Publié le 26 Mar 2012 - 08:29
ÉDITORIAL

Grandeur Sénégal !

Quelle bonne mouche a donc piqué Me Wade pour qu'il respecte la dernière promesse faite au peuple sénégalais ; à savoir qu'il se plierait au verdict des urnes, en cas de défaite. Il avait bien dit qu'il ne ferait pas moins que Diouf, mais on ne l'avait point cru. Il a pourtant tenu promesse.

 

Si nous n'avons point été surpris du résultat des urnes, tendance que nous avions perçue depuis quelques mois, il faut bien reconnaître que nous le sommes du point de vue de la rapidité avec laquelle Wade a pris le combiné du téléphone, sans même attendre que les résultats soient validés par les commissions départementales. Que s'est-il donc passé ? Comme Diouf en 2000, l'histoire nous le dira, certainement par doses homéopathiques. Mais en attendant que toute la brume se dissipe, on ne peut manquer de relever que l'écart entre les deux candidats du second tour a été si énorme, que les dés étaient bien pipés, une heure seulement après la fermeture des bureaux de votes. Le pouvoir en place aurait pu risquer des prolongations si la faille n'était que de deux ou trois points. Mais comme tout le monde l'a constaté, il y a, au moins, dix points, entre Macky et Wade, en attendant bien sûr une validation définitive des résultats.

 

Nous sommes bien loin de l'hypothèse d'un Wade qui passe sans sourciller dès le premier tour. C'est finalement, et bien heureusement, le peuple sénégalais qui en sort grandi. Il vient encore de prouver qu'il est bien en avance non seulement sur sa classe politique mais aussi sur ses élites de tous genres. Tout le monde redoutait encore une fois le pire, que le peuple opte pour la violence ou pour l'immobilisme. Rien de tout cela. Bien au contraire, ce magnifique peuple vient de réduire au silence les plus tonitruants des soutiens de Wade, y compris ceux qui se promettaient de faire voter les djinns. C'est l'échec des forces moyenâgeuses qui prétendent tenir leur légitimité du ciel, alors qu'il s'agit simplement de voter, rien de plus. Et c'est le peuple souverain qui vient encore rappeler aux politiques qui l'auraient oublié que c'est lui et seulement lui qui donne le pouvoir. C'est aussi la sanction contre l'arrogance d’État qui consiste à donner le pouvoir à des ministres (au sens propre du terme) qui n'en ont pas le profil. Contre la loi de famille imposée à l’État. Le peuple souverain vient aussi de sanctionner à sa manière... le verdict du Conseil constitutionnel. Plus sage que les ''Cinq sages''. Il sera encore là pour surveiller et sanctionner. Et c'est cela, en vérité la bonne nouvelle.

 

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