Publié le 19 Dec 2023 - 05:09
Les Comptes de Almamy Bocar LA CHRONIQUE DU VÉTÉRAN

Poker menteur

 

Le temps du massacre

La route vers les élections présidentielles de 2024 commence à esquisser les contours d’une campagne réservant plus d’imprévus que de surprises. Une semaine presque bouclée depuis l’ouverture pour le dépôt des parrainages au greffe du Conseil constitutionnel, après celui de la caution de 30 000 000 F CFA à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), la bousculade observée lors des retraits des fiches de parrainages a disparu.

Il n’y a, encore, aucun dossier consigné au greffe du Conseil constitutionnel, comme si la smala des mandataires des candidats à la Présidentielle attendait le dernier rush final…

Néanmoins, certains échos entendus çà et là et des observations faites ici et ailleurs laissent apparaître que la partie dévolue à la quête de signatures citoyennes est apparue plus ardue, complexe et difficile que ne le laissent croire les apparences. Ainsi, on pourrait assister, au final, au dépôt de moins d’une trentaine de candidatures avec peut-être, in fine, une sélection définitive de moins d’une dizaine de candidats pour la compétition officielle.

D’ores et déjà, il est à relever que de gros malins comme Youssou Ndour, Mamadou Ibra Kane, Mame Boye Diao, Amsatou Sow Sidibé et autres paraissent opter pour la posture des alliances et ralliements au profit de candidats de gros calibre comme celui de Benno Bokk Yaakaar, du PDS ou de Taxawu Sénégal en mettant un bémol à leurs ambitions présidentielles.

D’autres comme eux vont bientôt tomber le masque et s’inscrire dans cette dynamique des alliances et ralliements, le meilleur rempart pour obtenir un strapontin ministériel en cas de victoire du champion choisi.

Dans le passé, ce stratagème a profité à des ténors politiques ou de la société civile comme Moustapha Niasse, Tanor Dieng, Djibo Leïty Ka, Amath Dansokho, Landing Savané et Abdoulaye Bathily, Abdou Latif Coulibaly, Youssouf Sakho, Éva Marie Coll Seck.

Il n’y a pas de doute donc, que cela pourra resservir à des gens comme Habib Sy, Malick Gakou, Aïda Mbodj, Mary Tew Niane et pourquoi pas à Aly Ngouille ou Boun Abdallah Dionne. Car il vaut mieux garder ses millions ou (ses milliards) ne pas perdre son énergie et son temps dans une campagne électorale où sans appareil et relais sociaux bien implantés sur le terrain, une candidature ne peut être que symbolique ou de témoignage.

Le tout étant de savoir dans quelle coalition ou quelle alliance se faire une place de choix comme directeur de campagne ou conseiller spécial du leader ? Aller avec Idy ou Amadou Ba ou alors choisir entre Karim Wade et Khalifa Sall ? Ou se ranger derrière Mamadou Lamine Diallo, Ousmane Sonko ou Abdoul Mbaye, Déthié Fall, Abdourahmane Diouf ?

Le dilemme n’étant pas de faire le bon choix contre le mauvais, mais plutôt de bien savoir miser sur le cheval gagnant final et non pas sur celui qui ne sera que le second servant de faire-valoir au vainqueur final au terme du second tour.

La partie de poker n’en est, donc, qu’à ses débuts et la saison des boules puantes comme le disait François Fillon, ancien Premier ministre français, ne fait que commencer avec des accusations du type des diamants de Me Moussa Diop à la recherche d’une pirouette pour sortir de la honte d’une candidature rejetée pour défaut de parrainage insuffisant.

Les petits mystères de la Présidentielle (5)

Les  dernières opérations de révision et d’inscription sur les listes électorales ont porté à près de 7 300 000 le nombre d’inscrits sur le fichier électoral. Les données et observations faites sur le taux de participation aux élections présidentielles au Sénégal depuis près d’un demi-siècle, laissent apparaitre un taux de participation tournant en moyenne entre 55 et 60 % des inscrits sur le fichier. Car, dans notre pays, le taux de participation à la Présidentielle est toujours plus élevé que lors des élections législatives ou locales.

En s’autorisant une projection, on peut, donc, croire que pour sortir vainqueur au premier tour de la Présidentielle du 25 février prochain, le gagnant devra collecter entre 2 000 000 et 2 500 000 voix afin d’éviter la stressante conjoncture d’un second tour.

À noter que Macky Sall, dernier vainqueur d’une élection au premier tour en 2019 sur un fichier estampillé alors à un peu moins de 6 500 000 inscrits, avait recueilli plus de 2 400 000 voix, soit plus de 58 % des votants.

Alors, dites-moi dans le cas d’une élection aussi ouverte que celle à venir, quel est le leader de l’écurie politique capable de faire mieux ou autant que Macky Sall en 2019 ?

Idrissa Seck de Rewmi arrivant deuxième lors de ce scrutin avec un peu plus de 20 % des voix plafonnés aux alentours de 900 000 électeurs juste sous la barre du million. Ousmane Sonko sorti troisième avec 15 % des votants tournant aux alentours de 700 000 voix, faisait beaucoup mieux que les figures emblématiques de la gauche comme Landing Savané et Abdoulaye Bathily quand ils étaient candidats en 1993, qui n’avaient pu atteindre la barre des 200 000 voix.

Si celui qui devrait être le cinquième président du Sénégal après Macky Sall doit être connu après le scrutin du 25 février 2024, il devra avoir une coalition au premier tour et être capable de nouer des alliances au second tour pour ne pas être esseulé comme Abdou Diouf en 2000 et Abdoulaye Wade en 2012 et être, ainsi, éjecté du pouvoir.

Abdoulaye Bamba DIALLO

 

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