Publié le 15 Jul 2016 - 20:52
ACCUSES D’AVOIR DETOURNE 40 000 L DE CARBURANT

7 employés de Vivo Energy encourent 3 ans de prison

 

Le parquet a requis hier trois ans d’emprisonnement ferme contre sept employés de la société pétrolière Vivo energy accusés d’avoir volé 40 000 litres de carburant.

 

Les sept employés de Vivo energy traduits hier devant le tribunal correctionnel de Dakar ont-ils été accusés pour couvrir un détournement commis par des responsables de la société pétrolière ? La question a taraudé l’esprit des avocats des prévenus accusés de vol commis la nuit, à l’occasion du service, avec usage de véhicule et complicité. Les prévenus S. Diallo, M. Bâ, M. Danfakha, Ch. S. Ashibi, L. Sano, M. G. Fall et S. Diawara sont en effet accusés d’avoir volé 40 000 litres de carburant, dans la nuit du 19 mars 2015. Selon l’accusation, ils ont fait entrer un camion au Port pour subtiliser du gasoil que les responsables de Vivo avaient oublié de répertorier. Mais les prévenus ont battu en brèche cette accusation, dès l’entame de l’instruction d’audience, en soutenant qu’aucun d’entre eux ne travaille la nuit. Mieux, aucun chargement ne se fait la nuit.

Quoi qu’il en soit, les prévenus sont tombés, suite à une dénonciation de S. Diallo, responsable de chargement. Lorsque le vol a été ébruité, ce dernier a, dans la réponse à la demande d’explication que lui avait servie sa direction, désigné M. Bâ comme étant l’auteur, aidé en cela par ses autres coprévenus. Le responsable du chargement a aussi décrit le rôle de chacun. Lors de l’enquête, il a servi la même version. Mais hier, devant la barre, S. Diallo a fait un virage à 180 degrés, en soutenant que ses aveux étaient cousus de fil blanc. ‘’Des collègues m’avaient dit que M. Bâ avait monté un coup contre moi, en m’accusant. Alors, j’ai inventé cette histoire. J’étais perturbé et je ne voulais pas perdre mon emploi. Mais, rien n’est vrai dans tout ce que j’ai dit’’, s’est défendu le responsable du chargement.

Le chef de poste A. Danfakha, qui s’occupe du contrôle des camions devant charger le carburant, a laissé entendre que les lieux sont tellement sécurisés avec des caméras et des écrans mosaïques qu’aucun camion ne peut sortir sans être vu. Il a nié avoir reçu l’ordre de laisser sortir le camion qui aurait servi à transporter le carburant volé, sans bon de sortie. ‘’Les caméras sont tellement sophistiquées qu’elles permettent de voir même une aiguille tombée’’, a renchéri Ch. S. Ashibi. L’agent de sécurité M. G. Fall a abondé dans le même, en vantant la qualité des caméras de sécurité. Le prévenu Ashibi est revenu sur la procédure de sortie des camions. ‘’Après le chargement, la douane, Véritas et CGE vérifient chacun, à son tour, pour éviter tout dépassement par rapport à la qualité’’, a-t-il renseigné, tout en précisant qu’aucun camion ne sort sans un bon de sortie.

L’agent de sécurité L. Sano a soutenu qu’il n’a même pas le droit de mettre les pieds à l’endroit où serait commis le vol. Par conséquent, il n’a pas touché le registre qu’on l’accuse d’avoir déchiré. S. Diawara a laissé entendre que son travail se limite à faire la vérification technique des véhicules. Désigné comme auteur principal, le pompiste M. Bâ n’a pas été prolixe. Il s’est contenté de dire qu’il est étranger aux faits et c’est le même argument qu’il avait paraphé sur sa demande d’explication. Cependant, tout comme les enquêteurs, les juges ont été intrigués par l’importante somme d’argent, plus de 45 millions F CFA trouvés dans ses comptes bancaires. ‘’C’est mon argent, car en dehors de mon travail, je fais du commerce’’, a justifié M. Bâ.

40 millions F CFA réclamés aux prévenus

Le conseil de Vivo energy n’a pas été convaincu par les dénégations des prévenus. ‘’Si S. Diallo voulait uniquement se venger de M. Bâ, il n’était pas obligé de faire des aveux, en s’accusant’’, a martelé Me Emmanuel Diatta. Pour la réparation, il a réclamé des dommages et intérêts estimés à 40 millions F CFA. Le substitut Adama Ndiaye s’est inscrit dans la logique du conseil de la partie civile. Il reste convaincu que si le vol n’existait pas, S. Diawara n’aurait pas décrit le camion qui a transporté le butin. Après avoir décrit le rôle de chacun, il a requis une peine de trois ans ferme.

Mes Abdou Dialy Kane et Bamba Cissé ont déploré l’absence de preuve et même du vol, car il est impossible qu’un camion puisse entrer au Port et en ressortir sans contrôle. ‘’Pourquoi on n’a pas présenté le film et le registre incriminés ?’’ a pesté Me Ndiéguène. Me Diaw reste persuadé que les responsables de Vivo energy veulent couvrir un manquant de 130 000 litres de carburant découvert auparavant. Au regard de tous ces arguments, ils ont plaidé la relaxe pure et simple des prévenus. 

FATOU SY

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