Publié le 24 Jun 2013 - 00:24
COMMENTAIRE

You, démissionnez !

 

Sans costume, ni cravate, délivrant entre deux morceaux des messages et réglant des comptes en passant. Il a sans doute des raisons de le faire, depuis tout le temps qu'on l'attaque sur ses capacités à diriger un département ministériel, souvent en dessous de la ceinture. En vérité, c'est bien dans cette posture de transpiration qu'il incarne son rôle ; celui bien noble d'un ambassadeur de la Culture. Cette casquette, nous semble-t-il, est bien plus valorisant que celle d'un ministre de la Culture. Car il faut bien connaître Youssou Ndour par parler de l'homme. Tous ceux qui ont travaillé en toute intimité avec lui savent que c'est un esprit vif et une intelligence souvent débordante, quelquefois piratée par l'inspiration artistique. Et contrairement à une image galvaudée que certains veulent bien véhiculer, il reste un bon manager.

Mais notre conviction profonde est qu'il n'est pas fait pour supporter le protocole d'Etat. En bon self made man, qui s'est fait à la sueur de son front, il n'a pas besoin de porter des habits de ministre ou même de Président, pour se réaliser pleinement. Sa noblesse est enracinée dans son art. ''Ne fuis pas ta destinée !'', a-t-on envie de lui dire. Une formidable destinée, forgée dans les premières années de sa vie, alors adolescent, se cachant pour chanter avant de sortir de l'ombre et bousculertoutesles barrières.

Et quand on parle d'honneurs et de tapis rouge, il faut bien comprendre que Youssou Ndour connaît bien cela depuis bien des années maintenant. Il a joué avec les plus grands artistes du monde dont Peter Gabriel, Paul Simon, Manu Dibango, pour ne citer que ceux-là. Plusieurs fois disque d'or, c'est lui qui compose en 1998, l'hymne pour la phase finale de la Coupe du monde de football. Qui peut oublier 7 Seconds, chanté avec Nene Chéry ? Son répertoire entre tradition et modernité est bien énorme et les pulsions qu'il nous donne ont beaucoup d'intérêt et de sens que ses apparitions à la télé, nous parlant de tourisme ou même de cul- ture. Car Youssou Ndour n'a même pas à nous parler de culture, il fabrique la culture. Cela nous semble plus noble que le titre, ''monsieur le ministre''... Pour toutes ces raisons, le seul bon cadeau que cet homme peut nous faire, c'est de nous revenir, en tant qu'artiste étincelant, loin des petites représentations qui veulent emprisonner la culture dans le carcan d'un Moyen-âge des temps modernes.Lesbons''lions''ne vieillis- sent pas en cage...

 

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