Publié le 6 Jan 2020 - 21:41
MACKY SALL AU LANCEMENT DU "CLEANING DAY"

‘’L’insalubrité n’est plus tolérable et nous allons y mettre un terme’’

 

L'avenue Bourguiba de Dakar a été choisi pour le lancement, samedi dernier, de la Journée nationale de la propreté, comme annoncé par le chef de l'État. L'engouement était au rendez-vous, mais les participants plaident pour le suivi de ces actions de nettoiement.

 

Brouettes, râteaux, balais... bref, tout le matériel nécessaire au nettoyage des quartiers et ruelles jouxtant l'avenue Bourguiba était au rendez-vous, samedi, sauf... des bacs à ordures. Dans un nuage de poussière, jeunes, enfants, femmes et même des Sénégalais du troisième âge s'attèlent à cœur joie au balayage et au désherbage des alentours du stade Demba Diop. La commune de Sicap Liberté (le long de l'avenue Bourguiba, de Mermoz au Front de terre) s'est appropriée du concept "Cleaning Day". Une initiative du chef de l'État pour un Sénégal zéro déchet, qui devrait s’étendre à toutes les régions du pays.

Pour l’heure, chaque premier samedi du mois sera marqué par le nettoyage des différentes communes de Dakar. "C'est une belle initiative et j'encourage le président Macky Sall à continuer sur cette lancée. C'est à chaque citoyen de mettre la main à la pâte pour rendre propre notre cadre de vie. Autant on balaie nos maisons, autant dehors, on doit se préoccuper de la propreté de la rue", lance mère Diakhaté quelque peu essoufflée.

Il est 10 h, et malgré un climat froid et sec, certains transpirent à grosses gouttes. Pour Mamadou Sow, toute cette agitation ne sert à rien, tant qu'il n'y a pas assez de poubelles dans la capitale. L'homme est vendeur de café devant le stade Demba Diop, mais ne se sent point concerné par cet "enthousiasme des premiers jours". "Regardez tous les tas d'ordures qu'ils ont fait. Ils deviendront quoi après ? Puisque je ne vois nulle part des bacs à ordures", ajoute-t-il en remuant la tête. Un peu plus loin, les ‘’Badiène Gokh’’, également de la partie, balaient et papotent çà et là. Mais l'arrivée du président Macky Sall et son cortège aura réussi à mettre fin à tout cet engouement. À pied, il a tenu à saluer et à encourager les riverains. Il était quelques minutes plus tôt en mode ‘’Set settal’’ dans la commune de Mermoz.

‘’Je voudrais féliciter l’ensemble de nos compatriotes pour cette prise de conscience et cette volonté farouche d’enlever la saleté de notre environnement. Elle n’est plus tolérable et nous allons y mettre un terme. Pour cela, il faut une forte mobilisation citoyenne et la pérennisation de cette activité, à travers la Journée nationale du nettoiement. Nous allons aussi lancer le Grand Prix pour la propreté et demander à l’ensemble des entreprises d’apporter leur contribution au travers de la Rse (responsabilité sociétale de l’entreprise) aux mairies, pour qu’au-delà des moyens de l’Etat, elles puissent participer à l’aménagement des espaces publics’’, déclare-t-il.

Toutefois, le président de la République aura créé un tollé médiatique autour de la casquette de marque étrangère ‘’Puma’’ qu’il arborait ce week-end. L'euphorie était à son paroxysme, mais son départ a rimé avec.... la fin du nettoiement ! 

Le ministre Serigne Mbaye Thiam : ‘’La rue est l'extension de nos maisons’’

En matière de propreté, la commune peut pourtant être citée en exemple, pendant que d'autres affichent un état d’insalubrité assez alarmant. Toutefois, le choix porté sur la commune de Sicap Liberté, pour le lancement du Cleaning Day, est "symbolique". "Le ‘Set settal’ est né à partir de la commune de Sicap Liberté. Nous avons été les premiers à en faire, à travers l'entretien des ronds-points. Toutes les organisations communautaires de base (Asc, mouvements de jeunesse, associations de femmes...) ont répondu présentes. Étant de la majorité ou de l'opposition, nous nous sommes tous retrouvés pour qu'au-delà du nettoiement, nous allions vers un plan d'action qui va intégrer l'embellissement de la commune et la prise en charge des préoccupations de la population telles que l'employabilité des jeunes", a lancé le ministre de la Micro-Finance et de l'Economie solidaire Zahra Iyane Thiam, qui trouve en cette initiative un appel à résoudre de manière holistique les problèmes des communes.

‘’Le nettoiement c'est bien, poursuit-elle, mais il faut aussi un nettoiement de comportement. Il y a beaucoup de maisons closes au niveau de la Sicap, il y a l'insécurité du fait de la consommation de drogue et de l'alcool, l'obscurité. Le stade Demba Diop est aussi source d'insécurité. Les ventes et locations de voitures obstruent souvent le cadre de vie. Alors nous allons échanger avec tous les acteurs pour prendre des dispositions favorables à un cadre de vie sain. Le ‘zéro déchet’, c'est d'abord un état d'esprit qu'on doit avoir, auquel il faut croire. C'est possible avec un engagement ferme".

Selon elle, la sensibilisation est enclenchée et le pavage des ruelles ne saurait tarder. Par ailleurs, les jeunes de la commune ont demandé à être responsabilisés quant à la sécurité de proximité et au suivi des actions de nettoiement.

Décontracté, râteau en main et vêtu d'une tenue de sport, le ministre de l'Eau et de l'Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, n'a pas manqué ce rendez-vous. "C'est le citoyen de la commune de Sicap qui est venu aujourd'hui. Ce qui est marquant, c'est le symbolisme du lancement et nous sommes appelés à mieux préparer les prochaines journées. Mais l'essentiel c'est de ne plus avoir à nettoyer, donc de ne pas jeter les ordures n'importe où. Au-delà de cela, c'est important que chaque Sénégalais s'approprie ce concept, car la rue est l'extension de nos maisons. Nous devons avoir collectivement l'ambition d'avoir des localités qui sont propres. Nous devons inscrire cette action dans la durée. C'est possible, puisque d'autres pays l'ont réussi", a-t-il déclaré.

 Le Sénégal va accueillir deux événements majeurs, dans moins de deux ans. En 2021, le Forum mondial de l'eau et, en 2022, les Jeux olympiques de la jeunesse. Ce sont des milliers d'hôtes venus des quatre coins du monde qui séjourneront au pays de la Teranga, d'où l'urgence pour certains d'arriver à un Sénégal ‘’zéro déchet’’.  

EMMANUELLA MARAME FAYE