Publié le 26 Oct 2021 - 12:09
AFFAIRE D-MEDIA

Le fisc inventorie le matériel du groupe de presse

 

Drôle de matinée hier, chez nos confrères de la SenTV. La télévision du groupe de presse D-Media a reçu la ‘’visite surprise’’, selon son rédacteur en chef, d’un avocat et d’un huissier de justice venus faire l’inventaire du matériel détenu par l’organe médiatique appartenant à l’opposant politique Bougane Guèye Dani. En lieu et place l’émission matinale ‘’Subateel’’, ce sont les images d'agents comptant et prenant note du matériel sur place qui a été diffusée en direct, hier matin.

Simon Faye, lors d’une intervention à l'antenne, a donné quelques détails : ‘’Ils sont là pour répertorier tout ce qu’il y a comme matériel dans l’immeuble, du rez-de-chaussée jusqu’au 5e étage. Ils ont fait leur travail avant de repartir. Il faut juste préciser que c’est la suite logique de l’affaire D-Media - Impôts et domaines. C’est ce que m’a dit l’huissier. Le gendarme m’a demandé si j’étais au courant et je lui ai répondu par la négative. C’est dans ce contexte que j’ai appelé qui de droit pour voir la suite à réserver à cette situation.’’

Depuis plus d’un mois (mardi 21 septembre 2022), tous les comptes bancaires de la SenTV ont été coupés par le service des impôts, a annoncé le groupe qui dénonce ‘’un acharnement purement politique d'inspecteurs des impôts et domaines du Centre des moyennes entreprises (CME)’’. Le fisc réclame à la télévision du groupe du leader du mouvement politique Gueum Sa Bopp près de 2 milliards de F CFA d’impôts. Ce, malgré l’annonce des autorités de mesures d’accompagnement des entreprises de presse face aux conséquences de la pandémie de coronavirus : exonération du 1er octobre 2020 au 31 décembre 2021 ; remise pour toutes les dettes antérieures au 30 septembre 2020.

La visite des huissiers en vue d’une procédure de saisie du matériel s’est accompagnée d’un impressionnant dispositif de sécurité de la gendarmerie nationale qui a encerclé le site de l’entreprise. Craignaient-ils un soulèvement de militants ou sympathisants du leader de Gueum Sa Bopp ? Il reste difficile, pour les  travailleurs de la chaîne, de démêler les activités politiques de leur patron de cette procédure fiscale. Pour Simon Faye, ‘’si cela a des relents politiques, la plupart des gens qui sont là ne sont pas des militants de Gueum Sa Bopp. Nous sommes des employés de Bougane et nous avons une relation strictement professionnelle avec lui. Donc, notre position est que nous sommes aujourd’hui dans un média et il y a problème, si la démocratie doit être bâillonnée. Si la finalité c’est de fermer des médias, demain sera vraiment inquiétant’’.

Il faut dire que le signal de la SenTV a déjà été coupé deux fois par le CNRA en un an (début 2020 et mars 2021). De plus, l'ARTP avait donné des mises en garde à la chaîne pour des redevances de près de 2 milliards.

La SenTV a tout de même reçu beaucoup de soutiens, après cette journée éprouvante. En effet, le président de l’Association des professionnels de la presse en ligne, Ibrahima Lissa Faye, a mis en garde : ‘’Quelle que soit l’appartenance politique du journaliste, son travail, il doit le faire en toute impartialité. Quand on essaye d’atteindre Bougane et qu’on passe par ses organes, ça devient inquiétant. Et ça peut avoir d’autres répercussions beaucoup plus graves.’’ Le leader politique de la coalition Taxawu Sénégal, Khalifa Sall, de même que le mouvement Y en a marre ont tous deux appelé au respect de la démocratie.  

 

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