Publié le 6 Dec 2018 - 01:39
SORTIE MÉDIATIQUE DE L’ADMINISTRATEUR GÉNÉRAL DE DBF

La grosse inquiétude des cheminots

 

Nouvel administrateur général de Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf), Kibily Touré a fait une sortie médiatique, le week-end dernier, pour se prononcer sur la lancinante question de la relance des activités de ladite société. Une sortie qui suscite indignation et inquiétudes chez les agents d’exploitation de la ligne du chemin de fer.

 

Si le nouvel administrateur général de Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf), Kibily Touré, avait dans l’idée de rassurer les cheminots, à travers sa dernière sortie sur les ondes de la Rfi, c’est raté. ‘’Le chemin de fer est un outil de désenclavement. Quand vous avez le train qui ne marche pas, c’est un défi important’’, a déclaré le Franco-Sénégalais, le week-end dernier. Avant de dire toute sa volonté de travailler à la relance du corridor Dakar - Bamako ferroviaire. ‘’Mon ambition, ce n’est pas du 20 km/h, mais du 50 km, dans trois à quatre mois. Les 11 locomotives vont très bientôt arriver. Je veux rendre à cette entreprise sa dignité. Le train doit aller et revenir. Mon challenge, aujourd’hui, c’est de reprendre les rotations ferroviaires. Il faut savoir que l’objectif des deux États, c’est une rénovation complète des 1 287 km (…). Nous avons besoin de 20 milliards de francs Cfa. Il faut compter le ticket d’entrée, c’est 200 millions de dollars. Nous avons le plan d’investissement qui concerne la rénovation totale de la ligne, c’est-à-dire la remettre quasiment neuve pour 20 ou 25 ans’’.

A première vue, ce discours a tout de rassurant, mais les 150 agents d’exploitation de la ligne de fer Dakar-Bamako ferroviaire n’y voient que du faux-fuyant. Hier, en conférence de presse, ils ont disséqué les propos de leur nouveau boss. D’emblée, ils disent ne pas être ‘’pris au sérieux’’ par Kibily Touré qui, selon eux, ne les rassure guère. D’après le porte-parole du Collectif des agents d’exploitation de Dbf, leur administrateur général fait dans le clair-obscur, quant à leur situation. ‘’Le temps de la mise en œuvre du schéma institutionnel va bientôt arriver. Et lui nous parle de plan d’urgence pour la rénovation du chemin de fer. La somme de 20 milliards requise pour la relance de l’activité ferroviaire, dont l’acquisition des 11 locomotives, ne serait pas plausible. Il en est de même pour la disponibilité des fonds et les dates de l’arrivée des machines. Tout ceci reste incertain. M. Touré ne nous donne aucune assurance par rapport à la relance des activités de Dbf, dans les brefs délais. C’est vraiment inquiétant’’, soutient Babacar Gaye.

Tout n’est pas mauvais dans le discours de Kibily Touré, car, poursuit-il, ‘’M. Touré a confirmé que le Train express régional (Ter) s’est installé dans notre patrimoine. C’est une bonne nouvelle. D’ailleurs, il a dit qu’il a autorité sur toute la ligne allant du Port autonome de Dakar jusqu’au port fluvial de Koulikoro (Bamako). Il a donc reconnu que l’ensemble des travailleurs de Dbf répondent aux critères de recrutement pour le Ter. Nous attendons de voir’’. Le porte-parole du Syndicat unique des travailleurs du Rail (Sutrail) de prévenir que lui et ses camarades n’excluent pas d’intensifier le combat pour faire réagir les deux États (sénégalais et malien).

‘’Il faut que les deux États nous édifient, nous sommes inquiets’’

Si Babacar Gaye trouve quelques points positifs dans les annonces faites par leur administrateur général de Dbf, ce n’est pas le cas du président des conducteurs de train. Moustapha Diagne trouve qu’il n’a pas été cohérent dans son propos. Il n’y voit qu’une compilation de promesses. ‘’On pensait qu’il allait nous dire que le financement est disponible et que les machines sont arrivées. Malheureusement, il nous parle de trois à quatre mois. On ne retient rien de sa feuille de route et de sa sortie médiatique. Il dit attendre seulement un financement de 20 milliards de francs Cfa pour conforter la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako ferroviaire. Cela veut dire que cette somme n’est pas encore bouclée. Tout ce qu’il a dit n’est pas clair. Et il faut que les deux États nous édifient sur notre sort, parce que nous sommes inquiets. Pire, M. Touré nous parle d’une location de machines. Il faut qu’il nous dise clairement ce qu’il a dans la tête’’, s’indigne le secrétaire général adjoint du Sutrail, accusant les deux États de vouloir privatiser à nouveau l’exploitation de la ligne du chemin de fer.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

Section: