Publié le 15 Jul 2013 - 00:07
PROFIL- LATIFA POUYE, ARTISTE-PEINTRE

Autodidacte colorée

 

Avec Latifa Pouye, la peinture est à la fois une arme pour résister au néant et un outil qui lui permet d’exprimer son cri artistique sur la toile. Autodidacte et sans aucune formation de base artistique, elle se considère telle une néophyte éclairée des arts plastiques.

Alors qu’elle s’ennuyait de son premier congé-maternité en 2003, Latifa se met à peindre pour s’occuper et éviter de tomber sous le poids embêtant du stress. ''Comme je ne pouvais faire grand-chose avec ma grossesse, je suis allée acheter de la peinture pour m’occuper'', rappelle-t-elle. Elle libère toute une énergie colorée sur cette première toile avant la naissance de son fils âgé aujourd’hui de dix ans. Les tableaux vont s’enchaîner au rythme d’une peinture intuitive sans que Latifa ne se considère comme une artiste-peintre. Les encouragements d’amis et de parents ne la flattent guère. Même si le jugement pouvait être objectif, cela ne suffisait pas, pense-t-elle, pour faire d’elle une artiste au sens propre du mot.

Mariée et mère de deux enfants, Latifa va ainsi ranger les pinceaux pour mieux se concentrer sur la famille et son travail au service protocole et logistique à l'Agence pour sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). Elle restera un an sans peindre jusqu’à ce jour où le doute sur son potentiel se dissipe pour faire place à l’envie incessante de reprendre les pinceaux. ''A partir du moment où les gens ont commencé à avoir un regard critique sur mes tableaux, j’ai compris que quelque chose plaisait dans mon travail'', affirme-t-elle. Cette fois, Latifa va épouser la peinture en secondes noces pour le meilleur des arts plastiques. En puisant l’inspiration au fond de ses sensations personnelles, elle se redécouvre devant ses toiles qui reflètent son état d’esprit. ''Je peins selon mes émotions, sans avoir un but fixe'', précise-t-elle.

Galerie à domicile

A ses débuts, Latifa ne peignait que pour extérioriser ses émotions, libérer son énergie  colorée sur une toile. Quelques années plus tard, elle aménage une galerie à son domicile pour exposer de façon permanente et vendre les dizaines de tableaux à son actif. De bouche à oreille, une clientèle passionnée d’arts plastiques défile dans l’immeuble des HLM Gueule Tapée. Elle se frotte les mains et reconnaît : ''Pour être honnête avec moi, je n’avais pas envisagé de faire de la peinture comme une seconde activité au début.'' L’artiste va mûrir et gagner en expérience avec trois participations en ''off'' pour  le Dak’art. En 2010, des femmes employées de la Banque mondiale ou épouses d’employés de cette institution à Dakar créent le Dakar Womens Group. Une association de femmes, dont la plupart des membres sont anglophones, qui s’est donné comme mission de promouvoir l’art et l’artisanat africain. Pour ce faire, elles sillonnent Dakar et certaines villes à l’intérieur du pays pour dénicher les talents féminins à travers des expositions. Sélectionnée en présence de différentes représentations diplomatiques, la peinture intuitive de Latifa Pouye va jouir d’une visibilité internationale en figurant dans le catalogue réalisé et distribué dans plusieurs pays du tiers-monde. Aujourd’hui, Latifa déplore : ''Je trouve dommage que ce sont des étrangers qui viennent faire la promotion des artistes sénégalais chez nous.''

Almami Camara

 

 

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