Publié le 2 Apr 2024 - 14:30
SAINT-LOUIS : AGRICULTURE ET PÊCHE

Deux secteurs vitaux de la région listent leurs attentes

 

Les attentes des acteurs de la pêche et de l'agriculture de la région de Saint-Louis du nouveau régime élu le 24 mars dernier, sont très grandes. Ils espèrent qu’il saura répondre à leurs besoins pour assurer un développement de leurs activités économiques et améliorer leurs conditions de vie.

 

L’économie de la région de Saint-Louis repose encore, en grande partie, sur les secteurs de l’agriculture et de la pêche, malgré la découverte du gaz au large de la ville. 

Ainsi, les pêcheurs et les agriculteurs de la région placent d’immenses attentes envers le nouveau président de la République Bassirou Diomaye Faye. 

Pour les pêcheurs de Saint-Louis, les maux de leur secteur d'activité sont nombreux. Il s'agit du manque de sécurité en mer, d’infrastructures de stockage et de conservation des captures, d’un port de pêche, d’un quai de pêche moderne, de camions-frigos, entre autres. Pour le leader du Syndicat national autonome des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Snapas), la liste des problèmes du secteur est loin d'être exhaustive. “La pêche est une activité pourvoyeuse de milliers d'emplois directs et indirects. Elle participe grandement à l’économie nationale. Donc, elle doit mériter une attention particulière. Raison pour laquelle les pêcheurs demandent au nouveau président la mise en place de politiques de gestion durable des ressources halieutiques pour garantir leur pérennité. Ils souhaitent également bénéficier de meilleures infrastructures portuaires, de dispositifs de surveillance et de sécurité en mer. Les acteurs attendent également des financements pour le renouvellement du parc piroguier et du matériel de travail, mais aussi pour soutenir les femmes transformatrices et mareyeuses dans leurs différentes activités”, a listé Moustapha Dieng. 

Avant de poursuivre que les autres points cruciaux sur lesquels le nouveau locataire du palais de la République est attendu incessamment par les pêcheurs sont la délivrance abusive des licences de pêche aux bateaux étrangers, le balisage et le dragage de la brèche. “Toutes nos ressources halieutiques sont pillées par les grands bateaux étrangers. Leurs captures journalières avoisinent des milliers de tonnes de poissons sans tri. Si les nouvelles autorités n'arrêtent pas rapidement cette mascarade, c’est nous pêcheurs artisanaux de la langue de Barbarie et du Sénégal qui paieront les pots cassés. Désormais, que les prochains accords soient mieux étudiés avant d’être signés. Sur le volet de la sécurité, la langue de Barbarie a énormément perdu de braves fils à la brèche. Donc, c'est un chantier que le président Diomaye et son prochain gouvernement doivent attaquer d'urgence pour la baliser et là draguer sérieusement. Les pêcheurs de Saint-Louis sont fatigués des travaux de façade qui engloutissent des milliards de francs CFA sans résultats concrets”, a déploré le secrétaire général du Snapas.

Difficile cohabitation entre exploitation du gaz et pêche artisanale 

Mais le plus gros problème sur lequel sont attendues les nouvelles autorités par les pêcheurs guet-ndariens, c’est la cohabitation de la pêche artisanale et la prochaine exploitation du gaz à Saint-Louis. Pour le porte-parole de l’Association des jeunes pêcheurs de Saint-Louis, depuis le début de l’installation de la plateforme gazière, la pêche artisanale est fortement menacée à Saint-Louis. D'ailleurs, il leur est interdit de pêcher à 500 m à la ronde des plateformes gazières et pourtant, c’est la zone la plus poissonneuse de Saint-Louis. 

"Si des solutions rapides et durables ne sont pas trouvées, cette interdiction inopportune et non concertée avec les véritables acteurs de la pêche va signer l'arrêt définitif de mort de la pêche artisanale à Saint-Louis. Le président Diomaye et son équipe doivent réagir rapidement, parce que les pêcheurs de la langue de Barbarie sont malmenés, d'un côté, par les bateaux de pêche étrangers et, de l'autre, par les entreprises qui exploitent le gaz. C'est cette situation catastrophique qui pousse certains jeunes pêcheurs à tenter l'émigration irrégulière.  Déjà, nous le constatons et le vivons durement dans toutes les familles de la Guet-Ndar’’, a fustigé le jeune   Pape Mbaye. 

Pour l’Association des jeunes pêcheurs, si l'État le veut sérieusement, la pêche artisanale et l'exploitation du gaz peuvent bien cohabiter. "Certains d’entre nous sont déjà allés dans des pays producteurs de gaz et de pétrole.  Ce qui est réalisé dans ces pays africains peut bien se faire chez nous. C'est juste une question de volonté politique. Au Gabon et en Angola, par exemple, il est créé des récifs artificiels à moins de 500 m des plateformes pour faire cohabiter la pêche artisanale et l'exploitation des ressources naturelles. Donc, nous invitons les nouvelles autorités à réfléchir pour réaliser cette alternative pour sauver des milliers d'emplois.  Pour le moment, la pêche artisanale est très compromise à Saint-Louis", a soutenu Pape Mbaye au nom des jeunes pêcheurs.  

Des financements et du matériel agricole attendus 

Mais ce ne sont pas seulement les pêcheurs qui attendent impatiemment des nouvelles autorités des solutions durables. Il y a également les agriculteurs de la vallée du fleuve Sénégal et du delta. Malgré les nombreux problèmes qu’ils connaissent, des milliards de francs CFA sont injectés dans cette zone par l’État et les partenaires au développement. Dans ce secteur, le président Bassirou Diomaye Faye et son prochain gouvernement sont très attendus pour le règlement définitif des ruptures d’intrants, de la disponibilité de semences de qualité, de la mévente des productions maraîchères et rizicoles de la zone, mais surtout la réalisation de l’autosuffisance agricole. 

 Les producteurs espèrent également du futur gouvernement des financements plus conséquents avec des taux d’intérêt très réduits, afin de faciliter le remboursement des prêts. ‘’Il faut que les nouvelles autorités accordent une place de choix à l’agriculture en renforçant la Banque agricole. En tout cas, c’est notre souhait le plus ardent et nous attendons beaucoup de l’État sur ce point. Le Sénégal ne se développera pas sans une bonne agriculture. Si le nouveau gouvernement   met les véritables moyens et l'encadrement technique nécessaires, la zone Nord peut devenir le grenier du Sénégal en un temps record. Pour cela, il faut réhabiliter les aménagements de plusieurs milliers d'hectares et mettre   en place des systèmes d'irrigation. L'expertise est là, les bras, la terre et l’eau sont là. Tout ce que nous demandons, ce sont les moyens financiers et matériels. Mais nous exhortons les nouveaux dirigeants à ne pas faire comme leurs prédécesseurs.  Car l’agriculture est un secteur qu'on gère avec du sérieux”, a signalé   Abdou Mbodj, responsable à la filière tomate du département de Dagana.

Les agriculteurs de la région de Saint-Louis espèrent que le nouveau président mettra en place des mesures pour soutenir le développement de l'agriculture familiale, qui est l’un des principaux moteurs de l'économie locale.

Les producteurs de la vallée attendent également de bénéficier du renforcement des chaînes de valeur des produits locaux, afin de mieux commercialiser leurs récoltes et d'augmenter leurs revenus. “Au Nord, le problème majeur des agriculteurs est la conservation des productions et le stockage. C'est pourquoi nous demandons au prochain gouvernement la construction de grands magasins dans toute la région,  pour sécuriser les productions face aux aléas climatiques et en cas de surproduction”, a avancé Amadou Sèye de l'Amicale des riziers de Ross-Béthio.

IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS) 

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