Amath Dansokho n’est nullement ébranlé par la citation directe servie par Abdoulaye Wade pour diffamation. En visite hier Yeumbeul Nord, il s’est prononcé sur l’affaire et volé une nouvelle fois dans les plumes de l’ex-président. CHEIKH THIAM

Venu rendre visite à la communauté originaire du Fouladou établie à Yeumbeul Nord, dans la banlieue dakaroise, le président d’honneur du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), Amath Dansokho, s’est dit prêt à en découdre avec Abdoulaye Wade devant un tribunal. Ce dernier lui a servi une citation directe pour avoir déclaré, lors de sa dernière tournée à Vélingara, au moins de septembre dernier, que « Wade et son régime ont dilapidé tout l’argent du pays.

A chacun de ses voyages à l’extérieur, il ne portait pas moins de 6 milliards de francs dans la soute de l’avion ». «J’avoue que je m’attendais tout à fait à une chose pareille. Mais, ce n’est pas la première fois que j’ai un procès de cette nature. Je n’ai jamais perdu un procès en diffamation, parce que tout ce que je dis, j’en ai des preuves. Il a fait des choses, il n’a qu’à assumer. Il ne faut pas qu’il s’en prenne à moi qui n’accuserais jamais personne d’une chose qui n’existe pas », a soutenu hier le ministre conseiller.

Apparemment pas le moins du monde intimidé, il a poursuivi son speech sur un ton railleur. « Maintenant, s’il veut des milliards, s’il n’en a pas assez, ce ne sera pas moi qui vais lui en donner. Je n’en ai pas. S’il veut, il n’a qu’à venir prendre ma bibliothèque. C’est cette dernière que j’ai de plus chère. Tout le reste, je m’en fous. Je peux parfaitement vivre et dignement’’. Ainsi Amath Dansokho renseigne qu’il ira au tribunal, et l’opinion verra de qui on fera le procès. ‘’J’irai au procès et lui il le sait. Quand il était président, j’ai été convoqué par les juges pour une affaire de diffamation. Je me suis levé en conseil des ministres et j’ai dit : M. le Président, je vais répondre à la convocation de la justice. Il m’a dit : non ! Mais, j’ai insisté. Le procès n’a même pas eu lieu, car j’avais raison’’, a raconté l’ancien maire de Kédougou.

‘’… l’argent de Korhogo et de Bouaké’’

En outre, M. Dansokho a dit son incompréhension devant le comportement de l’ex-président qui lui intente un procès et non à la Banque centrale qui a déclaré que des centaines de milliards ont été trouvés dans les pays du Golfe. De l’argent qui ne peut pas être justifié par une activité économique normale. ‘’On n’a pas des relations d’affaires importantes avec les pays du Golfe.

Pourquoi il n’a pas porté plainte ? Il est indexé si cruellement que cela a provoqué une tension entre lui et Konan Banny. Tout le monde a entendu Konan Banny dire : on sait maintenant ceux qui ont blanchi l’argent de Korhogo et de Bouaké. Il avait dit aux journalistes : je ne sais pas si je vais vous rencontrer une prochaine fois. Car, il n’avait pas exclu d’être assassiné, vu qu’il allait faire des révélations fracassantes. Il avait dit un lundi que dès le mercredi suivant, il allait publier la liste de toutes les personnes qui sont concernées par ce blanchiment’’. Selon M. Dansokho, après cet épisode, Abdoulaye Wade n’a plus prononcé le nom de Konan Banny.

Aujourd’hui, si Dansokho a pris la décision de repartir en croisade contre l’ex-chef de l’Etat, c’est parce que, dit-il, il s’est rendu compte que Wade venait au Sénégal pour destituer un régime régulièrement élu. ‘’C’est contre cela que je m’insurge. J’appelle tous les républicains et démocrates à défendre la République. Il ne faut pas dire que c’est une affaire entre Macky et Wade. Ils veulent déstabiliser ce régime, parce qu’ils sont sûrs qu’ils n’ont aucun moyen d’empêcher Macky de rester au pouvoir le restant de son mandat. Je ne tolérerai pas cela’’, a-t-il martelé.

Et pourtant, il s’est dit favorable à des retrouvailles entre Macky et Wade, à condition que les intérêts du pays soient préservés.  ‘Je pense qu’ils peuvent se retrouver. Mais, qu’on ne négocie pas sur le dos des Sénégalais ou du Sénégal. C’est tout. Moi, je suis pour. Je rencontre Abdoulaye Wade. Il est venu me voir à l’hôpital. Je n’ai aucun problème avec lui’’, a conclu Dansokho.