Dans la douleur, certes, mais le Sénégal a finalement validé son ticket pour prendre place dans le cercle restreint des seize meilleures nations du football. Pendant que les Lions bataillaient fort pour prendre le meilleur sur leur adversaire du jour, dans les aires dédiées comme les fan-zones, les supporters n'ont aussi ménagé aucun effort afin d'apporter le soutien maximum à leurs ambassadeurs au Qatar.

Vert, jaune, rouge, comme lors de l'épopée de la Can au Cameroun, les supporters des Lions ont adopté le même dress code, ici dans la fan-zone de la place de la Nation. En plus des couleurs nationales, le son aussi est venu donner de l'ambiance dans cet espace plein de monde. Des centaines de supporters ont troqué le confort et parfois le calme des maisons pour la chaleur des fan-zones.

Quand Gana Guèye, d'abord et Boulaye Dia, ensuite, ratent les deux premières occasions franches, quelques cris s'élèvent pour mourir aussitôt. La nuée de supporters venue pousser l'équipe est à fond dans la rencontre, la concentration se lisait sur tous les visages. Mais quand, à la 44e mn, l'arbitre français, Clément Turpin, désigne le point de penalty, la foule exulte. La clameur sera à son paroxysme lorsqu'Ismaila Sarr remporte son duel face au portier Équatorien Galindez. Le Sénégal mène un but à zéro à la pause.

De la joie à l’angoisse

En seconde période, après les petits commentaires çà et là, ainsi que le casse-croûte, les supporters sont replongés dans cette rencontre capitale. Mais la domination de la Banana Mecánica durant les premières minutes du second acte a provoqué des râlements des uns et des autres, de plus en plus inquiets par la montée en puissance d'Enner Valencia et ses acolytes. Ces inconditionnels des Lions avaient raison, car juste sept minutes après l'heure de jeu, l’Équateur remettait les pendules à l'heure (1-1).

Cette égalisation a fait planer un silence radio d'à peine deux minutes, avant que le capitaine Kalidou Koulibaly, himself, ne redonne l'avantage à ses coéquipiers, à la suite d'une balle arrêtée mal négociée par la défense équatorienne.

La délivrance

Cette rencontre, pour tout dire, en aura montré de toutes les couleurs aux supporters, qui n'ont eu de répit qu'au coup de sifflet final, submergés, pour la plupart, par le stress et surtout la joie de voir le Sénégal en huitièmes.

‘’Je suis hyper content. J'en perds même les mots. Ma joie est juste indescriptible. En 2018, un carton jaune de plus nous avait privés des huitièmes de finale. Il était impensable que quatre années après, nous ne parvenions pas à sortir des poules. En outre, nous sommes champions d'Afrique en titre ; nous devions honorer notre rang et, par ricochet, toute l'Afrique’’, a affirmé Abdou, habitant de Colobane, donc non loin de la fan-zone.

Visiblement dopé par cette qualification, cet inconditionnel des Lions ajoute : ‘’Maintenant, que ça soit l'Angleterre, les États-Unis ou toute autre équipe, nous sommes prêts. Cette victoire va nous permettre de faire le plein de confiance. D'autant plus que dans cette phase à élimination directe, il n'y a plus vraiment de calcul. Le plus important, c'est de gagner et de poursuivre l'aventure le plus longtemps possible et pourquoi ne pas toucher enfin les étoiles pour une équipe africaine.’’

Pour Alioune, un des rares supporters à ne pas se vêtir du maillot national, l'espoir aura était intact du début à la fin et ce, malgré, sur un corner, l'égalisation de Moises Caicedo, à la 77e mn. ‘’Ce ne sont pas que des paroles, mais malgré l'égalisation de l'Équateur, je n'ai pas douté une seule fois que nous pouvions encore reprendre l'avantage. Et c'est ce qui est arrivé très vite, pour ensuite pouvoir gérer derrière. J'étais certes stressé, plus les minutes s'écoulaient, mais au fond, ma confiance pour décrocher cette victoire était toujours restée immuable’’, confie ce fan.

Selon lui, il faudra préparer les huitièmes de finale dans ce même ‘’état d'esprit’’, mettre le maximum d'engagement et se montrer le plus réaliste possible devant les buts.

Une pensée pour Pape Bouba Diop

Dans cette euphorie, certains n'ont pas oublié la symbolique autour de cette date, de cette victoire. C'est le cas d'Ousmane, venu directement de Nord-Foire pour soutenir Aliou Cissé et ses troupes. ‘’C'est une victoire et une qualification symboliques. Vingt ans après, nous nous retrouvons en huitièmes de finale d'une Coupe du monde et cela coïncide avec les deux ans de la disparition de Pape Bouba Diop. Ce dernier avait d'ailleurs inscrit notre tout premier but dans ce tournoi. Là réside justement tout le symbole de cette qualification. Nous sommes contents pour la qualif et très fiers de nos Lions. Mais mention spéciale au coach ‘El Tactico’ ainsi qu'à tout son staff’’.

À en croire le jeune homme, c'est une autre compétition qui va commencer avec cette qualification. ‘’Le boulot a été, mais maintenant ce sont les phases à élimination directe. Même si nous héritons d'un très gros morceau, en l'occurrence l'équipe des Three Lions, ce n'est pas impossible. Un magnifique duel de Lions nous attend. À nous d'être prêts, comme nous l'avons fait aujourd'hui’’, laisse-t-il entendre.

MAMADOU DIOP (STAGIAIRE)