Publié le 1 Jul 2020 - 17:53
TRAGEDIE DE LA FORET DE BOFFA-BAYOTTES

Le compte à rebours a commencé pour les 25 prévenus

 

La machine judiciaire a entamé, depuis quelque temps, les auditions sur le fond du dossier du massacre qui a fait 14 morts et 7 blessés, le 6 janvier 2018, dans la forêt de Boffa-Bayottes, en Casamance. Parmi ces auditions, celle, hier, du journaliste René Capain Bassène, considéré comme le cerveau de cette tragédie.

 

Mieux vaut tard que jamais ! Après deux ans et quelques mois de longues attentes nourries de combats contre le stress, de désespoir pour les uns, d’espoir pour les autres, d’amertume, d’isolement et de solitude, les 25 détenus, dans le cadre du massacre de Boffa-Bayottes, au sud du pays, défilent, depuis quelques jours, devant le juge d’instruction Augustin Diouf près du tribunal de grande instance de Ziguinchor. En l’absence de leur co-inculpé, le défunt Seyni Sané, chef du village de Toubacouta qui a payé le plus lourd tribut dans cette affaire macabre.

Après Alassane Badji et Abdou Sané et Cie, qui ont été entendus dans le fond, il y a quelques jours, ‘’l’étau se resserre’’ petit à petit sur Omar Ampoy Bodian, chargé de mission d’une fraction du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) arrêté le 20 janvier 2018 vers 6 h du matin dans son domicile sis au quartier Lyndiane, à la périphérie de Ziguinchor.

Entendu avant-hier lundi, il a nié, selon une source proche du dossier, tous les faits qui lui sont reprochés. Hier mardi, c’était au tour du journaliste René Capain Bassène, ‘’mouillé jusqu’au cou’’ dans cette tragédie, de faire face au juge d’instruction, en présence de son avocat, Me Clédor Ciré Ly, commis pour assurer la défense de 23 des 25 détenus. Les trois autres (Maurice Badji, chef du village de Bourofaye Diola, à quelques encablures de Toubacouta, Ibou Sané Nafoute et Jean Christophe Diatta) ayant été accusés à tort ou à raison de vouloir asseoir de fausses accusations contre leurs codétenus.

Mis aux arrêts dans la nuit du 14 au 15 janvier 2018 à son domicile au quartier Kandialang, à la périphérie de Ziguinchor, le journaliste René Capain Bassène, en charge à l’époque du volet communication à l’Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques en Casamance (Anrac) cité comme le cerveau de ce massacre, a été auditionné hier. Il aurait ‘’planifié’’ et ‘’exécuté’’ l’attaque du 6 janvier à Boffa-Bayottes qui a fait 14 tués et 7 blessés. ‘’Il résulte de certaines déclarations que l’attaque du 6 janvier 2018 a été planifiée et exécutée par une personne dont nous tairons le nom, pour le compte de deux villages de la localité.

La décision a été prise lors d’une réunion et l’opération a été menée par des personnes de la localité avec un renfort d’hommes sous les ordres d’un lieutenant d’une faction qui s’est déplacé spécialement pour l’exécution de la tâche’’, avait déclaré le procureur de la République près le tribunal de grande instance (TGI) de Ziguinchor, lors d’un point de presse  conjoint avec la gendarmerie, le 23 janvier 2018.

Selon le maître des poursuites Alioune Abdoulaye Sylla, ‘’la suite de l’enquête avait permis d’identifier et de garder à vue celui qui aurait planifié toute l’opération et 15 autres personnes supposées avoir pris une part active dans les faits objet de la procédure’’.

Ainsi, une information judiciaire avait été ouverte et le juge d’instruction saisi sous les préventions d’association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel, tentative d’assassinat, détention d’arme sans autorisation administrative, coups et blessures volontaires, vols en réunion et le mandat de dépôt requis.

Me CLEDOR CIRE LY, AVOCAT DE RENE CAPAIN BASSENE

‘’René Capain Bassène est accusé de tous les maux de la terre’’

‘’Vous avez pu constater, depuis 10 h 53 mn, René Bassène est en face du juge et nous sommes pratiquement à plus de 19 h et ce n’est pas encore terminé. L’interrogatoire se poursuit. Ce n’est pas facile. Même pour une personne, qu’on soit juge ou avocat, de rester dix ou onze heures de temps sans manger, ni boire et de répondre à des questions, surtout lorsqu’on a fait 29 mois de détention, c’est quand même pénible. 

Nous déplorons que des personnes soient gardées en prison des années et des années et, un beau jour, tambour battant, on veut terminer une enquête, une information. Tout cela ne participe pas du droit, à un procès équitable. L’interrogatoire tourne autour des faits. J’ai naturellement posé des questions à décharge. Le juge pose des questions à charge. Il cherche nécessairement des coupables, alors que ce qu’on devait rechercher, c’est la vérité.

Ce que je déplore aussi, c’est que, de plus en plus, des personnes arrêtées pour certaines infractions se plaignent de tortures. C’est grave. Cela, je le déplore énormément. Et dans ce dossier, je ne manquerai pas de le déplorer. Des tortures venant de personnes très respectées dans ce pays. J’ai toujours dit et soutenu que les forces de défense et de sécurité, pour moi, la crème, c’est la gendarmerie nationale.

Or, de plus en plus, il y a des allégations de tortures, d’accusations contre ce corps. Avant, c’était la police, mais on n’entend plus des faits de tortures de la police. Je pense que c’est parce qu’il y a des poursuites contre des policiers. Les tortures, s’il y en a, elles sont beaucoup plus raffinées. Il y a moins d’accusations de tortures contre la police. Il y en a de plus en plus contre la gendarmerie. C’est un phénomène à suivre de près.

René Capain Bassène est accusé de tous les maux de la terre. Il est accusé d’un chapelet d’accusations : association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel, assassinat, tentative d’assassinat, détention d’arme sans autorisation, vol commis en réunion avec des circonstances aggravantes, usage d’arme. Aujourd’hui encore, on a ajouté une autre infraction, comme cela ne suffisait pas : il est inculpé de sortie régulière de correspondances’’

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

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