Publié le 6 Jan 2019 - 02:19
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

La Fastef en eaux troubles…

 

La Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation connaît un début d’année plutôt mouvementé. Deux camps de grévistes comptent tout faire pour que leurs doléances soient prises en charge. Ce sont d’une part les détenteurs du certificat d’aptitude à l’enseignement moyen et d’un autre côté les sortants de la formation payante de 2013.

 

La matinée du vendredi 04 Janvier a été marquée par une nouvelle manifestation des élèves professeurs de la Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation (Fastef), du niveau Licence. Ils ont empêché toute entrée et sortie de l’établissement. Depuis la rentrée du 02 janvier 2018, ils ont décrété une grève illimitée, paralysant les enseignements en vue de réclamer le paiement de leurs bourses et des indemnités de rédaction de mémoire et de stage. Ces derniers ont subi une formation accélérée de huit mois débutée en Avril 2018. Selon eux le ministre de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane avait promis de leur octroyer une bourse d’études qui n’a jamais été versée durant leurs huit mois de formation.

Vu la sortie imminente de leurs différentes affectations, ils comptent bloquer les enseignements jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. « Nous sommes allés en stage. Nous avons rédigé nos mémoires, travailler huit mois durant sans bourse. Ce n’est pas normal et, pis, la direction des bourses compte supprimer les indemnités de mémoire et de stage », affirme Mamadou Diop l’un des grévistes.

Dans leurs rangs, on compte des étudiants qui avaient abandonné les études après la Licence et, d’un autre côté, des étudiants sortant de l’Université de Gaston Berger ou de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui eux bénéficient encore d’une bourse d’études. « C’est un point assez important que beaucoup ignorent. Ces derniers risquent de ne pas être payés, parce que l’Etat n’octroie qu’une seule fois la bourse aux étudiants », tel est l’avis d’Omar Dieng, membre de l’Amicale des étudiants de la Fastef, délégué chargé de l’hébergement. Il estime que néanmoins la parole donnée est sacrée. De ce fait, les autorités ne devraient pas faire des promesses qu’elles ne pourront pas tenir. Pour l’heure, beaucoup d’élèves professeurs déplorent cette situation, tout en se sentant obligés de soutenir leurs camarades.

D’un autre côté les sortants de la formation payante de 2013 se sont eux aussi lancés dans une grève, depuis deux semaines. Le mot d’ordre est de se priver de nourriture jusqu’au recrutement effectif de toute la promotion. Ce groupe de professeurs, certes diplômés de la Fastef, n’y est pas entré par voie de concours. Et chaque année, la revendication est la même, depuis leur sortie en Octobre 2013. De sources estudiantines, plusieurs d’entre eux, professeurs d’Espagnol et de Mathématiques, ont été recrutés, parce qu’il y avait un besoin exprimé par l’Etat. Dans un communiqué de presse, le ministère de l’Education nationale a fait savoir que leur prise en charge salariale n’est pas prévu dans le budget. Il indique que « pour qu’un enseignant soit recruté, il faut que son profil corresponde à un déficit d’encadrement et ensuite que sa prise en charge salariale soit prévue dans le budget », ce qui explique le non-recrutement de certains sortants.

En outre, la plupart de ces professeurs sont spécialisés dans des matières qui connaissent en ce moment un surnombre d’enseignants. Le ministère a aussi précisé que les recrutements par la Fonction publique se font sur la base de concours, des besoins en enseignants et en fonction des postes budgétaires dûment autorisés. Ainsi, il a rappelé que les sortants ont fait la formation de leur propre chef, sans aucune demande du ministère qui n’a donc pas pris d’engagement par rapport à leur recrutement. Des précisions de taille qui ont également été faites en 2014, par le ministre en charge Serigne Mbaye Thiam: « la formation payante ne confère pas un droit de recrutement automatique. Les élèves-professeurs n’ont pas été recrutés, parce leurs profils ne correspondent pas aux besoins du système éducatif sénégalais, notamment dans les domaines scientifiques et philosophiques ».

C’était en Décembre 2014, lors du vote du budget à l’Assemblée nationale. Les députés avaient profité de l’occasion pour exiger la suppression de la formation payante cause de discorde entre les sortants et leur ministère de tutelle. Chose qui a été faite, l’année suivante. A ce jour 15 des grévistes ont été évacués. Une suite positive à cette situation s’annonce peu probable, même si le ministère entend prioriser ces derniers en cas de déficit d’enseignants.

Emmanuella Marame FAYE

 

Section: