Publié le 24 Apr 2018 - 17:16
AFFRONTEMENT ENTRE POLICIERS ET LYCÉENS

Un blessé grave parmi les élèves

 

Les élèves du lycée El Hadj Malick Sy de Thiès ont vécu hier une chaude matinée. Pour avoir réclamé la fin de la grève des enseignants, ils ont été soumis à une répression de la police qui a blessé gravement l’un d’eux.

 

Des élèves qui courent dans tous les sens. Des cris par-ci et par-là. Des grenades lacrymogènes qui retentissent un peu partout polluant l’air de la cour du lycée Malick Sy de Thiès. Au grand portail, des véhicules (du poste de Nguinth) remplis de grenades lacrymogènes et des policiers prêts à en découdre avec des élèves armés de pierres. Voilà la situation chaotique qui a prévalu hier en début de matinée à l’établissement le plus célèbre de la capitale du Rail. Après leurs camarades de Ziguinchor, la semaine dernière, les écoliers de cette école publique ont connu une chaude journée rythmée par des affrontements avec les éléments de la police antiémeute.

Les pensionnaires du plus grand lycée de la ville protestaient contre les grèves cycliques de leurs enseignants. Pendant trois heures, policiers et élèves étaient en ‘’guerre’’. Au final, un élève a été gravement blessé au visage. Inscrit en classe de Seconde L. O. Mbaye a été victime de la ‘’barbarie policière’’. Selon ses camarades, celui-ci a reçu une grenade lacrymogène au visage. Cette blessure assimilée à de la ‘’méchanceté’’ a provoqué l’ire des apprenants. ‘’Ce n’est pas normal que les policiers lancent des grenades lacrymogènes dans notre lycée. Un de nos camardes a reçu une grenade lacrymogène au nez’’, fustige B. Fall. Cet élève en classe de Terminale d’indiquer que c’est plutôt parce qu’ils sont inquiets qu’ils ont décidé de se faire entendre. ‘’Nous sommes sortis dans la rue uniquement pour exprimer toute notre colère. Nous n’avons pas encore reçu nos bulletins de notes du premier semestre. Aujourd’hui, nous réclamons nos professeurs qui ne cessent de décréter des mots d’ordre de grève. Ils entament leur 6ème ou 7ème plan d’action, alors que l’année tire à sa fin. Nous sommes à quelques mois du baccalauréat. C’est vraiment dommage. Nous ne sommes pas satisfaits de nos dirigeants’’, se désole le candidat au premier diplôme universitaire.

‘’Si le Président est préoccupé par son deuxième mandat, nous élèves voulons étudier’’

Le jeune homme appelle les forces de l’ordre à la retenue. ‘’Ce que les policiers ont fait est anormal. Ce n’est pas un acte salutaire’’, tempête B. Fall. L’élève est d’autant plus désolé que, précise-t-il, ses camarades et lui sont sortis juste pour exiger la reprise ‘’immédiate’’ des cours. A quelques mois seulement des examens de fin d’année, les élèves, inquiets de leur avenir, invitent l’État du Sénégal à honorer ses engagements auprès des syndicats d’enseignants.

Coumba Ndiaye, indignée elle aussi du comportement des forces de l’ordre, demande au président de la République Macky Sall de faire de son mieux pour satisfaire les revendications des enseignants. ‘’Depuis notre retour des fêtes de Pâques, nous n’avons pas fait cours de façon normale. Si le Président Macky Sall est préoccupé par son histoire de deuxième mandat, nous élèves voulons étudier’’, fulmine l’élève en classe de Seconde. Les élèves ont finalement décrété 48 heures de grève en soutien à leur camarade blessé.

La presse prise à partie

A signaler que lors de ces affrontements entre policiers et élèves, la presse a aussi été victime de bavures policières. Certains reporters ont été vilipendés. Le cameraman de la Télévision futur médias (Tfm), Samba Fall, qui filmait les images du jeune blessé, a été sommé d’arrêter son travail par cinq éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi). Sa caméra a été arrachée et détruite par l’un d’eux. Reste à savoir jusqu’où ira cette affaire. Car l’Association de la presse locale (Apl) de Thiès, qui dispose de tous les éléments de preuve, entend porter plainte pour situer les responsabilités.

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

 

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