Publié le 21 Feb 2014 - 12:03
REACTION DU PRESIDENT SUR LES CONCLUSION DE LA CNRI

Le ‘’choix’’ de Macky Sall contesté

 

La polémique est loin d'être éteinte à propos de l'accueil réservé aux recommandations de la CNRI, mais surtout après la sortie du Président Sall expliquant le traitement qu'il entend donner au travail de Mbow et Cie.

 

La sortie du président de la République, depuis la Chine, est loin d’avoir mis  fin à la ‘’vaine polémique’’ autour des conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) qu’il a voulu clore. Au contraire, la question continue de cristalliser le débat politique.

Si Macky Sall a décidé de prendre ‘’dans son contenu ce qu’(il) jugerai(t) bon’’ du rapport, sans ‘’aucune contrainte’’ ni ‘’aucun délai’’, Ibrahima Sène trouve les propos du président ‘’irrespectueux vis-à-vis des membres de la CNRI et des Sénégalais qui ont participé à l’élaboration de ce projet‘’.

Selon ce responsable du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), ‘’ce n’est pas à Macky de décider de ce qui est bon et de ce qui est mauvais pour les Sénégalais’’. C’est plutôt à ces derniers de le faire par l’expression de leurs suffrages. Sène demande alors la tenue  d’un ‘’référendum’’ pour trancher le débat.

Mais auparavant, propose le député Cheikh Oumar Sy, le président  doit ‘’prendre le temps de  s’imprégner’’ du document de la CRNI avant de se prononcer. Ce membre du Mouvement Bès Du Niak, pense que ’la constitution n’appartient ni au président ni à son parti, mais au peuple sénégalais’’. D’où la tenue des ‘’concertations’’ entre acteurs politiques et membres de la société civile sur la question.

‘’Nous devons avoir une Constitution qui va durer dans le temps et dans l’espace’’, soutient-il. Son collègue Thierno Bocoum, lui, ne se fait aucune illusion quand à la suite qui sera réservée aux recommandations de la CNRI. Sa position est claire : ‘’Macky a décidé de ne pas appliquer  les conclussions de la CNRI. Comme (Georges) Clémenceau l’avait dit, le meilleur moyen d'enterrer une affaire est de créer une commission’’.

Le chargé de la communication de Rewmi note une ‘’perte de temps’’ dans les travaux de la CNRI puisque ‘’ses propositions se trouvent déjà dans les conclusions des assises  nationales’’.

Un avis que ne partage pas le député Djibril War, pour qui  les conclusions de la CNRI entrent en droite ligne du ‘’programme universel constitutionnel’’ théorisé par le président Macky Sall. Toutefois, il se dit surpris par  ‘’l’attitude très passionnée’’ de ses ‘’frères’’ de parti, l’APR, vis-à-vis de cette institution.

’’Le président Amadou Moctar Mbow et son équipe méritent du respect. Ce sont des retraités qui n’ont aucune ambition politique et qui se sont mis au service de leur pays. Je salue leur travail», affirme haut et fort le président de la Commission des lois de l’Assemblée qui tient à présenter ses ‘’excuses’’ à la CNRI.

«On ne peut pas être plus khalife que le khalife»

Pour Me War, donc, rien ne justifie cette levée de boucliers contre la CNRI, et encore moins les prises de position du ministre-conseiller chargé des affaires juridiques du chef de l'Etat, «On ne peut être plus khalife que le khalife, dit M. War. Ismaïla Madior Fall n’avait pas à faire cette sortie dans la presse pour critiquer les conclusions de la CNRI.

S’il a des choses à dire, il pouvait utiliser des canaux officiels pour saisir le Président. Il ne faut pas qu’il confonde vitesse et précipitation.’’ Ce qui fait dire à son collègue Cheikh Oumar Sy que ‘’le débat a été biaisé’’. D’ailleurs, Ibrahima Sène trouve ’’dommageable’’ et ‘’regrettable’’ que le Président Sall ne réagisse que plusieurs jours après la ‘’campagne d’intoxication menée par les cadres de l’APR’’ contre le président Mbow et Cie.

«Le président Sall doit se souvenir que s’il a été élu, c’est parce que des Sénégalais étaient convaincus qu’il était un républicain démocrate pour servir le peuple et non lui imposer ce qu’il veut’’, déclare l'économiste du Pit. Et contrairement à ce qui est dit, il est d'avis que Macky Sall n’a pas été élu sur la base de ‘’ses idées’’ ou de ‘’son programme’’, mais parce qu’il avait promis d’appliquer les conclusions des assises nationales. Arrivé au pouvoir, lui conseille-t-il, ‘’il ne faut pas qu’il fasse comme Wade qui a voulu nous imposer sa famille’’.

Ce à quoi Me Djibril War apporte des assurances : «Nous sommes tous pour le programme de la CNRI dès lors qu’il prenne en compte les aspirations et les préoccupations des Sénégalais. C’est au président de voir ce qui est dans l’intérêt du pays’’. Moins virulent, un haut responsable du PDS, ancien ministre, préfère juger le Président sur pièce. ‘’Ce qu’il va choisir (des conclusions) va traduire sa volonté politique. Et dans ce cas, les Sénégalais apprécieront’’, dit notre interlocuteur. 

DAOUDA GBAYA

 

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