Publié le 29 Aug 2019 - 15:47
ABSENCE DE REACTIFS, LABORATOIRE FERME…

Hoggy sous perfusion 

 

Les malades de l’hôpital Général de Grand-Yoff (Hoggy) souffrent le martyre. En plus d’une absence de réactifs, le laboratoire est non fonctionnel, au point que les patients n’arrivent pas à y faire tous leurs examens.

 

L’hôpital Général de Grand-Yoff est sous perfusion. Il est atteint d’une maladie chronique et anémique causée par un manque de matériel de travail. Les patients ne sont pas bien pris en charge. Une situation qui handicape ces derniers, au point que le personnel dudit hôpital crie son ras-le-bol.

Selon le kinésithérapeute Cheikh Seck, par ailleurs délégué des travailleurs, qui tenaient hier une assemblée générale, la structure sanitaire est devenue un véritable mouroir. Au laboratoire, par exemple,  explique-t-il,  si un malade a 5 analyses à faire, il ne peut en faire que 2, parce qu’il n’y a pas de réactifs. Idem au niveau du bloc opératoire.

‘’Le scanner est resté deux mois sans fonctionner. Une situation qui a coûté très cher aux patients. Face à tous ces problèmes, nous avons demandé à la direction de l’hôpital de revoir l’orientation du budget alloué à la structure sanitaire. Parce que si c’est le même budget de 9 milliards de F Cfa, la part qui est allouée aux produits pharmaceutiques et aux réactifs qui devaient servir au laboratoire pour l’année écoulée, sur la base des états financiers, n’était que de 480 millions de F Cfa. L’on se demande la vrai vocation de cet hôpital’’, fustige M. Seck.

Car, pour le secrétaire général du Syndicat démocratique des travailleurs de la santé et du secteur social (Sdt3s), il est inadmissible qu’on ait un budget de 9 milliards et que seulement 480 millions de F Cfa soient réservés aux produits pharmaceutiques et aux réactifs. Il juge cela très grave et dangereux.

‘’Les responsables qui nous ont interdit de tenir l’assemblée générale à l’intérieur de l’hôpital, c’est eux-mêmes qui font leur arbitrage budgétaire. Ils orientent l’argent dans des zones qui n’ont aucune utilité pour la structure sanitaire. Ils organisent des voyages inutiles, meublent leurs bureaux et bazardent l’argent de gauche à droite, au moment où l’hôpital manque de tout’’, dénonce Cheikh Seck.  

Selon lui, beaucoup de personnes se sont octroyé des salaires faramineux, alors qu’elles n’ont aucune qualification. ‘’Elles se sont fait classer comme des cadres, alors que c’est le conseil d’administration qui devrait valider leurs dossiers. Chaque jour, c’est des recrutements politiques. Nous avons tous les documents sur les passations de marchés de gré à gré et des dépenses inutiles. Dans les jours à venir, nous allons tenir un point de presse pour mettre à nu toutes ces magouilles qui sont en train de se passer à l’intérieur de cet hôpital’’, fulmine le kinésithérapeute.

Nos tentatives de joindre la direction de l’hôpital sont restées vaines. Personne ne veut parler de cette affaire.

Gros bras

Le délégué des travailleurs souligne que les remous sont annuels, à l’hôpital Général de Grand-Yoff. C’est les mêmes pratiques, avec les mêmes personnes. Alors que la majeure partie d’entre eux ne sont même pas des agents de santé. Pis encore, soutient Cheikh Seck, ils ont licencié plus de 14 agents qui ont fait plus de 10 ans dans cet hôpital et ont recruté des gros bras pour leur interdire l’accès de l’hôpital.

‘’Les travailleurs ne sont plus en sécurité. Chaque jour, des malades se plaignent, parce que ces soi-disant vigiles leur manquent de respect. Nous avons écrit à plusieurs reprises au ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, pour le mettre au courant de ce qui se passe à l’hôpital de Grand-Yoff. Pas plus tard qu’hier, nous lui avons envoyé un courrier. Mais, jusqu’au présent, il n’a pas réagi’’.

Ainsi, le personnel lance un énième appel aux autorités, avant que l’irréparable se produise.

VIVIANE DIATTA

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