Senelec, des ténèbres à la lumière : mais c’est cher !
La Senelec a-t-elle été mal gérée ? L’est-elle encore aujourd’hui en ces temps de réajustement du prix de l’électricité ? Une seule réponse à ces deux questions, du reste légitimes que se posent les Sénégalais. Objectivement, elle ne saurait être affirmative. La réponse est donc non. Pour plus de clarté. Passer de 900 heures de délestage par an, soit près de 38 jours dans l’année à 66 heures de coupure, soit moins de 3 jours sur les 12 mois de l’année, c’est plutôt une sacrée performance.
Comme qui dirait : le Sénégal est passé de « l’ère de la bougie » ou de la « lampe-tempête » pour ne pas dire d’une situation de non-électricité, à une situation d’abondance du jus précieux. Du plan Takkal, cher à Karim Meïssa Wade au Yeesal de Mouhamadou Makhtar Cissé, le bond en avant vers « l’accès universel à l’électricité » est indéniable. Des ténèbres à la lumière. Dans un tel contexte, on ne peut pas parler de mauvaise gestion. Ceux qui sont parvenus à un tel résultat méritent la reconnaissance de la Nation. En revanche, et cela est également incontestable, il y a des incohérences.
La facture de courant ne peut pas baisser de 10% il y a seulement deux ans de cela, et cerise sur le gâteau, un bénéfice de plusieurs milliards pour la société, et subir à nouveau une hausse du même pourcentage, une année plus tard ! Un yo-yo incompréhensible au demeurant… ! Si en plus, le président de la République, qui semble avoir pris la mesure du mécontentement populaire, envisage une nouvelle baisse des tarifs de la Senelec dans le premier semestre de 2020, cela signifie qu’il y a forcément une vérité qui nous a été cachée. Rien que cela justifie amplement un audit indépendant pour y voir plus clair. Mais, entendons-nous bien. Un audit ne vise pas nécessairement un individu. Du point de vue managérial, il est plus un mécanisme de gestion et surtout un outil d’aide à la décision. Pour bien, voire mieux faire. L’audit est à l’entreprise ce que le tableau de bord est à la voiture, au train, au bateau ou à l’avion. Selon qu’on est manager, conducteur, capitaine ou pilote, la visibilité est une question vitale. Un audit donc et tout le monde est à l’aise ! Encore que l’actuel Directeur général de la Senelec ne le réclame pas !
C’est en cela que le gouvernement doit comprendre la colère justifiée des citoyens qui s’opposent au renchérissement de la facture de courant. S’abstenir, du côté du pouvoir, de voir dans les appels à manifester la main invisible de l’opposition. Ce serait d’ailleurs de bonne guerre si tel était le cas. Le rôle d’un opposant n’est-il pas dans une grande mesure d’être un empêcheur de… gouverner en rond ? Le pouvoir lui, parce que droit dans ses bottes, gagnerait pour sa part, à prendre en charge les préoccupations populaires et à satisfaire les demandes quand elles sont légitimes.
Et la revendication sur l’électricité semble l’être. Tout au moins le contribuable a l’impression qu’il est le seul à se saigner pour participer à l’effort de guerre. Ou en tout cas, qu’on lui en a trop demandé. La perception d’un fait peut être plus forte que le fait lui-même. Cette perception est la suivante : Gorgorlou cherche la queue du diable pour pouvoir la tirer quand une poignée de privilégiés rase gratis. Les querelles intestines récentes dans le camp du pouvoir et qui ne sont pas finies, qui plus est sur fond d’accusation d’avantages indus, n’ont fait qu’aggraver la situation. Sentiment d’injustice sociale à dissiper au plus vite. Avant qu’il ne soit trop tard, tout au moins ! Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse.