Publié le 19 Feb 2020 - 19:51
LENTEUR ADOPTION DU DECRET ENCADRANT LA VENTE DU TABAC

La Listab tire la sonnette d’alarme 

 

La loi de 2014, relative à la fabrication, à la vente et à l’utilisation du tabac, prévoit un décret pour encadrer la commercialisation du produit qui ne doit plus se faire dans certains lieux. Le retard de l’adoption de ce décret, qui dort depuis 1 an au Secrétariat du gouvernement, a fait réagir la Listab qui dénonce les lenteurs.

 

Le Sénégal a adopté, en 2014, une loi relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’utilisation du tabac. Mais 6 ans après son adoption, certains de ses décrets d’application trainent encore dans les tiroirs du gouvernement. C’est le cas du projet de décret fixant la procédure des modalités et conditions de délivrance d’autorisation d’ouverture d’un débit de tabac ou de son retrait et de sa fermeture définitive.

Adopté en conseil technique en février 2019, ce projet de décret dort encore dans les armoires du Secrétariat général de la présidence, en attendant son adoption en Conseil des ministres. Cette lenteur administrative inquiète la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) qui soupçonne l’existence de ‘’personnes tapies dans l’ombre pour faire blocage à ce projet’’.

Pour faire réagir le gouvernement, la Listab a organisé, hier, une conférence de presse pour dénoncer les lenteurs notées. Elle a appelé, à cette occasion, le gouvernement à diligenter la situation pour l’adoption de ce décret qui va révolutionner toute l’économie du tabac au Sénégal. ‘’Nous avons réagi et tout fait depuis un an, pour que ce décret puisse passer en Conseil des ministres. Mais nous nous rendons compte qu’il est toujours en train de dormir dans les tiroirs au niveau du Secrétariat général du gouvernement. L’objectif de cette conférence de presse est de tirer la sonnette d’alarme et de demander au gouvernement de bien vouloir diligenter ce décret qui est très important et révolutionnaire.  Aujourd’hui, le tabac est vendu partout dans le pays, à tous les coins de rue, et le décret pourrait régler tous ces problèmes, parce qu’il va sortir le tabac des boutiques’’, a déclaré Mamadou Moustapha Gaye, Président de la Ligue sénégalaise contre le tabac.

En effet, l’entrée en vigueur de ce décret va impliquer l’application de l’article 19 de la loi de 2014 qui prévoit que le tabac et ses produits dérivés ne doivent être commercialisés que dans les débits, après obtention d’une autorisation délivrée par arrêté administratif.  Ce décret interdit aussi la vente du tabac dans les boutiques, avec les chariots ou les kiosques de rue et dans un rayon de 200 m des écoles et des lieux de culte. ‘’Il faut comprendre que ce décret va opérer beaucoup de bouleversements, parce qu’il y a beaucoup de monde qui vit de l’économie du tabac. Tous les petits vendeurs dans les rues et quelquefois devant les écoles, ce qui est formellement interdit par la loi, vont disparaitre. La vente sera encadrée et la loi va opérer beaucoup de bouleversements au niveau de la commercialisation du tabac. C’est pourquoi nous lançons un appel au président de la République, qui est un champion de la lutte contre le tabac, car c’est à son arrivée que la loi a été adoptée, de bien vouloir diligenter ce dossier, parce que nous ne pouvons plus attendre’’, insiste Dr Gaye.

En outre, ces acteurs de la lutte contre le tabac soupçonnent l’industrie du tabac, à travers son lobbying, de manœuvres pour le blocage de l’adoption de ce décret qui aura des conséquences énormes sur leurs économies. ‘’On se pose des questions de savoir qui sont derrière ce décret au niveau du Secrétariat général. Ce décret a déjà été adopté en conseil technique, depuis février 2019, et il dort toujours dans les tiroirs du gouvernement. Nous ne comprenons pas pourquoi il n’est pas encore programmé au Conseil des ministres. Nous avons interpelé dans ce sens le Secrétariat général du gouvernement, à travers le ministère de la Santé, pour voir où se situe ce blocage. Au début, on avait des réponses disant que le président était parfois en voyage, qu’il y avait l’élection présidentielle, etc. Mais un an après, ce décret dort toujours dans les tiroirs’’, regrette Djibril Wellé, membre de la société civile, par ailleurs vice-président de la Listab.

La question de la chicha

En plus du décret sur l’encadrement et le contrôle de la vente du tabac, il y a un autre texte concernant ce secteur qui traine au SG du gouvernement. Il s’agit du projet de décret pour l’interdiction de l’utilisation du tabac aromatisé comme la chicha qui est aussi nocive pour la santé. Djibril Wellé et ses camarades ont profité de leur face-à-face avec les journalistes pour dénoncer les lenteurs notées dans l’adoption de ce texte.

‘’Il y a un arrêté conjoint dans ce décret qui interdit la chicha. Et après toute cette volonté politique et l’engagement du président de la République, nous pensons qu’il y a des personnes tapies dans l’ombre qui sont en train de bloquer l’adoption du décret. Ce sont elles que nous dénonçons pour leur dire de libérer le texte pour protéger le peuple sénégalais’’, insiste M. Wellé.

Il indique que si la conférence de presse d’hier ne fait pas réagir les autorités, la Listab envisage d’entreprendre des tournées au niveau des chefs religieux, pour leur dire de ‘’porter le plaidoyer au plus haut niveau, pour l’adoption du décret’’.

ABBA BA