Publié le 24 Dec 2022 - 12:31
COMMENTAIRE

Le rapport, des abus et la suite 

 

La reddition des comptes est un des principes élémentaires de la démocratie. Sans elle, on ne peut aucunement parler de souveraineté du peuple. Mais à suivre les réseaux sociaux, la Une des journaux et les commentaires tous azimuts d’experts et de profanes, on a bien l’impression que c’est tout le budget national qui a été détourné et placé dans des paradis fiscaux. Or, c’est bien loin d’être le cas.

Le moindre centime de l’argent du contribuable dûment collecté par les Impôts ou les Douanes doit être justifié, lorsque l’Etat s’engage à les dépenser. Ce principe ne pose aucun problème en République. Mais, l’on commence à se poser des questions, lorsqu’on sort du cadre des investigations menées par la Cour des Comptes, pour évoquer des montants faramineux qui n’ont rien à voir avec la réalité. On a pu entendre 1 000 milliards détournés. Or, de 628 milliards, montant  total décaissé par le Trésor public, dans le cadre du Programme de Résilience économique et sociale (PRES), de la Covid 19, on se retrouve en termes de manquements constatés par la  Cour des Comptes, avec 6,6 milliards, soit 1,06% des montants réellement engagés, selon en tout cas les chiffres contenus dans le rapport. Et parfaitement vérifiables.

Dans le lot, le ministère du Développement communautaires, de l’équité sociale et territoriale piloté par Mansour Faye, celui du Développement industriel et des Petites et moyennes industries (Moustapha Diop) occupent des places de choix, avec respectivement 2,7 milliards de francs Cfa, essentiellement des surfacturations présumées sur le riz, et 2,5 milliards de francs Cfa et des retraits répétitifs sur le compte du Fonds d’appui à la promotion de la petite et moyenne industrie effectué par l’aide comptable.

La Cour des comptes de demander l’ouverture d’une information judiciaire pour ces ministères et bien d’autres pour des montants cumulés de 6,6 milliards. On peut citer ces ministères. Il s’agit de celui de la Culture et de la Communication, du ministère de la Femme, de la Famille du genre et de la protection des enfants, du ministère de la Jeunesse, de celui des Mines et de la Géologie, du Ministère du Commerce et des petites et moyennes entreprises. Le ministère la Santé et l’Action sociale qui était au cœur du dispositif Covid s’en tire curieusement à très bon compte avec seulement 45 millions de francs de préjudice, pour non production de  pièces justificatives de dépenses.

Tout ceci pour dire que, même si nébuleuse et dysfonctionnements, il y a eu, ils n’atteignent point les proportions qu’on leur donne. Et ils occultent bien les efforts de notre pays dans la gestion de la pandémie qui fait que, même impacté, le Sénégal a pu éviter la récession économique. Le contexte actuel est propice à toutes les manipulations, du fait des enjeux politiques énormes liés à la présidentielle 2024. Cette situation particulière doit  davantage inviter à la prudence, surtout pour ceux qui manipulent la matière Information.

Cela veut aussi dire que les efforts doivent se prolonger dans la procédure judiciaire, en donnant suite aux recommandations de la Cour des Comptes, au lieu de l’attaquer au bas de la ceinture. Nul ne saurait être parfait.

 

Section: