Publié le 15 Aug 2013 - 03:00
ESCROQUERIE PORTANT SUR PRÈS DE 350 MILLIONS

La CBEAO introduit un recours pour ne pas débourser  340 millions

 

Victimes d’une escroquerie portant sur près de 350 millions, le ressortissant allemand Dirk Alexander Strauss et le Sénégalais Makhary Diakhaté devront prendre leur mal en patience avant de pouvoir rentrer dans leurs fonds.

Après la condamnation de son ex-agent Mody Sy à trois ans de prison ferme pour blanchiment de capitaux, de faux et usage de faux en écriture privée de banque et d’association de malfaiteurs, la CBAO a été déclarée civilement responsable. A cet effet, la CBAO a été condamnée à payer la somme de 340 millions de francs Cfa aux parties civiles. Dirk Alexander Strauss et Makhary Diakhaté ont obtenu gain de cause, mais  ils sont loin de voir la couleur de l'argent. Car, la banque a introduit un recours devant la Cour d’appel pour protester contre son installation dans la cause. En attendant que la Cour d’appel tranche le débat, la CBAO a introduit une procédure de défense à exécution provisoire. La procédure vise à surseoir à l’exécution de la décision, le temps que la Cour examine son appel.

Hier, l’avocat de la banque a défendu sa requête, arguant que les actes commis par l’ancien directeur de l’agence CBAO de Blaise Diagne, Mody Sy, sont détachables de ses fonctions. ‘’Ni la banque, ni lui, n’ont déterminé la remise et ce n’est pas parce qu’il exerçait de hautes fonctions qu’il a permis la réalisation de l’infraction, car on n’a pas besoin d’être chef d’agence pour donner le compte bancaire de quelqu’un’’, a avancé Me Boubacar Wade. Et de poursuivre : ‘’il s’y ajoute que le propriétaire du compte était consentant. Non seulement Alexandre a été imprudent, mais il s’agit d’une opération extra bancaire’’.

Des arguments battus en brèche par les conseils des plaignants. Me Emmanuel Padonou a expliqué que son client Makhary Diakhaté n’a jamais été consentant pour que l’argent envoyé par Alexandre aux escrocs nigérians transite par son compte. ‘’Sans l’intervention de Mody Sy, les escrocs nigérians n’auraient pas récupéré un centime. Sa responsabilité et celle de la banque sont indiscutables’’, a-t-il martelé. Me Aly Sarr  a abondé dans le même sens pour dire l’acte commis par l’ex-banquier n’est pas détachable de sa fonction. Donc, il a demandé à la Cour d’ordonner la continuité des poursuites. Les juges départageront les parties le 27 août prochain.

À l'origine, un mail...

Ce bras de fer judiciaire est parti d’un mail reçu par l’allemand Strauss. Dans ledit mail, il y était joint la photo d’une jeune fille assise aux côtés d’un prêtre, présentée comme une orpheline d’un Somalien tué par les chébab. Toujours dans le message, Emmanuel Ugwunna Mejeh et Evaristus Ndubusi Osuji faisaient croire à l’Allemand que la fille avait hérité de son défunt père la somme de 65 000 000 dollars à Londres. Pour appâter leur victime, les expéditeurs ont laissé entendre que la fameuse orpheline est réfugiée présentement au Sénégal et cherchait des personnes altruistes pour entrer en possession de cet héritage. Pis, même des faux documents comprenant un passeport sénégalais, un acte de décès et un jugement d’hérédité avaient été confectionnés par les deux faussaires et joints au mail. Sensible au sort de la prétendue orpheline, Strauss se rendit à Londres où les complices de la bande lui ont montré une mallette pleine d’argent. Ses bourreaux lui offrirent 100 dollars, tout en lui promettant une commission en plus de 15 % de l’argent qu’on lui a présenté. Ayant mordu à l’hameçon, il a commencé à envoyer de l’argent dès son retour. C’est là que Mody Sy est entré dans la danse, puisqu’il a permis aux deux Nigérians d’utiliser le compte de certains clients de la CBAO pour y déposer l’argent envoyé par l’Allemand, avant de le retirer par la suite.

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