Le chef de l’Etat Macky a certes encaissé des doléances de la part des étudiants, mais à son tour, il a rempli leurs oreilles de promesses. Des lits par dizaines de milliers, des enseignants recrutés par centaines, plus d’infrastructures et de bourses. Mais Macky veut surtout la paix dans le campus et la fin des grèves, afin de loger l’Ucad dans le top 100 des universités du monde.

Ce fut un après-midi marathon à l’université Cheikh Anta Diop. D’abord une réception officielle de la seconde phase de la deuxième cité des enseignants du supérieur pour une capacité de 140 appartements d’un coût global d’un peu moins de 5,7 milliards. Ensuite, c’est la pause de la première pierre pour la construction, grâce à un financement de 15 milliards, de 100 laboratoires dans les universités publiques dont une trentaine pour l’Ucad. Et enfin une cérémonie de réception de trois pavillons d’une capacité de 1 044 lits. Durant plus de six heures, le chef de l’Etat Macky Sall a surfé entre rappel des réalisations déjà acquises et des promesses pour le futur. Autant il a reçu des doléances, autant il s’est livré à des annonces.

Le chef de l’Exécutif a avant tout regretté un défaut d’anticipation face au boom démographique, ce qui est à l’origine de la situation difficile que connaît l’Ucad. Il a toutefois promis que la physionomie de chaque université va changer avec de larges perspectives d’accueil. Il s’est engagé à continuer la rénovation et le renforcement des infrastructures et des plateaux techniques. 400 enseignants ont été recrutés dont les 200 pour l’Ucad. Le Président soutient avoir injecté 300 milliards en 5 ans dans l’enseignement supérieur. ‘’Cela représente le double en matière d’investissement et d’équipement depuis les indépendances. Nous ne sommes plus dans les mêmes paradigmes’’, se glorifie-t-il. En outre, Macky Sall ne veut plus que les universités soient concentrées dans les villes ayant une façade atlantique. Il déclare aimer l’équité territoriale. D’où les universités à l’intérieur du pays.

Le deuxième point de sa vision, ajoute-t-il, est de rendre attractives les sciences et techniques et ainsi ‘’susciter plus de vocations précoces’’ pour ces filières. Le troisième point, prévu à la rentrée prochaine, consiste à aligner les filières de formation sur les besoins de l’économie, grâce à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi-cadre sur les universités publiques. Le quatrième point est l’achèvement de la cité du savoir à Diamniadio afin d’en faire un point de concentration de compétences afin de promouvoir la formation, la recherche, la création d’emplois... Parlant de Diamniadio, Macky Sall prévient : ‘’Il sera le noyau de l’émergence des sciences et techniques.

A propos des capacités d’hébergement jugées très insuffisantes, Macky Sall annonce 10 000 lits à venir. Dans cet effectif, il y aura 4 000 lits pour l’Ucad, 2 000 pour l’Ugb, 1 000 pour respectivement les universités de Thiès, Bambey et Ziguinchor et 2 fois 500 pour deux autres institutions. A cela s’ajoutent 10 000 lits pour les deux nouvelles universités situées l’une dans la banlieue dakaroise et l’autre au Sine Saloum, portant le nom d’El hadji Ibrahima Niasse.

Top 100 des universités à l’horizon 2025

Pour ce qui est des bourses, le Président annonce une nouvelle application technologique facilitant leur paiement. Beaucoup d’efforts ont été aussi énumérés pour l’octroi de bourses. En guise d’exemple, Macky soutient avoir instauré des bourses d’excellence de 60 000 F pour les bacheliers avec mention bien ou très bien qui restent au pays. Les bourses étrangères ont aussi été augmentées, sans compter la décision de muter l’aide sociale en une demi-bourse payable sur toute l’année. Mais attention, il faut remplir les critères tels qu’être orphelin total ou partiel, être un handicapé ou être issu d’une famille modeste telle que celles bénéficiant des bourses sociales pour la sécurité familiale.

Macky Sall dit vouloir que l’Ucad soit parmi les 100 meilleures universités du monde à l’horizon 2020/2025. ‘’Ce n’est pas une utopie. Si nous marquons une pause, pause des grèves’’. Le président part du principe que l’Ucad reste un creuset d’excellence et parmi les têtes de liste des universités africaines francophones. Et cela malgré les perturbations. Il se dit alors qu’avec un climat plus apaisé, il serait possible de faire des miracles. C’est pourquoi d’ailleurs, il a vivement appelé les étudiants à faire de l’Ucad un espace de paix et de civisme, et surtout de se concentrer sur leurs études.

Il leur reconnaît le droit de revendiquer comme il l’a fait lui-même du reste, mais les invite à y mettre la forme et surtout le respect des principes universitaires. Macky Sall rappelle d’ailleurs avoir retiré les forces de l’ordre du campus. Il promet de faire respecter la loi sur les franchises universitaires pour que le campus soit laissé aux étudiants. A ces derniers qui exultaient, il a fait cette précision : ‘’Attendez ! Attendez ! Doucement ! Mais cela suppose chers étudiants que vous soyez à la hauteur de cette confiance et que  vous puissiez faire de cette franchise et de cette liberté un espace de paix ou régnera la concorde au sein du campus social. Je suis prêt à vous y accompagner, le gouvernement est prêt à vous accompagner.’’

BABACAR WILLANE