Publié le 3 Mar 2013 - 12:27
DÉGUERPISSEMENT GARAGE MÉCANICIEN

 Les habitations sautent, les mécaniciens restent

Les agents de la mairie sont revenus, hier, au garage des mécaniciens sis sur la VDN, mais en changeant de tactique cette fois-ci. Ils ont sommé les habitants de quitter et demandé aux mécaniciens de rester. Mais jusqu’à quand ?

 

 

Le soleil a décliné hier au garage des mécanicien de la VDN sous un décor d’après-guerre. Les habitants sommés de partir se sont employés à récupérer les derniers objets dans les tas de ruines que sont devenus leurs anciens baraquements. Il faudra partir aujourd’hui, c’est la décision de l’autorité. Seuls les mécaniciens sont autorisés à rester sur les lieux. Mais pendant combien de temps encore ?, s’interrogent-ils, aussi inquiets que les victimes actuelles. Il y a de quoi, car sur ces lieux souffle un vent bizarre à la senteur d’un acte inachevé.

 

L’épée de Damoclès reste pointée sur les têtes et ils en sont tous conscients. ‘’Je ne sais pas quand et comment, mais ces gens reviendront pour nous déguerpir’’, lance Doudou, les habits tachés d’huile provenant d’on ne sait quel moteur. Ici, les gens sont soit noirs soit noircis. Ils sentent l’huile, ont les habits entachés, les mains grosses et rugueuses et le teint qui brille. Ce sont des mé-ca-ni-ciens, des bosseurs. Pour l’heure, ils savourent le départ de leurs voisins ‘’encombrants’’. Ils se sont tous félicités du départ des habitants des lieux. ''Ici, c’est pour travailler et non pour autres choses. Ces gens font du n’importe quoi sur le garage’’, peste Moussa Ndoye, sous sa combinaison ‘’bleu-huilée’’.

 

''Alcool, drogue, prostitution, il y a même des boîtes de nuit par ici’’

 

Dans ces lieux, tout s’y passe, surtout la nuit. ‘’Alcool, drogue, prostitution, il y a même des boîtes de nuit par ici’’, raconte Moussa Ndoye. Des arguments renforcés par ce groupe de mécaniciens qui se forme tout autour de nous. ‘’C’est une promiscuité totale par ici, plus de dix individus peuvent se partager un même baraquement. La pénombre aidant, il y a du tout, la nuit, dans ces taudis’’, s’accordent plusieurs mécaniciens. Aux cotés d’eux, les bannis des lieux s’activent sur les ruines de leurs habitations dévastées par les Caterpillars de la mairie de Dakar.

 

Hommes, femmes et enfants s'échinent à emporter ce qui peut encore l’être. Tels des réfugiés, ils quittent les lieux en colonne, le regard triste, la gorge serrée et la mine catastrophée. La nuit sera certainement longue pour ces familles expulsées. Debout face à ses vieux matelas, cette dame flanquée de sa jeune progéniture partage son angoisse : ''Nous allons à Grand-Yoff voir si nos parents là-bas peuvent nous héberger’’. Si cette tentative échoue ? Bien sûr, elle dormira à la belle étoile. Avec ses enfants. Sous ce froid agressif. C’est la galère.

 

Amadou NDIAYE

 

 

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