Publié le 1 Aug 2014 - 07:37
RETOMBEES INSIGNIFIANTES, VIOLATIONS DES ENGAGEMENTS…

L’Etat et les populations au milieu d’une exploitation ‘’minée’’

 

Les ressources minières appartiennent à l’Etat et sont censées bénéficier à la communauté, les populations locales en premier. Mais si l’on s’en tient au rapport 2014 de l’inspection générale d’Etat, les mines sont plus un fardeau qu’une opportunité pour toutes ces entités.

 

A la lecture du rapport 2014 de l’inspection générale d’Etat (IGE), l’on a l’impression que le Sénégal ne se limite pas uniquement à offrir ses ressources minières aux sociétés étrangères. Mais il les paye en même temps pour qu’elles acceptent le cadeau. Non seulement les ressources générées pour l’Etat sont dérisoires, mais ce dernier perd plus que ce qu’il gagne à cause des libéralités accordées. Ainsi, tout compte fait, note l’IGE, ‘’sur une période de 15 ans (1997-2012), cette exploitation n’a rapporté que 14,6 milliards de francs CFA, alors que, sur la période, l’Etat a consenti des exonérations fiscales et douanières qui s’élèvent à plusieurs dizaines de milliards de francs FCA.

Toujours à propos de l’exploitation, l’IGE se désole du fait que les compagnies n’ont aucun respect pour les engagements qu’elles prennent. A chaque signature, il est retenu des programmes sociaux ‘’qui sont prévus pour des retombées positives en faveur des populations locales’’. A l’arrivée, le constat est que les programmes ‘’ne sont pas réalisés par les titulaires de titres miniers’’. Ceci sans compter une violation systématique des dispositions du Code minier relatives à la préservation de l’environnement et à la réhabilitation des sites affectés par les exploitations. Il est en effet de notoriété publique que les multinationales tournent le dos aux sites une fois qu’il n’y a plus rien à extraire.

Confusion entre services et cabinet

De même que dans l’exploitation, des carences sont aussi relevées dans la délivrance des titres. Dans ce volet aussi, l’Etat décide d’offrir le fromage gracieusement aux multinationales. ‘’Les conventions minières contiennent, systématiquement, des clauses qui confèrent un droit de préemption aux titulaires de permis de recherche en vertu duquel ils bénéficient d’une priorité d’exploitation de gisements économiquement rentables qu’ils auront découverts. Toutefois, au lieu d’exploiter les gisements découverts, les titulaires de permis revendent leurs droits dans des conditions préjudiciables aux intérêts de l’Etat’’, dénonce l’IGE.

Il s’y ajoute que les services régionaux des mines et de la géologie chargés du contrôle et du suivi sur le terrain n’ont ni l’expertise nécessaire ni le nombre suffisant pour mener à bien leur mission. Il faut dire également que la confusion des rôles entre les services de la direction des mines et le cabinet du ministre ne facilite pas la tâche. Elle n’aide pas non plus à l’optimisation des ressources à la fois humaines et financières.

BABACAR WILLANE

 

Section: