Publié le 23 May 2025 - 16:00
SANTÉ DE LA REPRODUCTION ET VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE

Un combat en chiffres et en actes

 

Le programme Ados, mis en œuvre dans dix régions du Sénégal depuis 2020, a tiré, mardi dernier à Dakar, le bilan de ses interventions en matière de santé de la reproduction et de lutte contre les violences basées sur le genre chez les adolescentes. Une initiative portée par la recherche, l’action communautaire et l’implication des jeunes.

 

‘’Il faut tout un village pour éduquer un enfant », dit un proverbe africain. Le programme Ados, en partenariat avec le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) et financé par Affaires mondiales Canada (AMC), a appliqué ce principe à grande échelle au Sénégal. En cinq ans, il a déployé 16 projets dans 15 départements, mobilisant chercheurs, jeunes, relais communautaires et collectivités autour de la santé de la reproduction et de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG).

Réunis mardi dernier à la place du Souvenir africain, les acteurs du programme ont présenté les résultats de cette initiative quinquennale. L’objectif était clair : améliorer la santé des adolescentes, en ciblant des problématiques telles que le mariage des enfants, les mutilations génitales, le viol ou encore l’accès limité aux services de santé adaptés.

Des chiffres révélateurs et alarmants

Les données issues d’enquêtes menées durant le programme dressent un tableau préoccupant. Une étude de 2022 menée auprès de 940 adolescentes révèle que 50,7 % d’entre elles ont subi des violences physiques, 5,74 % des agressions sexuelles et près de 30 % des mutilations génitales. Moins d’un cas sur cinq est déclaré aux autorités.

À Kolda, ces violences sont particulièrement enracinées, selon les panélistes.

Pour y faire face, le programme Ados s’est structuré autour de deux volets majeurs : la recherche et l’action. D’un côté, les chercheurs ont produit des données probantes pour orienter les décisions. De l’autre, des jeunes et des organisations communautaires ont mis en œuvre des actions concrètes auprès des populations. Ainsi, 140 000 adolescentes ont été sensibilisées, 414 décideurs formés, 10 publications scientifiques produites et près de 200 cas de violences signalés par des adolescents devant la justice.

Ados s’est fixé, par ailleurs, trois objectifs spécifiques : renforcer les capacités et la production de données, développer des stratégies multisectorielles et soutenir l’élaboration de politiques efficaces. Cela s’est traduit par le financement de 21 chercheurs (dont 15 femmes), la formation de 3 359 personnes, le développement de boutiques d’information et de conseils (Bic), la création de plateformes intersectorielles et la mise en place de réseaux de journalistes spécialisés. L’approche a également misé sur la masculinité positive, les dialogues intergénérationnels et la mise en synergie des acteurs clés pour créer un environnement favorable à la transformation des normes sociales et genrées.

Des avancées réelles, mais fragiles

Malgré ces résultats, les organisateurs pointent des défis persistants. L’adoption des approches innovantes par les décideurs reste limitée et leur impact potentiel sur la transformation des relations de genre pourrait être accru par une meilleure appropriation politique. Pour la marraine de la conférence, Ramatoulaye Thioune, il est impératif que ces recommandations soient intégrées aux politiques publiques. Le directeur général de la Jeunesse, Alassane Diallo, a assuré en clôture que le ministère s’engageait à ‘’tout mettre en œuvre pour la matérialisation des recommandations issues du programme’’.

En attendant, les acteurs d’Ados comptent poursuivre la dissémination des résultats, produire des synthèses thématiques et documenter les approches ayant fait leurs preuves, afin d’enraciner durablement les acquis d’un programme qui aura marqué un tournant dans la lutte contre les VBG chez les adolescentes.

 

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