi ouest-africain reste la migration massive interne subite, liée au terrorisme, aux rebellions et aux crises sociales ou politiques. Cependant l’essentiel de la migration est plutôt intra-régionale, soit 80-84% du total des migrants ouest africains’’, déclare-t-il en préconisant que la stratégie commune porte sur les quatre aspects que sont le transit, la destination, l’origine et la migration intra-régionale.

La lutte contre l’émigration irrrégulière doit être complétée par la promotion de la migration légale. Les possiblités de visite touristique et de séjour  académique et professionnel doivent être élargies et l’obtention de visa d’entrée facilitée’’, plaide le représentant de Kadré Désiré Ouedraogo. Suite aux récents décès en nombre de migrants africains clandestins en mer Méditerranée,  le Conseil européen s’est réuni  en avril puis en juin dernier pour des mesures immédiates. La conférence de Malte du 11 et 12 novembre entre dans ce cadre et vise à harmoniser et à coordonner les stratégies des pays africains et ceux de l’UE.  

OUSMANE LAYE DIOP

 

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