Publié le 24 Aug 2013 - 17:40
PAR MOMAR DIENG - FINALITÉ DU RAPPORT DE L'INSPECTION GÉNÉRALE D'ETAT

La justice ou le cimetière des bonnes intentions ?

 

Les recommandations de l'Inspection générale d'Etat sur l'état de la gouvernance et de la reddition des comptes sont une occasion de plus pour le chef de l'Etat de prouver sa bonne foi en la matière, en dépit de la tactique mise en place pour éloigner des barons wadistes du filet  judiciaire.

 

 

Trop habitués à voir des enquêtes classées sans suite pour ne pas être pessimistes. Assez vigilants face aux engagements du régime pour ne pas parier sur un brin d'optimisme. C'est la double posture psychologique qui peut être partagée par l'opinion après le remarquable travail fourni sur plusieurs années par l'Inspection générale d'Etat, à travers le Rapport sur l'état de la gouvernance et de la reddition des comptes, remis mardi au président de la République.

Le doute et l'espoir sont comme imbriqués dans cette nouvelle étape historique d'approfondissement de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption dans notre pays. Les rapports et autres documents accumulés depuis près d'un demi-siècle par nos «experts», dans tous les domaines de la vie nationale, permettraient de flirter avec le ciel tant est monumental le volume de paperasse usagé à cet effet. En pure perte. Et aujourd'hui, mises à part les promesses de bonne gouvernance du chef de l'Etat, il n'y a rien qui incite à penser qu'il ferait mieux que ses prédécesseurs. A part les actes.

Or, ces actes-là à poser exigent du courage. Du courage politique, surtout. Le contenu explosif et scandaleux qui donne la nausée au fil des 200 pages écrites par les IGE est un baromètre essentiel et pertinent de la volonté du président de la République de faire de la reddition des comptes l'axe fondamental de la politique de bonne gouvernance et de rigueur à laquelle il rabâche s'être astreint depuis son arrivée au pouvoir.

Mais les paroles mielleuses et frileuses d'une cérémonie solennelle où les attentats économiques, financiers et moraux contre les intérêts de la nation sont brièvement évoqués, ne remplaceront jamais le devoir impérieux de rendre justice au peuple sénégalais contre tous ces brigands à col blanc mariés à leur religion unique, l'égoïsme.

Les Sénégalais sont moins dupes que certains peuvent le supposer : il y a eu transactions souterraines avec des pontes de l'ancien régime dans l'objectif tactique de les recycler dans une opposition de gribouille, avec promesse de les éloigner ainsi du glaive de la justice. Ces pontes sont là, sur la place, entre profil bas pour les uns, décontraction mesurée pour les autres, arrogance assumée pour certains, tous sûrs d'une impunité monnayée à on ne sait quel prix.

Port, Anoci, Artp, Lonase, Sar, King Fahd Palace, Fesman... C'est tout un défi que doit relever le président de la République face aux recommandations de l'Inspection générale d'Etat. Il a bien invité François Colin et ses collègues à s'intéresser à la gouvernance de son propre pouvoir. Mais il leur a également indiqué un chemin des limites en leur rappelant inutilement que «recommandation ne signifie pas commandement.» Serait-ce le mot de trop sorti du subconscient de notre Président ?

 

 

 

 

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