Publié le 7 Dec 2018 - 17:02
SITUATION CSS

Alioune Sarr dément toute idée de faillite 

 

La Compagnie sucrière sénégalaise est loin de la faillite, selon le ministre du Commerce Alioune Sarr. Il assure même que l’entreprise se porte comme un charme, avec des chiffres à l’appui.

 

Les travailleurs, les responsables de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) et les populations de Richard-Toll alertent les autorités, depuis quelque temps, sur la situation de leur entreprise et le stock de sucre en souffrance dans leurs locaux. Hier, le ministre en charge du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des Pme a tenu à les rassurer, lors du vote du budget de son département à l’Assemblée nationale. Interpellé par les députés sur la question, Alioune Sarr a d’abord rappelé les efforts que l’Etat a fournis pour accompagner la Css. Notamment en ce qui concerne la Taxe conjoncturelle à l’importation (Tci). ‘’En 2012, cette taxe, conjuguée à l’importation, était adossée sur le montant de 325 056 F Cfa la tonne. En 2014, la Css est venue voir le gouvernement pour la hausse de celle-ci. Car cette taxe est décidée au niveau de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Ce que l’Etat a fait, en collaboration avec les acteurs du privé national, les commerçants, les industriels, etc. Et un montant de 399 672 F Cfa par tonne a été proposé par la Css et ça a été accepté par décision 008-2014 de la Commission de l’Uemoa’’, a-t-il précisé.

Le deuxième niveau de protection est, selon le ministre, ‘’l’interdiction taxique’’ de l’importation de sucre, tant que la Css en dispose au Sénégal. Ceci par la non-délivrance de Déclaration d’importation de produits alimentaires (Dipa). ‘’De septembre 2017 à octobre 2018, aucun gramme de sucre n’a été importé au Sénégal. Ce qui n’est pas acceptable, c’est que les gens qui ne sont pas des exemples se mettent à jeter le discrédit sur les hommes et les femmes qui risquent leur vie pour défendre l’intérêt du Sénégal. Il faut comprendre que le Sénégal a changé’’, a affirmé Alioune Sarr.

‘’Css a réalisé 120 milliards de F Cfa de bénéfices en 2017’’

Ainsi, le ministre de dire qu’une fois que la Css a écoulé son stock de sucre, ils ouvrent les importations. Ce qui est, pour lui, le rôle du gouvernement. ‘’Quand on analyse que les consommateurs ont besoin de sucre et que notre industrie n’en a pas, naturellement, avec les éléments qu’on a, on prend la décision d’ouvrir les importations. C’est ce qui a été fait’’, a-t-il dit. Sur ce, il a souligné qu’en 2018, la Css a produit 144 000 t de sucre. Et en 2012, elle était à 84 000 t. ‘’Est-ce qu’une entreprise va investir de l’argent ou les moyens de sa production, si le marché n’est pas fiable ?’’, a-t-il interpellé.

Selon le ministre du Commerce, pendant 6, voire 7 ans, le gouvernement a ‘’accompagné la Css’’ à commercialiser la totalité de son sucre. ‘’Pas un seul gramme n’est resté en rade. En 2017, elle avait importé 75 000 t de sucre. Cette quantité, ajoutée à sa production en 2018, donne 219 000 t commercialisées. On parle de 7000 t de sucre en souffrance. Mais il faut comprendre que cette quantité est presque insignifiante par rapport à la quantité disponible au départ. Donc, il faut qu’on revienne à la raison. Car ce gouvernement-là est responsable’’, a-t-il martelé.

Dès lors, Alioune Sarr a signalé, par rapport à l’état financier de la Css, que l’année dernière, elle a fait 120 milliards de bénéfices, contre 100 milliards en 2016. ‘’Mais quand quelqu’un dit que cette société va fermer, il faut savoir raison garder. La Css est un partenaire du gouvernement du Sénégal. Et il l’accompagnera, non seulement pour commercialiser toute sa production, mais également pour que, dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale (Zlec), elle soit un des champions de l’Afrique en sucre’’, a fait savoir le ministre. Qui a rappelé que l’Afrique importe, chaque année, 7 milliards de dollars de sucre hors du continent.

 Donc, pour lui, il est temps que le gouvernement, les hommes de bonne volonté accompagnent cette entreprise pour qu’elle soit l’une des leaders sur le continent. ‘’C’est là qu’est l’enjeu. Il n’est pas aujourd’hui sur le petit marché sénégalais. Encore une fois, je voudrais rassurer les travailleurs de la Css, les populations de Richard-Toll, de Dagana, etc. La Css n’est nullement menacée’’, a-t-il insisté. 

A propos des bateaux transportant du sucre qui seraient au port de Dakar, le ministre a informé que, d’après les chiffres de la douane, à la date du 5 décembre 2018, la quantité de sucre entrée au Sénégal est de 14 486 t. Il faut rappeler que le prix du sucre est homologué depuis 2013. Et selon Alioune Sarr, le quota de 60 000 t alloué à l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) correspond au ‘’gap à combler’’ pour les besoins de consommation.

Les députés défendent Auchan

Même si le gouvernement a déjà signé un décret pour la réglementation du secteur de la grande distribution au Sénégal, les parlementaires n’ont pas manqué de soulever la question de l’installation d’Auchan à travers le pays. La plupart d’entre eux ont plaidé pour le maintien de ses magasins, tout en demandant au gouvernement d’accompagner les commerçants locaux. Certains ont même suggéré la relance de la Société nationale de distribution du Sénégal (Sonadis), afin d’en faire des magasins comme Auchan. Des boutiques qui seront des références pour la commercialisation des produits locaux. ‘’Auchan est une nécessité. On est dans un pays démocratique qui a adopté une économie de libre entreprise et de libre concurrence. C’est ce qui explique l’installation d’Auchan. Avec le faible pouvoir d’achat des Sénégalais, c’est Auchan qui répond parfaitement à leurs besoins. Cela ne veut pas dire qu’on doit sacrifier les petits commerçants. Auchan ne va pas s’installer dans un village ou une petite commune. Donc, ces commerçants ont besoin d’être accompagnés pour se formaliser et faire de la qualité. Il faut que nos commerçants s’adaptent avec la mondialisation’’, a défendu le parlementaire Léopold Yankhoba Coly.

Une idée soutenue par sa collègue Juliette Zinga, car, pour elle, la formalisation du secteur informel reste une nécessité. ‘’Par rapport aux normes sanitaires et sécuritaires, nous en avons besoin au niveau de nos marchés. Nos marchés doivent être entretenus. C’est pourquoi je suis pour qu’Auchan reste et demeure’’, a-t-elle renchéri.

A ce propos, le ministre a précisé que le chef de l’Etat a proposé aux membres de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégalais (Unacois-Jappo) un accompagnement du gouvernement pour la création d’enseignes nationales, lorsqu’il les a reçus. Ce qui est, de l’avis d’Alioune Sarr, le programme ‘’le plus pertinent’’. D’ailleurs, il estime que la pertinence du marché d’intérêt national est d’accompagner les commerçants locaux. C’est aussi un mécanisme de régulation pour tout le pays. L’infrastructure sera inaugurée au mois de janvier prochain. Elle va permettre aux commerçants de pouvoir travailler dans de ‘’très bonnes conditions’’, affirme-t-il.

Une loi sur les prix et les pratiques commerciales en gestation

S’agissant des Pme et du secteur informel, le ministre a précisé que le chiffre d’affaires généré par l’ensemble des entreprises recensées s’élève à 11 349,7 milliards de francs Cfa. A ce niveau, Alioune Sarr a fait savoir que le commerce se positionne comme la branche d’activité la plus dynamique, englobant 40,3 % du chiffre d’affaires et 32,8 % des travailleurs.

Toutefois, il n’a pas manqué de souligner que le secteur informel génère 83,7 % du chiffre d’affaires global. En perspective de l’année budgétaire 2019, le ministre du Commerce a précisé qu’il s’agira de renforcer les résultats obtenus ces dernières années. A cet égard, il est prévu l’adoption du projet de loi sur les prix et les pratiques commerciales et sa mise en œuvre.

Pour se faire, l’enveloppe budgétaire du ministère du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des Pme a été arrêtée à 9 790 558 442 F Cfa, contre 6 450 769 080 F Cfa en 2018, soit une hausse de plus de 3 milliards.

MARIAMA DIEME

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