Publié le 27 Feb 2014 - 09:34
OBTENTION DE LA NATIONALITÉ SÉNÉGALAISE

Comment l’étudiant a soutiré 3,3 millions à un étranger

 

Pour pouvoir continuer ses études au Canada, l’étudiant Abdourahmane Diop a escroqué la somme de 3,3 millions à un ressortissant guinéen à qui il avait promis de trouver la nationalité sénégalaise. Il encourt trois ans ferme.

 

‘’Mme la présidente, je reconnais avoir fauté sur toute la ligne et je sollicite votre clémence. J’ai encaissé tout l’argent dans le dessein d’aller étudier au Canada’’. Tels ont été les aveux faits hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, par le prévenu Abdourahmane Diop, attrait pour escroquerie et faux et usage de faux dans un document authentique. Pourtant ses aveux n’ont point suscité la clémence du parquet à son égard. Au contraire, le substitut Baye Thiam a déclaré que le prévenu est un danger pour la société. Il dira : ‘’l’emprisonner pour trois ans, c’est faire preuve de salubrité’’.

Etudiant en 2ème année à la Faculté des sciences économiques, selon ses dires, Abdourahmane Diop a escroqué la somme de 3,3 millions au nommé Abdoulaye Diallo. Il avait promis au commerçant de lui trouver la nationalité sénégalaise. En septembre 2011, Abdoulaye Diallo voulut se faire établir un passeport. Un document qu’il n’avait pas pu obtenir, du fait qu'il ne disposait pas de certificat de nationalité sénégalaise.

Il y a quelques mois, il fit la rencontre du prévenu qui est une vieille connaissance à lui. Au détour de leur discussion, Abdourahmane Diop s’engagea à lui trouver un certificat de nationalité. Seulement, à la place de la somme de 2 300 francs Cfa nécessaire pour l'obtention du document, l’étudiant lui réclama un montant de 28 000 francs Cfa pour, dit-il, l’achat de timbre et le dépôt du dossier. Ce fut le début des manœuvres du prévenu qui finit par transformer la partie civile en vache laitière.

Le prévenu s’est mué en greffier et juges pour appâter la victime

Car, quelques jours plus tard, le commerçant reçut un appel d’une personne se faisant passer pour le greffier en chef du tribunal régional de Dakar. ‘’Mon interlocuteur m’a dit : ‘’J’ai reçu votre demande, mais il vous faut débourser la somme de 350 000 francs Cfa’’, a narré la partie civile, hier devant le tribunal. Alors qu’il ignorait que le fameux greffier n’était personne d’autre que le prévenu, il est allé informer ce dernier de l’entretien.

Réalisant que le commerçant avait mordu à l’hameçon, Abdourahmane Diop lui remit un document portant un cachet du tribunal, en vue d’encaisser l’argent. Comme l’appétit vient en mangeant, l’étudiant usa du même stratagème en se présentant, cette fois-ci, comme un juge du tribunal départemental de Dakar. ‘’Le juge m’a réclamé 500 000 francs, car le dossier était bouclé’’, a laissé entendre la partie civile.

Seulement, il était loin de ses peines. Car, a indiqué Abdoulaye Diallo, le ‘’juge’’ lui a fait savoir qu’il fallait une enquête au niveau du ministère de la Décentralisation, vu qu’il est guinéen. Ladite enquête qui était censée être bouclée par le juge du 2ème cabinet d’instruction lui a coûté 200 000 francs.

Mais, c’était loin de satisfaire les besoins d’argent de l’étudiant qui a continué à lui réclamer divers montants. Cependant, en constatant que son commerce commençait à péricliter, Abdoulaye Diallo a demandé à Abdourahmane d’interrompre la procédure. Une occasion saisie par le prévenu pour dépouiller encore la victime à qui il a demandé de débourser la somme globale de 500 000 francs pour l’annulation. Le commerçant s’est exécuté, avant de se rendre plus tard avoir affaire à un escroc.

Devant la juge, il a expliqué avoir déboursé les montants réclamés, parce que le prévenu lui avait fait croire qu’il le rembourserait, au cas où la procédure n’aboutirait pas. Mal lui en prit car, comme il l'a déclaré devant les juges avec dépit : ‘’Il ne m’a même pas remis de faux certificat.’’ C’est pourquoi son conseil Me Boubacar Dramé a réclamé des dommages et intérêts d’un montant de sept millions de francs Cfa. Me Abou Abdoul Daff a sollicité la clémence, en soutenant que la place de Abdourahmane Diop n’est pas en prison. Le tribunal en décidera lundi prochain 3 mars, date du délibéré.

FATOU SY