Publié le 17 Mar 2018 - 17:53
TERRORISME - DENONCE PAR SA MAMAN

L’étudiant Assane Camara risque 5 ans de travaux forcés 

 

Assane Camara, poursuivi des faits d’association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes et d’association en vue de financer le terrorisme, sera fixé sur son sort le 9 avril prochain. La chambre criminelle spéciale de Dakar a mis l’affaire en délibéré, après audition des différentes parties. Il risque une peine de 5 ans de travaux forcés.

 

Assane Camara, étudiant en économie, a été dénoncé par sa mère Astou Lo. La dame s’est présentée, le 22 janvier 2016, à la Division des investigations criminelles (DIC) pour informer les policiers du voyage de son fils en terre tunisienne, aux fins d’intégrer un groupe djihadiste. Quelques jours plus tard, elle est retournée saisir la Dic, après qu’Assane Camara a été refoulé. Les enquêteurs ont alors procédé à l’arrestation du présumé terroriste. Ce dernier a été placé sous mandat de dépôt le 3 février 2016, pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes et association de malfaiteurs en vue de financer le terrorisme.

Avant de dénoncer son fils, Astou Lo s’était rendue au Canada, en 2014, pour le récupérer. Elle avait été informée qu’il avait quitté l’université de Sherbrooke pour rallier Edmonton avec ses amis. Mais le retour au bercail n’a pas changé le comportement de l’étudiant économiste. Il n’a pas changé de comportement. Il a continué à fréquenter des djihadistes.  

Attrait devant la barre hier, il a contesté les faits. ‘’J’ai rejoint Edmonton pour obtenir une autonomie financière, afin de payer mes études. Mon voyage de Tunis était une visite touristique pour voir un ami que je n’avais pas vu depuis quelques années. J’ai été refoulé parce que le gouvernement tunisien m’avait fiché. L’argent que je recevais servait à préparer mon retour de Canada’’, s’est-il défendu. Mais le parquet a, dans son réquisitoire, démontré la culpabilité de l’accusé. Il fonde son argumentaire sur le fait que l’association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes est une infraction d’obstacle.

Pour lui, le législateur veut réprimer les actes préparatoires pour éviter que le résultat dommageable soit atteint. ’’Ce qui est constant, c’est qu’il a quitté Sherbrooke pour aller à Edmonton avec des personnes avec qui il partage le même objectif. Il reste constant qu’il a organisé un projet et réalisé un dessein avec d’autres individus qui ont intégré les rangs des djihadistes.  L’appartenance de l’agent pénal à un groupe dont le but est de commettre des actes terroristes suffit amplement pour caractériser l’infraction et reçoit de l’argent des personnes qu’il ne connait pas’’, soutient-il. Le représentant du ministère public a tout de même sollicité l’application de larges circonstances atténuantes en faveur de l’accusé, afin de lui permettre d’intégrer la société et de reprendre ses études. 

 La défense a exclu l’imputabilité des faits, en se fondant sur l’absence de résultats. ‘’Vous ne pouvez pas sanctionner sur la base des théories et des actes préparatoires, sans pour autant se fonder sur des faits. L’élément matériel est fondamental pour asseoir une condamnation. Enlèvement, séquestration ou atteinte à la vie sont les actes matériels de l’infraction de l’acte de terrorisme’’, a déclaré Me Ousmane Sèye. 

Il a, par ailleurs, précisé que le parquet n’est pas parvenu à prouver qu’Assane Camara a financé le terrorisme. ‘’Aucune investigation n’a été faite après l’alerte de sa mère.  Aucune enquête n’a été réalisée sur ses amis que la justice sénégalaise qualifie de terroristes.

Son confrère, Me Djiby Diagne, a évoqué l’ordonnance de renvoi pour tenter de disculper son client. ‘’Le problème de l’association de malfaiteurs est déjà réglé par le juge d’instruction. Il n’a renvoyé devant vous qu’une seule personne, Assane Camara. Le non-lieu accordé à Atoumane Sow qui recevait l’argent envoyé par ses camarades depuis l’étranger, prouve que l’association n’est pas caractérisée. Donc, le magistrat instructeur devrait en tirer les conséquences en libérant mon client.  Assane Camara ne peut pas être condamné, parce qu’il n’a commis aucun acte positif tendant à commettre ou financer un acte terroriste‘’, a–t–il soutenu. Ils ont tous les deux plaidé l’acquittement pur et simple de l’accusé.

Le président a mis l’affaire en délibéré au 9 avril 2018.

OUMAR BAYO BA

Section: