Publié le 13 Jul 2016 - 03:38
YORO BA, COORDONNATEUR DU GROUPE DES HORS COALISES DE BBY

‘’L’URD a participé à toutes nos réunions’’

 

Sitôt lancée, la coalition Liberté et responsabilité fait face à une polémique relative à la participation de l’Union pour le renouveau démocratique (URD) à une telle structure. Alors que le parti de Djibo Leyti Kâ nie toute appartenance à ce cadre, le coordonnateur de ladite coalition dément. Selon Yoro Bâ, l’URD a été représentée à toutes les réunions ayant conduit au lancement de la coalition. Dans cet entretien avec EnQuête, le Secrétaire général de l’Alliance Jëf Jël revient sur les raisons qui ont conduit à la création de cette sous-coalition au sein même de Benno bokk yaakaar (BBY).

 

Citée parmi les partis fondateurs, l’URD a nié hier toute appartenance à la coalition Liberté et responsabilité. Qu’en est-il réellement ?

Je n’aime pas émettre des jugements de valeur sur les hommes politiques. Mais je dois avouer mon étonnement lorsque j’ai entendu dans une station radio le député Omar Seck dire avec force que jamais ils n’ont participé à aucune des réunions du Groupe des hors coalisés devenu Liberté et Responsabilité (LER). J’ai été très étonné parce qu’hier (NDLR : avant-hier) encore, pendant toute la journée qu’a duré le séminaire, le représentant de l’URD était présent. Le samedi 18 juin 2016 à la réunion qui a préparé le séminaire de lancement, le représentant de l’URD était encore présent. Et ce n’était pas les seules fois où il venait à nos rencontres. Je suis étonné d’entendre le député dire qu’ils ne sont ni de près, ni de loin associés à ce groupe-là. J’avoue que je ne les ai pas contactés et je ne compte pas le faire. J’apporte des faits et si à la fin de la réunion, leur représentant avait dit : écoutez, jusqu’ici nous avons participé à vos réunions, maintenant on a décidé de quitter, on aurait compris. Mais jusqu’à hier (NDLR : avant-hier), ce n’était pas le cas.

Vous avez procédé avant-hier au lancement de cette coalition que vous avez baptisée ‘’Liberté et Responsabilité’’. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à ce cadre ?

Si on doit faire l’historique de ce cadre, la naissance remonte à l’audience que le président de la République avait accordée aux différentes sous coalitions de la grande coalition Benno bokk yaakaar à la veille du référendum.  Après cette audience, un groupe de partis qui n’avaient jamais appartenu à aucune des sous coalitions de BBY, ni Benno siggil Senegaal, ni Benno ak Tanor, a décidé de mettre sur pied ce cadre. D’autres personnalités indépendantes et de la société civile et d’autres partis démissionnaires des sous-coalitions tels que Bloc centriste Gaïndé (BCG), AJ/PADS-A, le Parti des travailleurs et du peuple (PTP) de Me El Hadji Diouf ont rejoint ce cadre. C’est donc plus d’une quarantaine d’organisations politiques, de la société civile et des personnalités indépendantes qui ont formé ce que l’on appelait à l’époque, le Groupe des ‘’hors coalisés’’ de BBY.

Quelle est aujourd’hui la nécessité de vous organiser en coalition au sein de BBY qui compte à son sein d’autres sous-coalitions ?

On s’est rendu compte que lors du référendum, des moyens ont été mis à la disposition des sous-coalitions et le Groupe des hors coalisés n’avait bénéficié d’aucun soutien. Malgré tout, nous avons travaillé pour le triomphe du OUI au référendum à partir de nos propres moyens. Nous partons d’un principe simple qui est celui de Benno bokk yaakaar, c’est-à-dire gagner ensemble et gouverner ensemble. Pour que le président de la République ait une visibilité sur la constitution de BBY, il est important que nous ayons une spécificité, c’est-à-dire que nous ayons notre coalition. 

Tantôt, vous avez déclaré que le Groupe des hors coalisés n’a pas bénéficié de soutien durant le référendum. Peut-on dire que vous êtes marginalisé dans la grande coalition ?

Ce n’est pas une intention du président de la République de marginaliser qui que ce soit. Mais il se trouve que lorsque vous n’êtes pas organisé et que nous sommes 40 partis éparpillés, il est difficile pour le président de la République de parler séparément à tout le monde. Nous avons donc compris que pour un souci d’efficacité, il était important que nous nous rassemblions, que nous formions une sous coalition mais avec une spécificité très importante.

Quelle est cette spécificité ?

Dans notre coalition, il n’y a pas de hiérarchie. Le leadership est collectif. C’est très important parce que dans les autres coalitions, il faut le reconnaître, il y a une tête qui dirige. Par contre, chez nous, le leadership est collectif. Nous sommes jaloux de notre indépendance et en même temps, nous sommes des responsables. C’est pour cela que nous l’avons appelé ‘’LER’’ (Ndlr : Liberté et Responsabilité’’. Ce qui nous permet d’avoir une certaine liberté d’expression. Mais puisque nous appartenons à une grande coalition, il y a aussi un sens de la responsabilité qui nous oblige à ne pas aller dans tous les sens.

Dans cette coalition, il y a d’autres ‘’grands partis’’ comme la LD, et dans une moindre mesure l’AJ/PADS-A. Ces partis ne risquent-ils pas de vous faire de l’ombre vous en tant que ‘’petits partis’’ ?

Le Jëf Jël n’est pas un petit parti (Rires). C’est pour cela que lors de notre séminaire d’hier (avant-hier), nous avons décidé de deux choses : la définition d’une identité de notre groupe (LER) pour éclairer les avenues de Benno bokk yaakaar. Nous avons décidé d’adopter un document d’orientation, une sorte de code de conduite qui permet de réguler la question que vous venez de poser. En plus, nous nous sommes dotés d’un règlement intérieur qui fait que tous les partis appartenant à cette coalition soient d’égale dignité. Puisque ce sont des partis jaloux de leur indépendance. De ce point de vue, nous n’avons pas cette crainte. Nous pensons simplement que ce qui est important, c’est de faire en sorte que le président de la République, au moment de prendre des décisions importantes de nomination, que cela ne soit pas basé sur le fait que nous appartenons à la même coalition. Mais plutôt sur la compétence. Je peux vous garantir que dans cette sous coalition, ce ne sont pas des compétences qui manquent. Maintenant, il faut reconnaître au président de la République la liberté de choisir les personnes avec qui il veut travailler.

Peut-on dire que cette coalition a été mise sur pied pour permettre à ses membres de bénéficier de promotion ou de participer à la gestion du pays?

Je préfère la deuxième partie de votre phrase. Bénéficier de promotion, ce n’est pas l’objectif de cette coalition. Si je vous donne mon propre exemple, le Jëf Jël a participé à tous les combats depuis toujours. Mais au moment où je vous parle, il n’y a aucun élément du parti qui est promu à un poste ou même mis dans une liste pour figurer dans une élection.

Cela vous dérange-t-il ?

Oui s’il faut dire la vérité. Les militants de notre parti s’en plaignent un peu, il faut le reconnaître. Lors du référendum, nous avons bataillé ferme pour faire comprendre à certains d’entre nous que le but, ce n’est pas seulement d’avoir des strapontins. Mais de travailler pour faire avancer le pays. Il reste que si les compétences sont là et que les gens ont participé à des combats, je pense qu’il est normal qu’on nous attribue des positions qui nous permettent de travailler.

En mettant sur pied cette coalition, pensez-vous que le Président Macky Sall vous associe davantage à la gestion du pays ?

Enfin oui !  Je ne vous le cache pas. Cela fait partie des objectifs de ce cadre. Nous comptons peser de tout notre poids sur les décisions que le président de la République serait amené à prendre. Mais comme je vous l’ai dit tantôt, l’important, ce n’est pas de prendre quelqu’un parce qu’il est dans la coalition. Mais parce qu’il est compétent. Je pense que nous avons une coalition qui pèse de son poids et doit être prise en compte dans les décisions qui concernent le grand groupe que constitue BBY.

Comment est-ce que ‘’Liberté Et Responsabilité’’  est structurée ?

Il y a deux mots importants en ce qui concerne notre coalition : la souplesse et le consensus. Je vous ai dit que le leadership était collectif. Il n’y a pas une hiérarchie ou quelqu’un qui est devant. Ce que nous comptons mettre sur pied, c’est une coalition où la présidence sera tournante à l’image de ce que nous avons eu, il y a quelques années, avec le Front siggil Sénégal. La souplesse et le consensus constituent les maîtres mots pour faire fonctionner notre coalition.

Quels sont vos objectifs ?

On a comme objectif principal de mutualiser nos expériences et expertises au service des stratégies de développement de notre pays. Le deuxième objectif, c’est de pouvoir peser sur les décisions politiques de la grande coalition BBY notamment dans la confection des listes. Nous allons vers des élections législatives. Nous sommes en train de former le Haut conseil des collectivités territoriales. Donc on ambitionne de nous investir non pas seulement pour chercher des postes, mais pour être déterminants dans la définition des stratégies électorales et concernant la répartition des moyens. Nous avons aussi comme objectif de faire appliquer le principe fondateur de BBY à savoir : gagner ensemble, gouverner ensemble. Un principe qu’on a appliqué jusqu’à un certain niveau mais il y a encore des efforts à faire.

Quelle est la valeur ajoutée que vous comptez apporter à la coalition BBY?

La valeur ajoutée, c’est d’abord les compétences qui composent cette structure. Quand vous regardez la liste des membres de cette coalition, vous verrez que ce ne sont pas des ressources humaines de qualité qui y manquent. Nous voulons montrer qu’il est possible d’avoir un leadership collectif dans lequel le ‘’moi’’ est éteint au profit du ‘’nous’’. Nous allons montrer qu’il est possible en politique de privilégier le ‘’nous’’ sur le ‘’moi’’. De ce point de vue, c’est un apport qualitatif important.

Lors du dernier séminaire de BBY, l’idée d’une suppression des sous-coalitions avait été annoncée. Qu’en pensez-vous ?

A mon avis, supprimer les sous coalitions peut poser un énorme problème d’organisation. Le président de la République est le chef de toute la coalition. Il a besoin, pour pouvoir travailler, d’avoir un nombre réduit de personnalités avec qui il peut traiter de certaines questions. S’il doit recevoir 150 structures pour discuter en dehors des assemblées générales, il sera difficile d’être efficace. Si l’ensemble des sous-coalitions s’organisent pour porter sa confiance sur deux ou trois personnes qui peuvent rencontrer le chef de l’Etat à l’occasion des grandes décisions, je pense que c’est un plus en termes d’efficacité. Mais si on supprime les sous-coalitions, on va aller dans un désordre.

Est-ce que cette kyrielle de pôles notés dans la coalition BBY ne risque pas de créer de la cacophonie ?

Il faut tout encadrer. La situation serait pire s’il n’y avait pas de sous-coalitions contrairement à ce que vous craignez. Il y aurait 150 personnes et chacun irait dans un sens. Ce n’est pas possible de gérer cela. On ne doit pas continuer à multiplier les sous-coalitions. C’est pourquoi la nôtre rassemble des partis qui n’ont jamais appartenu à une sous-coalition au départ. Mais également tous ceux qui ont quitté, pour une raison ou une autre, d’autres structures de BBY. Si les pôles devaient se multiplier à l’infini, il ne serait plus possible de travailler. Le problème est déjà réglé car tous ceux qui ne sont pas dans une sous-coalition sont dans la nôtre.

Mais pourquoi mettre sur pied cette coalition à quelques mois des prochaines législatives ?

Nous avons pris conscience de l’utilité ou de la nécessité de former cette sous-coalition depuis un moment. C’est suite à une audience que le président de la République nous avait accordée à la veille du référendum. C’était difficile. On a convoqué Benno Siggil Senegaal, le travail s’est fait facilement. Idem pour  Benno ak Tanor et les autres sous-coalitions. Mais il restait une multitude de partis. Certains n’étaient pas convoqués. Alors on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas continuer comme cela. Et que toutes les autres structures de BBY qui n’étaient pas affiliées devaient se regrouper pour faciliter l’organisation au président de la République. Ce n’est pas à la veille des législatives que nous l’avons fait car la décision avait été déjà prise. 

PAR HABIBATOU TRAORE

 

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