Publié le 28 Apr 2014 - 17:11
SURCHARGE DES MINIBUS

Voyage tumultueux à bord d’un minibus

 

Tensions, injures, insécurité et autres maux sont le lot quotidien dans les minibus de transport en commun à Dakar, plus connus sous le nom de ''Tata''. L'intervention des autorités est souhaitée par tous les acteurs. 

 

De l’Inde, il y a quelques années, les Sénégalais ne connaissaient que les films de romance hauts en couleur, en provenance de Bollywood. Mais, depuis quelques années, les ''caisses blanches'' en provenance du pays de Gandhi ont envahi les rues dakaroises. 

Victimes de leurs succès, les fameux minibus du nom du célèbre constructeur automobile Tata sont confrontés à un problème récurrent de surcharge, au grand dam des usagers qui se plaignent de plus en plus de cet état de fait. Aujourd’hui, entre l'insuffisance du nombre de « Tata » et l'incivisme des usagers combinés au manque de fermeté des autorités, le débat sur la surcharge dans les bus Tata fait rage.

«Emprunter ces bus est un vrai calvaire. Il vaut mieux prendre les cars rapides plutôt que ces véhicules», maugrée Aminata, étudiante à l'Ucad. Elle vient juste de descendre du bus numéro 24. Avec un taux de remplissage souvent excessif, les minibus « Tata » sont devenus aujourd’hui un casse-tête pour leurs usagers. Ainsi, ils sont souvent entassés comme des sardines. 

Les clients doivent se partager un espace réduit, avec tous les conflits que cela engendre : « Injures, bagarres, vols et même attouchements sont souvent déplorés dans nos bus, car souvent les gens se marchent sur les pieds »,  déclare un chauffeur. En effet, avec une capacité d’accueil chiffrée à quarante (40) places, vingt-cinq (25) places assises et  quinze (15) debout, il a du mal à contenir le flot des passagers.

À qui la faute ?

12 heures, à Grand Yoff, les clients attendent avec impatience à l’arrêt de la ligne 24. Le bus qui se présente penche déjà sur un côté, à cause du nombre excessif de clients. Les quelques clients qui réussissent à s’agripper aux portes ont du mal à se faire une place à l’intérieur. Ni la chaleur moite, ni la promiscuité à l’intérieur du même bus « tata » ne dissuadent Souleymane Diop, ouvrier de son état, de monter dans le bus.

Il ne peut s’empêcher ensuite de fustiger ce calvaire des usagers. «Avec ces bus, nous ne sommes pas en sécurité et nous souffrons énormément avant d’arriver à destination», déclare-t-il avec amertume, tout en pointant du doigt les receveurs. «Ils nous contraignent à nous entasser et cela au détriment de notre confort de passager», dénonce Souleymane. 

Du côté des receveurs, on réfute ces accusations et on parle de l’incivisme des usagers. «Notre seul souci est de permettre à chacun de pouvoir profiter de nos bus. Mais, il y a souvent des clients qui rechignent à faire de la place aux autres, ce qui explique le manque de confort», déclare un receveur qui a voulu garder l’anonymat.  Ainsi pour  Mouhamed, chauffeur de Tata,  la surcharge est impossible à juguler, car les ''Tata'' sont victimes de leur popularité, puisqu'ils sont accessibles à toutes les bourses. 

Clients, receveurs et chauffeurs demandent l'intervention de l'État

Sous le chaud soleil qui brûle le macadam, le bus arpente l’avenue Bourguiba. Les clients se relaient à l’intérieur, au gré des arrêts qui se succèdent, sous les plaintes des usagers de plus en plus à l’étroit. «Les bus sont presque toujours pleins.

Parfois, j’ai du mal à respirer. L’État doit augmenter le nombre de bus pour remédier à ce phénomène», tonne Seynabou Sène. En effet, la dame milite pour une meilleure fréquence de passage des bus. Si un ''Tata'' passait toutes les 10 à 15 minutes, au lieu d'une demi-heure, les bus seraient moins surchargés, selon elle. Par contre, Djibril  Ndiaye parle d’une négligence de la part des autorités compétentes. «Pour moi, la faute incombe aux autorités, car  elle savent bien ce qui se passe dans ces bus et elles ferment les yeux».

L'usager estime que l’État doit faire pression sur les transporteurs pour qu’ils revoient leur gestion des bus. Sur la question des policiers,  il considère qu'ils ont une part de responsabilité dans le mal que subissent les passagers dans ces bus. ''Au lieu de confisquer les permis des chauffeurs en porte-à-faux avec la loi, ils acceptent un petit billet et les laissent passer'', s’indigne-t-il, manquant de bousculer une passagère. Le bus arrive au terminus. Les clients en descendent en vitesse. Après leur périple, d'aucuns maudissent les ''Tata'', en s'éloignant d'un pas leste.

Si les clients s'offusquent des bus bondés, chauffeurs et receveurs n'en ont cure. Ils renvoient la balle à l’État, aux transporteurs et aux usagers.

Samba DIAMANKA

 

 

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