Le parquet requiert 15 et 20 ans de travaux forcés contre les présumés coupables

Abdou Khadre Dieylani Mané, Saliou Boye et Cheikh Tidiane Sow ont comparu, hier, devant la Chambre criminelle de Dakar, pour tentative d’assassinat. Toutefois, ils encourent des peines allant de 2 ans ferme à 20 ans de travaux forcés pour coups et blessures volontaires ayant entrainé une amputation, et non-assistance à une personne en danger. La victime, Abdoulaye Faye, réclame 500 millions de francs Cfa à titre de dommages et intérêts. Délibéré, le 16 janvier.
Dans cette affaire, Abdou Khadre Dieylani Mané, Saliou Boye et Cheikh Tidiane Sow ont été renvoyés devant la Chambre criminelle de Dakar pour tentative d’assassinat au préjudice d’Abdoulaye Faye. Ce, au regard de la gravité des nombreuses blessures relevées sur le corps de la victime. Pis, le pied gauche de cette dernière a même été sectionné avec un coupe-coupe. Lui occasionnant ainsi une incapacité temporaire de travail (Itt) d’une durée de 90 jours.
Mais, à la suite des débats d’audience, le parquetier Saliou Ngom a demandé la requalification des faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné une amputation. Pour cela, il a requis 20 et 15 ans de travaux forcés, respectivement contre Abdou Khadre Dieylani Mané et Saliou Boye. Egalement, il a sollicité 2 ans de prison à l’encontre de Cheikh Tidiane Sow pour non-assistance à une personne en danger. Le délibéré est attendu le16 janvier prochain.
Les faits remontent au 20 juin 2012. Les éléments de la gendarmerie de Keur Massar ont été informés d’une ‘’agression barbare’’ qui venait de se produire dans une école élémentaire de la localité. Dépêchés sur les lieux, les pandores ont trouvé Abdoulaye Faye gisant dans une mare de sang. ‘’Il était dans un état piteux’’. Sans perdre du temps, les sapeurs-pompiers l’ont acheminé à l’hôpital. Là, l’amputation de son pied gauche était indispensable pour sa survie. Le médecin a aussi établi que le patient a subi des sévices corporels. ‘’Tout son corps a été maltraité’’, a-t-il conclu dans le rapport médical.
Habitant dans la banlieue dakaroise, le plaignant a séjourné à trois reprises à la Maison d’arrêt de Rebeuss (Mar) pour diverses infractions. Réputé être un délinquant, il a même failli perdre son bras gauche lors de ses activités délictuelles. A sa sortie d’hôpital, le sieur Faye a fait face aux enquêteurs pour dérouler le film de son agression dans laquelle il a frôlé la mort. Des déclarations qu’il a confirmées, hier, devant le prétoire.
‘’Je m’étais battu avec Junior le matin. L’après-midi, alors que j’allais à la boutique, les accusés, bien armés, se sont dirigés vers moi pour me faire la fête. C’est Abdou Khadre Dieylani Mané qui a ouvert les hostilités. Il m’a asséné des coups de couteau à la tête, au cou et à la main’’, a expliqué la victime. Face à cette douleur, il s’écroula. ‘’Mané en a profité pour s’assoir sur moi afin de continuer à me torturer avec un coupe-coupe tout le long du corps, au moment où Saliou Boye m’assénait des coups à la jambe, aidé en cela par Cheikh Tidiane Sow. J’ai souffert, ce jour-là’’, a-t-il laissé entendre. Non sans faire savoir qu’’’Abdou Khadre et Junior n’ont aucun lien parental. Idem pour les autres accusés. Donc, je ne comprends pas pourquoi ils ont agi de la sorte avec moi en voulant venger Junior’’, pleure-t-il.
Règlement de comptes
A la barre, les inculpés ont contesté l’accusation. Placé sous mandat de dépôt depuis le 6 août 2012, Abdou Khadre Dieylani Mané a déclaré que l’altercation entre Abdoulaye Faye et Junior a eu lieu vers 20 h. ‘’Avec Cheikh Tidiane Sow, nous étions venus pour les séparer. Là, Junior a laissé tomber le couteau qu’il détenait par-devers lui et j’ai entendu Faye dire qu’il a été poignardé par son antagoniste, alors que les coups et blessures étaient réciproques. Saliou Boye n’a jamais voulu intervenir dans cette bagarre’’, a-t-il servi. Une version différente de celle qu’il avait fournie à l’enquête préliminaire. Car, le sieur Mané avait indiqué que c’est lui qui avait poignardé la victime pour faire plaisir à Junior. Puisque ce dernier aurait été savamment battu par le plaignant.
N’ayant pas commis d’avocat, le père de la victime, Ahmed Faye, a réclamé la somme de 500 millions de francs Cfa pour toute cause et préjudice confondus. ’’Lorsque j’ai reçu le coup de téléphone, j’ai cru que mon fils était déjà mort. Sur les lieux, je l’ai trouvé allongé, immobile’’, a-t-il soutenu. Avant d’avancer : ‘’J’ai tout fait pour lui. J’ai créé un projet avec un capital de 5 millions de francs Cfa, mais Abdoulaye ne veut pas suivre le droit chemin. Il est toujours mêlé dans des histoires. C’est lui qui doit prendre les devants pour sa réinsertion dans la société avant qu’il ne soit trop tard.’’
A leur tour, les conseils d’Abdou Khadre Dieylani Mané et de Saliou Boye ont demandé une application bienveillante de la loi. Tandis que l’avocat de Cheikh Tidiane Sow a sollicité l’acquittement au bénéfice du doute.
AWA FAYE