Ce n'est sûrement pas demain que l'Afrique tournera la page des présidents à vie. Celui de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou, vient allonger la liste de ces dirigeants qui, une fois au pouvoir, refusent de passer le témoin. Et sont prêts à tout pour conserver un poste juteux qu'ils avaient pourtant promis de rendre après quelques mandats.

Hayatou avait aussi annoncé, sur RFI, sa retraite après 26 ans de règne à la tête de cette instance du football continentale. ''Un mot sur vous personnellement, est-ce que vous allez vous représenter comme président de la CAF ?'', lui avait demandé un journaliste au lendemain du Championnat d'Afrique de football (CHAN) 2011.

Sa réponse fut sans ambiguïté : ''… Je dis en toute sincérité, en ce qui me concerne, j’ai envie d’arrêter. Parce que c’est contraignant. Ce n’est pas si facile. J’ai 37 ans de carrière dans le football et c’est beaucoup. En plus, je suis à la FIFA, je suis au CIO, c’est très contraignant tous ces déplacements. On est tout le temps dans les avions, on est tout le temps stressé. Regardez : cette semaine nous aurons à départager le nombre d’équipes qui doivent représenter les Confédérations à la Coupe du monde 2014 au Brésil.

Je suis déjà stressé de savoir si l’on va nous redonner les six places que nous avions en Afrique du Sud ou bien si nous allons en perdre. Ce sont autant de choses qui pèsent sur les épaules du président ! Vous voyez le stress avec lequel j’aborde chaque matin le problème du football africain. J’ai 65 ans, je crois qu’il est temps que je pense à raccrocher et partir. Ceci dit, je ne sais pas ce que les Africains penseront de ça. Mais moi, personnellement, je voudrais partir, je vous le dis en toute sincérité.''

Oui, il ne restait que l'aval des Africains... soucieux de conserver les mêmes privilèges. Ceux-ci l'ont bien aidé à baliser le chemin depuis septembre dernier lorsqu'ils ont honteusement modifié les textes pour écarter l'Ivoirien Jacques Anouma, principal concurrent de leur mentor. Des modifications apportées aux statuts de la CAF rendent inéligible l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), malgré le soutien de celle-ci. Un texte que le Liberia avait attaqué auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS), sans succès. Et Issa Hayatou va continuer de régner encore, et encore...

ADAMA COLY