Publié le 13 Mar 2013 - 22:39
EDITO DE MAMOUDOU WANE

Les nouveaux esclaves !

‘’Le véritable progrès démocratique n’est pas d’abaisser l’élite au niveau de la foule, mais d’élever la foule vers l’élite’’, Gustave Le Bon

 

Puisque le débat sur la mendicité au Sénégal refuse de s’effacer de la place, battons encore le fer pendant qu’il est chaud. Avant que le catalyseur qui a imposé le sujet, à savoir la tragédie des neufs (9) morts de la Médina ne connaisse le même destin que ‘’Le Joola’’, se faisant enterrer de sa belle mort, dans le grand cimetière de l’oubli.

 

Les questions sont basiques : comment un pays peut-il espérer se développer lorsqu’il a une bonne partie de ses enfants dans la rue ? Et comment donc la culture de la mendicité a-t-elle pu s’imposer comme valeur fondamentale au point d’ailleurs que ceux qui pensent différemment n’osent plus émettre de jugement contradictoire, de peur d’être classés dans le Guiness des ‘’top mécréants’’ ? Comment se fait-il donc que tout le monde a envie de plaire à ces esclavagistes des temps modernes, qui torturent les enfants à longueur de carrefours, feux rouges et autres zones de supplice ? Le terrorisme va jusqu'à la tyrannie qui consiste dans l’obligation de ne point mal voir dans ces pratiques. Honni soit donc qui mal y pense !

 

Pourtant les signes ne trompent guère. Il faut juste observer le regard de ces pauvres enfants, au bout du petit matin, dans les rues des villes de ce pays, pour se rendre compte de l’ampleur de la violence exercée sur de ces ‘’bouts de bois de Dieu’’. Il ne s’agit même pas d’une violence pédagogique. Qui a bien lu L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, un chef d’œuvre chef d’œuvre de la littérature africaine post indépendance, comprend bien qu’on est loin de l’éthique de performance d’un Thierno. ‘’Ce jour-là, Thierno l’avait encore battu… Pourtant Samba Diallo savait son verset…Simplement sa langue lui avait fourché…’’. Si l’énigmatique Samba Diallo faisait tous les matins, le tour des concessions de son village, c’était dans le cadre d’un apprentissage à l’humilité. Et encore qu’il y avait de la tendresse dans cette éducation à la dure. L’épine et la fleur ! Comme chez les Japonais. La belle silhouette, altière de la Grande royale, vient rappeler l’autre face de cette éducation rigoriste. Ce n’est plus l’apprentissage à la souffrance, le dressage de la mémoire et la convocation de forces surhumaines pour apprendre par cœur un texte aussi profond et aussi doux que le Coran. Bien au contraire, on est en face de quelque chose de plutôt vil, qui s’appelle ‘’esclavage’’. Du business froid. On exerce une violence brute sur des enfants pour du profit. Les gants, on les range dans la poubelle.

 

Une sociologue très en vue qui a fait une enquête sur la mendicité expliquait récemment que des parents des ‘’taalibé’’ bénéficiaient eux-mêmes, avec les ‘’gourous’’, des fruits de ce business honteux. On verse a certains leur part< Qui donc devrait bien être shocking dans cette histoire ? Ceux-là qui transforment des gamins en marchandises ou ceux qui dénoncent la pratique ?

 

Mais bien malheureusement, depuis quelques temps, les forces ‘’moyennageuses’’ ont fini par prendre ce pays en otage. Présentes un peu partout, dans les confréries, à leur périphérie, dans l’Etat, les médias, les Organisations non gouvernementales, elles nous dictent la cadence de notre pouls. Ces forces imposent une sorte de terrorisme social qui veut qu’on ferme les yeux sur la mendicité dans nos villes, alors même qu’on sait que le commerce transcende nos frontières si étriquées. Et qu’il sagit de trafic< Qui donc pour parler de ces questions-là ? Et d’autres questions qui dérangent ? Cherchez dans une botte de foin…Nos élites ont démissionné depuis fort longtemps. Elles ne veulent plus s’attirer les foudres du sénégalais lambda. Tout le monde veut, politiquement et…socialement être correct que personne n’ose naviguer à contre-courant.

 

Que se passe-t-il donc dans un pays lorsque personne ne veut naviguer à contre-courant ? C’est bien l’affaissement de la culture. Le maquillage intégral. Et les forces féodales reprennent du poil de la bête. Même les puissances occidentales comme la France et les Etats-Unis, totalement ignorantes de ce qu’est réellement l’islam et ses forces marginales, se perdent dans des conjectures. Oubliant que l’islam, pour ceux qui le connaissent réellement, n’a jamais été une religion de l’immobilisme, de la répétition et de l’enfermement. Bien au contraire, elle est une formidable machine, puissance historiaue et poetique, qui a voulu chercher le savoir jusquen Chine< Ce sont bien les forces obscures obscures qui veulent le contrôler qui l’ont caricaturé à outrance au point de totalement le dénaturer. Et c'est bien regrettable.

 

 

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