Publié le 5 Nov 2015 - 01:01
RISQUE D’APATRIDIE AU SENEGAL

‘’25% des enfants ne sont pas enregistrés à la naissance’’, selon le HCR

 

Au Sénégal, 25% des enfants ne sont pas enregistrés à la naissance. L’annonce a été faite hier, par le Haut Commissariat pour les refugiés (HCR) au moment de faire le bilan de la campagne mondiale pour l’éradication de l’apatridie, après une année de mise en œuvre.

 

L’apatridie est là. Elle existe partout. L’apatride est un individu qu’aucun Etat ne considère comme son ressortissant. Ce phénomène touche plus de 10 millions de personnes dans le monde. En Afrique de l’Ouest, près d’un million de personnes sont apatrides ou à risque d’apatridie. Plus de la moitié sont des enfants. Ces chiffres ont été donnés hier par le Haut Commissariat pour les refugiés (HCR). L’organisation a présenté son bilan, après une année de mise en œuvre de la campagne mondiale de l’éradication de l’apatridie, prévue sur une période de dix ans.

Emmanuelle Mitte du HCR de dire que les chiffres de l’UNICEF ont montré que 25% des enfants au Sénégal ne sont pas enregistrés. Or, dit-elle, les Etats doivent assurer un enregistrement universel des naissances (100%). Ce que de nombreux pays à travers le monde ont déjà réalisé. Toutefois, elle souligne que les statistiques sur l’apatridie ne sont pas encore disponibles au Sénégal. ‘’L’apatridie, dans la majorité des cas, affecte l’individu dès la naissance. Mais, dans tous les cas, on peut devenir apatride plus tard dans la vie. On peut perdre sa nationalité’’, explique-t-elle.

Mme Mitte illustre ses propos en prenant exemple sur le Sénégal où, dit-elle, il n’y a pas de protection pour tous les enfants qui naissent. ‘’Pour obtenir la nationalité dans ce pays, il faut être né au Sénégal d’un parent né lui-même au Sénégal ou d’un parent sénégalais. On peut devenir un enfant apatride au Sénégal, quand on est un enfant abandonné par ses parents. C’est un phénomène qui existe au Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest’’. Malgré tout, Emmanuelle Mitte dresse un bilan positif de la lutte contre l’apatridie dans la sous-région.

En février 2015, les ministres en charge des questions de nationalité au sein des Etats membres de la CEDEAO se sont rencontrés à Abidjan et ont pris l’engagement de lutter contre l’apatridie. Ils se sont engagés à assurer que tout enfant acquière une nationalité, dès la naissance, et que tous les enfants trouvés obtiennent la nationalité du pays dans lequel ils sont trouvés. Et ainsi pouvoir obtenir des statistiques fiables sur les personnes n’ayant pas de nationalité.

Concernant le Sénégal, l’experte signale qu’une réunion est prévue avec les autorités, la société civile, les universitaires afin d’élaborer un plan d’action national. Emmanuelle Mitte informe que l’Union Africaine est en train de préparer un protocole sur le droit à la nationalité, adossé à la charte africaine des droits de l’Homme. Il est attendu en 2016. 

AIDA DIENE

 

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