Les Lions ont concédé leur 2e match nul, hier, face au Malawi. Avec 5 pts, le Sénégal est qualifié en 8es de finale, en terminant à la tête du groupe B, sans convaincre.

L’équipe du Sénégal s’est qualifiée en huitièmes de finale en terminant à la tête de la poule B, avec 5 pts. Cette première place est loin de refléter le jeu des Lions durant ses trois matches. Même si le Sénégal a tenu son rang de favori de par son classement, c’est l’équipe qui a produit le moins de jeu dans ce groupe B. Avec un seul but sur penalty, la sélection sénégalaise est la seule à n’avoir pas inscrit de but dans le jeu. Lors des deux premières rencontres, les Lions avaient éprouvé beaucoup de mal à jouer sur leur vraie valeur. Cela pouvait s’expliquer par l’absence des nombreux cadres atteints de la Covid-19 qui a décimé l’effectif.

Mais sur le match d’hier, le coach a pu récupérer tous ses joueurs. D’ailleurs, c’est une équipe qui avait fière allure qui a fait face au Malawi. Le sélectionneur national a aligné un 11 de départ avec tous les cadres présents. Aliou Cissé a opté pour le 4-3-3. Dans les cages, Edouard Mendy a retrouvé sa place de titulaire. La paire axiale Kalidou Koulibaly - Abdou Diallo a été reconstituée. Bouna Sarr a retrouvé le flanc droit de la défense, alors que Saliou Ciss a été positionné à gauche. Au milieu de terrain, le sélectionneur a mis un trio inédit, composé de Cheikhou Kouyaté, Idrissa Gana Guèye et Nampalys Mendy. Sur la ligne offensive, il y a un changement de position avec Sadio Mané qui a décalé sur le côté gauche et Boulaye Dia à droite. Cissé a fait confiance à Habib Diallo à la pointe de l’attaque.

Avec ce onze, les Sénégalais pouvaient espérer un mieux dans leur prestation. Le début de partie a laissé entrevoir un match plein d’engagement et de maitrise de la part de Sadio Mané et ses coéquipiers qui ont essayé de prendre le jeu à leur compte, dès le coup de sifflet de l’arbitre camerounais Blaise Yuven Ngwa. Surtout qu’ils se sont retrouvés très vite dans la surface de réparation des Flames sur un débordement de Boulaye Dia (7e). Malheureusement, Mané surgissant sur la balle n’a pas trouvé le cadre avec la pointe du pied. 

Mais rapidement, cette flamme s’est éteinte face à une équipe du Malawi qui n’a pas manqué d’arguments. Le coach malawite a abandonné son 3-5-2 en faveur d’un 4-4-2 qui a empêché les Sénégalais de dérouler. Les hommes de Cissé ont aussi manqué de génie et de folie pour trouver des espaces, face à un adversaire très dynamique. Les protégés de Mario Marinica ont même rendu la pareille aux Sénégalais, quatre minutes plus tard (11e). Mhango, auteur du doublé contre le Zimbabwe, qui s’est retrouvé dans la surface de réparation adverse, a réussi à contrôler le ballon et a tenté un tir en pivot contré par la défense sénégalaise.

La Var a sauvé la peau des Lions

Logiquement, les deux équipes sont rentrées dans les vestiaires sur un score nul et vierge. En seconde période, le match a repris sur le même rythme que la première. Les Lions ont tenté de bousculer les Flames qui commirent beaucoup de coups francs sur le côté gauche de Sadio Mané. Mais les Sénégalais n’ont pas su profiter des coups de pied arrêtés exécutés par Saliou Ciss. A deux reprises, Habib Diallo (49e) et Abdou Diallo (54e) ont manqué de dévier, de la tête, la balle au fond des filets de Thole.

A l’image des deux premières rencontres, le jeu offensif du Sénégal est inefficace. Le Malawi ne s’est pas contenté de défendre son camp. La bande à Mhango, qui a donné du tournis à la défense sénégalaise, a joué à fond les contres et transitions rapides. Ils ont même failli créer la surprise à la 75e mn, quand l’arbitre a sifflé un penalty contre Bouna Sarr qui a accroché son vis-à-vis. Il a fallu l’intervention de la Var pour sauver la peau des Lions. Après visionnage de la vidéo, le Camerounais est revenu sur sa décision.

Malgré les entrées de Bamba Dieng (Habib Diallo, 60e), Famara Diédhiou (Boulaye Dia, 71e) et Pape Guèye (Nampalys Mendy, 71e), le Sénégal n’a jamais trouvé la faille face à une solide équipe du Malawi.

Les revenants pas encore dans le bain

Les Lions ont encore déçu en concédant leur 2e match nul sur un score vierge. En plus de n’avoir pas su trouver le chemin des filets, les hommes d’Aliou Cissé ont aussi péché dans le contenu du jeu. Les Sénégalais espéraient voir un autre visage de leur équipe. Mais force est de constater que la mayonnaise n’a pas encore pris, malgré le retour des cadres.

Koulidou Koulibaly, qui est resté un mois sans compétition, n’a pas encore retrouvé ses sensations. Le défenseur du Napoli, très approximatif dans ses placements et ses relances, a eu du mal à retrouver ses repères. Edouard Mendy, même s’il a enregistré un clean-sheet, s’est montré hésitant dans ses sorties. Nampalys Mendy a été l’ombre de lui-même dans l’entrejeu. Le joueur de Leicester a eu du mal à exister face au défi physique des Flames. Le choix du coach de mettre le duo Kouyaté-Gana un cran au-dessus de Mendy n’a pas payé. Les deux joueurs avaient du mal à se rendre disponibles durant les phases offensives. Ce qui a d’ailleurs rendu difficiles les transitions défense-attaque.

Les incohérences tactiques de Cissé

Il faut dire que les joueurs n’ont pas été aidés par leur sélectionneur qui a, une fois de plus, opté pour un 4-3-3 insensé, dans un match où les Lions, comme prévu, ont eu une possession écrasante du ballon. L’option de mettre trois milieux à vocation défensive, la marque de fabrique d’Aliou Cissé, a été non payante. Puisque, les Flammes n’ont jamais essayé de passer par le milieu. Leur option tactique minimaliste mais efficace a consisté à lancer les flèches de devant, à la moindre récupération de balle. De ce fait, les milieux ont erré comme des âmes en peine ne récupérant presque aucun ballon. Leur profil défensif a fait qu’ils n’ont pas été utile à l’élaboration du jeu. Ils ont été incapables de mettre sur orbite le trio offensif.

Donc, l’option de bétonner le milieu de terrain était clairement une mauvaise idée. Un 3-5-2, pour gérer la profondeur, et un double pivot au milieu composé, par exemple, d’un Gana Guèye et d’un Pape Matar Sarr, aurait été plus avisé pour avoir la maitrise du jeu et limiter les pertes de balle. En plus, l’utilisation de deux pistons offensifs aurait permis d’étirer le bloc défensif adverse et de créer de l’espace pour les attaquants pris dans la densité.

Outre le 3-5-2, le coach aurait pu opter pour un 4-4-2 ou un 4-2-3-1 plus offensifs qui auraient permis de faire mieux usage du ballon.    

En somme cette équipe du Sénégal ne rassure pas, après trois sorties à la Coupe d’Afrique des nations. Pour une nation qui aspire à un premier titre continental au Cameroun, il y a encore du chemin à faire. Aliou Cissé a du pain sur la planche et de l’allant offensif à trouver.

LOUIS GEORGES DIATTA