Publié le 10 Apr 2024 - 02:26
RÉPARATION NAVALE - ATTRIBUTION DE LA CONCESSION À OZATA SHIPYARD

Les travailleurs de Dakarnave demandent la suspension du processus d'attribution

 

Il y a quelques jours, le député Guy Marius Sagna dénonçait   l’octroi d’un marché à une société sans base légale. Il parlait d’un document signé par le directeur général de la Société des infrastructures de réparation navale de Dakar (Sirn) annonçant au groupe Dakarnaval/Ozata Shipyard la retenue de son offre pour la gestion de cette infrastructure. Hier, l’Amicale des cadres de Dakarnave a adressé une lettre au président de la République pour lui demander de suspendre le processus d'attribution en cours. 

 

‘’Aujourd’hui, on est en train de vivre une situation inédite dans le chantier de réparation navale. Malgré nos alertes et mises en  garde, il paraît qu’un contrat a été signé par la Société des infrastructures de réparation navale de Dakar (Sirn) avec un partenaire à l’insu total du personnel, sous prétexte qu'il y a un caractère de confidentialité dans un contrat qui doit être public avec un appel d’offres transparent et concurrentiel’’, a déclaré  le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de la réparation navale (Satnav), Abass Fall.

Ses camarades et lui demandent et lancent un appel aux nouvelles autorités (le président Bassirou Diomaye Faye, son Premier ministre et le ministère de la Pêche et des Infrastructures portuaires) d’arrêter ce processus et d’impliquer toutes les parties prenantes. Ils notent qu’un chantier d’une telle grandeur où l’on répare des bateaux et des structures flottantes qui vont participer activement à l’exploitation du pétrole et du gaz ne doit pas être bradé. À leurs yeux, ce contrat doit être annulé. Et les travailleurs désirent être impliqués dans l’élaboration du plan social pour la prise en charge de leurs attentes et aspirations ainsi que leurs expertises afin d’assurer un legs aux générations futures. 

En effet, l’Amicale des cadres de Dakarnave a adressé une lettre au président de la République pour l’entretenir des enjeux de la réparation navale relativement au choix d'un nouvel opérateur pour la reprise de la concession des chantiers navals de Dakar. La concession actuelle prendra fin à la date du 24 juin 2024, après 25 années de mise en œuvre aux résultats mitigés.

Dans leur lettre, les membres de cette amicale ont souligné que c'est dans ces circonstances qu'ils ont appris que la concession est attribuée à un opérateur turc dont les références de compétence leur sont inconnues à ce jour. ‘’Cette nouvelle attribution, si elle est avérée, pourrait être un saut dans l'inconnu avec un risque réel pour la pérennisation des emplois et la conservation des acquis pour mille travailleurs et pères de famille’’, a indiqué l’amicale. 

La reprise d'une telle infrastructure devrait être le fruit d'un long processus au cours duquel un certain nombre de conditions doivent être respectées, selon elle. Il s’agit de préparer un appel d'offres concurrentiel sur la base d'un cahier des charges ambitieux et structurant ; d'assurer des capacités réelles et dûment prouvées du soumissionnaire pour faire face aux défis notamment liés à l'exploitation du pétrole et du gaz ; d'exiger l'engagement ferme du contractant à relever le plateau technique du chantier au meilleur standard international et prévoir une période de transition durant laquelle l'actuel et le nouveau concessionnaire collaborent pour une continuité du service, et impliquer les travailleurs dans l'élaboration du plan social pour prendre en charge leurs attentes et aspirations.

‘’Malheureusement, nous sommes au regret de constater le non-respect de ces cinq exigences minimales dont l'application permet un choix transparent et constructif au profit du Sénégal. C'est pourquoi et au nom de votre appel solennel à la transparence et au patriotisme économique, nous vous demandons de bien vouloir faire suspendre le processus d'attribution en cours. Cette suspension devrait aider à y voir plus clair et, le cas échéant, garantir et préserver les intérêts vitaux du Sénégal’’, écrit l’Amicale des cadres de Dakarnave.

Enfin, leur organisation tient à rappeler qu'elle est guidée par ‘’la préservation des seuls intérêts du Sénégal, peu importe l'opérateur choisi’’.

Ainsi, elle dit s'abstenir d'interférer dans tout processus transparent et constructif pour le rayonnement de la réparation navale au Sénégal.

FATIMA ZAHRA DIALLO 

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