Publié le 5 Jan 2015 - 12:54
MUTISME DE SERIGNE CHEIKH

Le mystère Al Maktoum demeure

 

Plongé dans un mutisme, avant son installation à la tête du khalifat Tidianya, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum continue de susciter des interrogations. Même si de plus en plus de fidèles s’accommodent de sa posture, d’autres espèrent son retour au devant de la scène.

 

« S’il parle cette année, il ne reparlera que l’année prochaine ». C’est la boutade utilisée couramment pour expliquer les rares apparitions publiques de l’actuel Khalife général des Tidianes, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum. Car le marabout n’apparaissait que la nuit du Mawloud pour s’adresser à ses talibés, avant le prochain. Mais depuis plusieurs années, l’apparition publique du religieux s’est fait plus que rare, voire inexistante. La dernière apparition publique du guide des Moustarchidines wal Moustarchidatis remonte au Gamou de 2010.

Son absence en 2011 avait suscité moult commentaires de la part surtout de ses fidèles habitués à l’accueillir la nuit du Gamou au champ des courses. Même son intronisation à la tête du khalifat tidiane, après la disparition de Serigne Mansour Sy, ne l’avait pas fait sortir. Comme disait Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, samedi dernier, lors de la cérémonie officielle du Gamou 2015 : « Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum nous a mandaté. Il est toujours en retraite spirituelle. Il n’est pas encore sorti de sa retraite », expliquait le porte-parole de la famille tidiane. A cette absence s’ajoute un mutisme.

Si certains disciples tidianes trouvent assourdissant ce silence, d’autres s’en accommodent, vu que le guide moral des Moustarchidines, Serigne Moustapha Sy, est le digne héritier de par son éloquence, son savoir… C’est ce que tente d’expliquer Papa Bocar Mar, enseignant à Mbour, et par ailleurs correspondant de la radio Afia dans la même localité. « Serigne Cheikh avait un flambeau. Il l'a transmis, après une longue formation et un long tarbiya (éducation) à son fils Serigne Moustapha qui devient sa langue, sa pensée », soutient l’enseignant-journaliste.  Donc pour lui, le fait de voir Serigne Moustapha est une source de consolation, même si par ailleurs, il dit ne pas sentir de vide ou de manque. Ceci pour la simple raison que Serigne Cheikh, comme l’appellent affectueusement les fidèles, les a déjà conscientisés. « Il disait que ce serait une perte pour les fidèles de célébrer sa présence en lieu et place de la naissance du prophète », rappelle notre interlocuteur.

« On veut le pousser à revenir en arrière »

Oustaz Khalifa Mbaye, coordonnateur du Dahiratoul moustarchidina wal moustarchidaty, dit lui aussi ne ressentir aucun vide. Le religieux estime que ceux qui dissertent sur le mutisme et la non-apparition du khalife général des Tidianes n’ont rien compris. Car, argue-t-il, «Serigne Cheikh a toujours aimé la retraite ». Il ne comprend pas la propension de certains à vouloir le propulser sur le devant de la scène publique. Or, poursuit notre interlocuteur, « il a fait de son fils Serigne Moustapha Sy son digne héritier et Al Amine sa voix ». « Il a déjà fait ce qu’il devait faire et on veut le pousser à revenir en arrière », fulmine-t-il.

Ce que semble conforter le président de la convention nationale des jeunes Tidianes du Sénégal, Imam Mamour Fall. L’animateur religieux de rappeler que « Al Maktoum gardait le silence, avant même qu’il ne devienne khalife général ». Mieux, Imam Fall considère que c’est aux fidèles d’aller vers le khalife et non le contraire. « Lorsqu’un président forme un gouvernement, il donne bien des directives à ses ministres. Et dans ce cas-ci, Al Amine joue bien son rôle de porte-parole. Pareillement pour Serigne Moustapha Sy et Serigne Mbaye Sy Mansour ». Cependant, même s’il s’explique le retrait du khalife, le président des jeunes Tidianes affirme ressentir un manque.

Un sentiment qu’il partage avec l’étudiant Thierno, trouvé aux Champs des courses. « Bien sûr qu’il nous manque, puisqu’il est khalife, il est normal qu’on le voie », se plaint l’étudiant qui a également la nostalgie des conférences qu’animait le vénéré homme. « Ses conférences nous manquent beaucoup, car il nous permettait, nous étudiants, de connaître beaucoup de choses sur l’histoire du pays », ajoute Thierno.

Les dames Diam Diop et Amy Diop ressentent le même manque et espèrent un jour assister à une conférence de Serigne Cheikh. 

FATOU SY (Envoyée spéciale à Tivaouane) 

 
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