Publié le 17 Jul 2013 - 02:05
LE BFEM AUJOURD'HUI

A quoi sert ce diplôme ?

 

Le Brevet de fin d'études moyennes (BFEM) a-t-il toujours sa valeur d'antan ? Le parchemin ne permet plus aujourd’hui à son titulaire de se présenter à certains concours, comme celui pour la formation des instituteurs. Mais d'aucuns estiment que ce diplôme est toujours utile pour prétendre à divers corps de métiers.

 

Est-on toujours aussi fiers de décrocher le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) ? Naguère sésame pour des concours de choix, comme l'ex-école normale pour la formation d'instituteurs ou l'entrée à l’École nationale de développement social et sanitaire (ENDSS), le diplôme n'ouvre plus qu'à des concours et des métiers peu cotés.

Pourtant, aujourd’hui, 162 914 candidats vont se présenter à cet examen à travers l’ensemble du territoire national. C'est que le BFEM reste, malgré tout, ''un diplôme utile'', de l'avis du secrétaire général du CUSEMS, Ndongo Sarr, dans le sens où il sanctionne un niveau d’études. ‘’Ce n’est pas pour donner du travail, mais il sanctionne un niveau de connaissances. Il est encore possible après le BFEM de faire un certain nombre de formations. Il reste utile d’autant plus que c’est le parchemin qu’il faut pour aller au niveau du secondaire’’, insiste le secrétaire général du CUSEMS.

Comme d'autres parchemins, le BFEM garde toujours une valeur car il permet à son titulaire de pouvoir se présenter à nombre de concours, fait valoir le président de la Fédération des associations de parents d’élèves, Bakary Badiane. ‘’A l’école, ce sont des cycles. Il y a le cycle élémentaire, le cycle moyen, le cycle secondaire et ensuite les universités. Chaque cycle doit être sanctionné par un diplôme. Le BFEM est encore utile pour certains concours, même l’armée’’, soutient-il. Même son de cloche chez le secrétaire général du SUDES, Amadou Diaouné, même s'il concède que le BFEM a beaucoup perdu de sa valeur. ‘’Du point de vue utilitaire, ce n’est pas encore inutile. Il y a toujours des concours au niveau national qu’on peut faire avec le BFEM. C’est pourquoi, c’est toujours utile'', commente-t-il.

 

‘’Des idées reçues’’

Dire que le diplôme du BFEM n’a aujourd’hui que peu d'utilité ne relève que des ''idées reçues'', argue le responsable de la communication et du partenariat du Centre national d’orientation, Papa Ladjiké Diouf. Ainsi, souligne-t-il, au niveau national, les titulaires du BFEM peuvent se présenter à plusieurs concours. Et le centre national d’orientation se charge de guider dans le choix des différentes opportunités qui sont offertes aux brevetés. ‘’Chaque année, nous faisons tous les établissements publics du Sénégal pour les classes de 3e et de Terminale dans ce qu’on appelle les séances d’information collective. Nous donnons toutes les informations aux élèves par rapport aux possibilités qu’ils ont après le BFEM, mais aussi après le baccalauréat. Pour ce qui concerne le BFEM, il y a deux grandes voies : il y a la voie des lycées pour préparer un baccalauréat et également la voie des concours. Dans la fiche que nous leur donnons, il y a une liste d’établissements où ils peuvent faire des concours avec le BFEM et il y a même des établissements de niveau quatrième'', informe M. Diouf. Il cite parmi ces établissements, l’école d’horticulture, celle des eaux et forêts, d’agriculture, la douane avec la section des proposés de douanes et les agents de constatation. Ces formations offrent aux élèves titulaires du brevet la possibilité de sortir avec un brevet d’études professionnelles (BEP), un brevet de technicien (BT) ou un certificat d’aptitude professionnelle (CAP). ''Il faut comprendre qu’à tous les niveaux, il y a des possibilités de concours, que ce soit le CFEE, le BFEM, le baccalauréat, la licence et la maîtrise. Dire que de tels diplômes ne valent plus rien, ce ne sont que des idées reçues. Un diplôme est un diplôme et aujourd’hui, le diplôme du BFEM ouvre la porte à plusieurs possibilités de concours.’’, clarifie-t-il.

En fait, dans le secteur de l’éducation, les titulaires du BFEM n’ont plus la possibilité de faire le concours de l'école de formation des instituteurs (EFI) dorénavant accessible qu'aux titulaires du baccalauréat. Ce choix du gouvernement vise, selon le président de la Fédération des associations de parents d’élèves, ‘’à élever le niveau de recrutement’’. Même en France, pour être instituteur, il faut au moins la licence, renseigne-t-il. Par contre, les titulaires du BFEM ont la possibilité d’intégrer l’École nationale de formation en économie familiale (ENFEF). ‘’Si un élève est dans une situation difficile, qu’il est par exemple un soutien de famille ou qu’il a un âge très avancé, il gagnerait mieux à faire des concours qui peuvent lui permettre de travailler. Et quand il aura commencé à travailler, il pourra avancer par rapport à son projet et accéder à des niveaux supérieurs. Nous l’encourageons fortement et quand on est jeune, le mieux, c’est d’aller le plus loin possible, mais il faut comprendre qu’il y a des possibilités à tous les niveaux’’, avise Bakara Badiane.

 

La suppression du BFEM ''n’est pas à l’ordre du jour''

Hier, en conférence de presse, le ministre de l’Éducation nationale a été formelle : ''La suppression du BFEM n’est pas encore à l’ordre du jour au niveau du ministère de l’Éducation, d’autant qu’au niveau de l’État du Sénégal, nous venons de nous engager dans un programme qui consacre une obligation scolaire de 10 ans. C'est-à-dire prendre les élèves de six ans à 16 ans, leur donner une éducation de base fondamentale de dix ans’’, a déclaré Serigne Mbaye Thiam.

''Par contre, a-t-il dit, la réflexion que nous avons actuellement, c’est de voir comment, tout en maintenant la valeur pédagogique académique du diplôme du BFEM, alléger la façon dont on passe le diplôme, parce que ça se déroule sur quinze jours et c’est fatigant pour les élèves et enseignants''.

De l'avis de Mor Dieng, chargé de communication à la direction des examens et concours, ''un diplôme a toujours la valeur qui est la sienne’’ et le BFEM ne déroge pas à cette règle. Avec les assises sur l’éducation, explique Ndongo Sarr, l’enseignement peut être réformé de telle sorte qu’à partir du BFEM, l’élève puisse choisir une formation professionnelle.

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